"Voici les fantômes !", me signale la sonnette de la porte ! Oui, comme chaque année je suis solicité ce soir-là par les petites sorcières ou les petits fantômes en pleine croissance qui viennent demander un petit présent. Moi, je pensais au lieu qu'ils m'en auraient apporté ? Mais je connais maintenant cette tradition et je joue le jeu, façon de m'intégrer. Je suis un immigré. Alors, tout à l'heure, j'avais prévu le coup et acheté quelques tablettes de chocolat. Et en contrepartie, comme d'habitude, j'ai demandé la permission de faire une photo. Demain il y a école et il se fait tard ! Pour le moment, j'ai vu trois groupes de fantômes. Je ne sais pas si cette tradition d'importation s'est développée chez nous aussi ? Peut-être en ville ? Je ne sais pas. En France je suis de la campagne et notre premier voisin est à 500 mètres ! Mais en Lettonie je vis malheureusement en ville...
Je dis "malheureusement" par rapport à ma façon de penser globale, à ma philosophie. Je ne souffre pas outre-mesure de cette captivité et puis qu'importe, je ne suis pas là pour mon petit confort personnel, mais pour un grand projet qui me porte, me faisant oublier tous ces détails de la vie quotidienne. Ceux qui n'ont pas suivi mon cheminement ces derniers temps et qui me redécouvrent avec quelques années de recul, doivent se demander si je n'ai pas pêté un plomb ! "Lui qui dit ça ? Ce n'est pas possible !". Mais non, je n'ai pas changé et je suis toujours un farouche opposant à la concentration, à l'élevage industriel ! Il n'engendre que risques conflictuels (hythérie collective, stress, paniques, picage, cannibalisme...etc.), sanitaires (H5N1, langue bleue, tuberculose, cholera, peste, coccidiose etc.), viande molle, anémiée et sans anticorps...
Mais que font nos technocrates et nos décideurs ? Exactement le contraire ! On confine l'Homme dans des grands ensembles et on refuse des permis de construire dans des petits villages de 150 habitants qui en comptaient 360 un siècle auparavant. A croire que la désertification n'est pas une fatalité mais qu'elle a bien été programmée ???
Lorsque les villes ont été inventées, c'était dans le but de se protéger des dangers venants de l'extérieur. Mais maintenant, les dangers ne viennent-ils pas de l'intérieur ? Mais comme tout a été formaté ainsi, on ne se pose plus les vrais questions ou bien on évite de se les poser. Comme des robots préfabriqués dans des moules démodés, on continue sur le même schéma, on reporte le problème qui ne fait que s'amplifier... jusqu'à ce qu'il explose. (il vaudrait mieux qu'il implose...) Arrêtons ce délire, réintroduisons peu à peu l'Homme dans la Nature ! Il est capable de vivre en harmonie avec elle. Sinon, complètement déphasé il n'en sera que le prédateur. Et alors qu'adviendra-t-il de notre planète ?
Au fait je ne parlais pas du "Fantôme de la croissance" mais de "Fantômes en croissance", je suis en Lettonie et non en France ! Ici tout est différent, par exemple demain c'est Toussaint, mais on bosse, ce n'est pas férié.
"Hou, Hou, Hou, Y-a-t-il des fantômes ici ? Ha non, je reconnais la puanteur des boucs !" semble dire notre jument Duna, hésitant à franchir le pas de la porte de sa nouvelle résidence d'été. Elle va la tester durant quelques jours, jusqu'à ce que le froid arrive pour de bon. Alors elle ira passer ses vacances d'hiver à Kraukli, en single privé, loin de la cohue des grands haras. Elle aime la nature et vit en harmonie avec elle. "S'il n'y avait pas la pollution des boucs, ce serait le paradis !" conclut-elle
Une dernière info ! Vendredi 2, donc après demain et jusqu'au 10 au soir, je serais absent de Lettonie pour une nouvelle Aventure encore "top secret" mais que je te raconterais très bientôt. Le seul problème c'est que je risque de ne pas avoir accès à Internet régulièrement. Je n'en sais rien, mais je préfère te prévenir. Depuis le début de mon journal jamais je n'aurai vécu "Une aussi longue absence"...