J'aime bien écrire, c'est la seule façon que la nature m'ait donné de m'exprimer car je suis si maladroit avec la parole ! (mais suis-je plus adroit avec l'écriture ?). J'ai peu à peu pris conscience de cela lorsque j'ai commencé à regarder hors des frontières de ma ferme. J'avais plein d'idées, j'ai toujours été intéressé par l'évolution de notre société (civilisation ?), j'ai toujours essayé de porter un regard extérieur sur chaque évènement et le replacer dans un contexte global. C'est ainsi que la prospective vint à moi lors de formations bien ciblées que j’ai eu la chance de pouvoir suivre. J'ai cultivé cette passion un peu secrètement, comment exprimer ses idées lorsqu'on est un petit paysan ? J'ai bien essayé de différentes manières, mais à chaque fois je me suis rendu compte que je n'avais aucun talent d'orateur, ni de meneur d'hommes, ni de politicien, ni de diplômes pour cautionner... Mon succès aurait pu s'arrêter aux brèves de comptoir, mais vivant dans la nature, je n'ai jamais fréquenté les débits de boissons. Devais-je rester frustré, résigné à tourner en rond sur ma ferme ? Ce n'est pas mon tempérament. La vie est une fantastique Aventure !
Alors, vers 1990, alors que bouillonnais en moi des révoltes créatives que j'arrivais tant bien que mal à contenir, il se passa un déclic qui devait me donner la force de franchir un nouveau pas: la mort accidentelle d'un ami très proche. Lors de ses obsèques, je pris conscience que la vie était fragile, rapide, que les seuls obstacles qui m'empêchaient de m'exprimer étaient bien ridicules et que l’écriture pourrait m'aider. Une voie s'était ouverte, plus rien ne m'arrêterait, je dirais désormais ce qui me passe par la tête, même maladroitement parce que je ne suis ni écrivain ni journaliste; Quitte à être incompris, je le dirai quand même avec l’avantage de ne déranger personne. Peu à peu, parce que j'ai un cerf-volant, je veux dire un cerveau lent, j’essaierai de traduire ma façon de penser en la restituant peu à peu par l'écriture.
Mon seul moyen d'expression devint l'écriture et je crois qu'il convient bien à ma personnalité discrète mais attentive. Ceux qui me connaissent savent bien que je suis plus souvent en position d'écoute que de prise de parole : j'enregistre. Au début j'écrivais sur papier, c’était très long et puis, trente ans sans écrire, mon français m’avait presque abandonné (nous sommes nous retrouvés ? je ne sais pas…). Mes premiers textes étaient très courts. Des amis de la presse s'y intéressèrent et la plupart furent publiés sur les journaux locaux. Ce n’était pas régulier : lorsque j’avais une idée précise, je la griffonnais et la retravaillais jusqu’à ce que je la jugeais présentable (démarche impossible à faire oralement). A ce moment là je la faxais à l’un ou l’autre et souvent le lendemain elle était publiée. Je me prenais au jeu mais très vite j'ai eu peur. C'était lors d’une de ces interminables campagnes électorales où la démagogie, revers de la médaille de la démocratie, battait son plein. J'ai eu peur que mes lecteurs confondent mes intentions qui sont plus du domaine de la réflexion et de la projection à long terme que toute autre proposition alléchante, électoralement porteuse. Alors me vint une nouvelle idée : Et si je publiais mes idées d’une façon plus proche de mon caractère, sous forme de contes, de fables, de rimes, de poèmes, avec de l’humour même… ? Ainsi je prenais encore une nouvelle voie qui me permettait de m’exprimer encore plus librement.
Ce modeste ouvrage toujours à l'affiche dans les réseaux commerciaux d'Internet, hormis quelques exemplaires que je possède encore, est désormais introuvable... Pour cause expliquée ci-dessous.
Plus tard, en 2002-2003, encouragé par une amie, vint l’idée d’un livre. Et si je rassemblais quelques écrits et que je les publiais en recueil ? Ainsi naquit mon premier ouvrage : « Contes, Comtes et Comptes Gascons », un plaidoyer pour la réintroduction de l’Homme dans la Nature. On peut évaluer l’édition à 1000 exemplaires dont environ 500 que j’ai distribué moi-même. Je dis « évaluer » parce que l’éditeur « Editoo.com » plia boutique et je ne perçus pas un Lats de la toute petite part qui devait me revenir. Ou bien, deuxième hypothèse qui me paraît plus logique : cette publication a permis à Editoo.com de faire fortune et ils sont allés passer le reste de leurs jours sur une île lointaine avec des faux passeports biométriques qu’ils ont pu se procurer facilement à Riga pour une somme modique. Ils se dorent sans doute la pilule, allongés sur un confortable matelas de milliards qui m’étaient dus.
Puis la vie m’amena en Lettonie. Le 24 mars 2005, j’entamais ce journal qui ne s’est jamais arrêté depuis. Des milliers de pages et peut-être 10 000 photos. Et parmi tous ces écrits, certains ont été remarqués par une amie-écrivain-lectrice qui entreprit de faire elle-même le triage et la correction (la pauvre, elle a du mérite…) des textes qu'elle jugeait dignes d’être publiés par son éditeur. L’affaire est en cours, manque un sponsoring de 3500€….
Parmi ces textes, celui de "la Dame Blanche de Graši" prend rapidement le pas et fera l’objet d’une publication en plusieurs langues. Mais comme la fortune ne sourit qu’aux audacieux sauf à nous ou bien en cas de devenir riche, autant l’auteur que les traducteurs, correcteurs et l’éditeur faisons dons de la part qui devrait nous revenir à la "Fondation du village d’enfants de Graši". Ainsi nous aurons tous la conscience tranquille ! On n’aura pas gagné d’argent donc on ne sera pas imposable ! Non, je voulais dire, les bénéfices de ce livre profiteront à plus malheureux que nous.
Ensuite viendra le temps de publier d’autres passages de mon journal en français et j’espère en letton aussi, j’y tiens. Car beaucoup de Lettones sont révoltées de voir la Lettonie, et particulièrement Riga, présentée par les médias occidentaux comme un lieu de débauche. C’est exactement comme si le bois de Boulogne ou les lupanars de Pigalle représentaient la France. La Lettonie ce n’est pas du tout ça. La Lettonie, je la décris souvent, à ma façon humoristique peut-être, mais sans doute plus réelle que cette réalité que nous propose « l’information ». J’ai envie de présenter ma vision de leur pays aux Lettones des forêts, elles seront rassurées.
Il y a aussi le roman que j’ai commencé… Mais suis-je fait pour écrire des histoires trop longues ? J’ai tout en tête mais pas la patience de l’écrire, c’est trop long. Ecrire des nouvelles me convient bien. Donc la partie déjà écrite pourrait trouver un dénouement plus rapidement que prévu.
Et Puis…. Depuis deux jours je ne rêve que de fantôme depuis qu’un de mes proches m’a confié un lourd secret… Sa rencontre à plusieurs reprises avec un fantôme… Il faut écrire cette nouvelle, c’est trop important pour la laisser ignorée du grand public ! Vais-je me spécialiser dans les histoires à dormir debout ou bien dans la prospective ? Non, je suis un touche à tout* et puis la vie n'est-elle pas un puzzle que nous essayons d'assembler en permanence ? Celui qui a trouvé sa case a bien de la chance, moi, je cherche toujours...
*Personnage hors normes bannit par la spécialisation qui créa la dépendance…