Anita est née il y a une soixantaine d’années dans cette maison de bois du Latgale, la région “la plus pauvre” de Lettonie, à quelques km de la Russie “trop proche”. Encore enfant, suivant ses parents, elle quitta son pays, fuyant le régime soviétique vers les mines des charbons de France. Depuis ce temps, elle devint une vraie Française. Mais ses racines, ondes indestructibles n’avaient pas quitté Rugaji, son petit village natal du Latgale, au fin fond de la Lettonie sauvage, plus près des hordes de loups que de la civilisation occidentale.
Il y a peu de temps, elle fut informée que la redistribution des terres de la fin de l’ère soviétique lui restituait un lopin de terre ayant appartenu à ses ancêtres. Cette annonce imprévue va bouleverser sa vie alors qu’elle est déjà grand-mère et proche de la retraite. “Et si à la retraite je revenais chez moi, là où sont restées mes racines ?”. Et c’est durant cette période de réflexion importante pour son avenir que je fis sa connaissance. Plusieurs fois elle est venue à Grasi, plusieurs fois elle m’a invité à venir voir son projet à Rugaji.
Aujourd’hui, invités avec Gilles et Camille, nous sommes allés à sa rencontre près de la frontière russe, là où s’arrête la piste chaotique, au milieu des forêts du Latgale qui ont conservé ses racines intactes: elle est bien de là, elle y est née... Elle s’est provisoirement installée dans la laiterie construite par sa famille, une vieille maison de bois au confort relativement sobre en attendant que sa nouvelle maison soit reconstruite, une maison en bois achetée “d’occasion”. Une voiture immatriculée dans la Mayenne au fin fond de la forêt lettone, c’est quand même étrange bien que nous soyons toujours en Europe…
Camille, dis-moi, que penses-tu des moustiques lettons ? Oh oui, je veux une moustiquaire comme celle d’Anita !
Et avec la passion qui l’anime, Anita va nous faire découvrir son rêve en cours de réalisation… Ma maison sera une maison ouverte, j’ai été accueillie en France, je suis de nouveau accueillie en Lettonie, un immigré est redevable toute sa vie, je veux que ma maison soit un lieu ouvert, un lieu de partage, de réflexion philosophique et pourquoi pas spirituelle, la nature aidant.
Et elle nous présenta aussi son puits rénové sans lequel la vie ne serait pas envisageable en ce lieu magique. Un puits à l’eau ferrugineuse, pas de souci, c’est normal en Lettonie, ce n’est pas de la pollution humaine, c’est naturel !
Anita est-elle une force de la nature franco-lettone ? Un exemple ? Pourquoi pas ? Courageuse ? Pas forcément… Revenir là où sont ses racines, est-ce du courage ? pas sûr. Mais j’ai beaucoup d’admiration pour son Aventure hors des sentiers battus…