Ce matin, Cesvaine se réveillait doucement, comme un samedi ordinaire d'un printemps qui prend plaisir à se faire désirer...Seul les sabots du cheval de Babouchka troublaient à cet instant le calme habituel de Raina iela (rue Rainis, célèbre écrivain, poète et homme politique letton 1865-1929). Christelle, enthousiaste, était sur le pied de guerre de bonne heure, prête à étudier de plus près ce milieu étrange qu'elle découvrait avec grand intérêt. Installée depuis août dernier dans les faubourgs forestiers de Riga, cette éminente spécialiste nantaise des phénomènes paranormaux, a choisi de passer une année en Lettonie pour en savoir plus sur ce pays mystérieux, loin des sentiers battus et qui pourtant recèle des cas d'école dans sa spécialité. Elle eut écho de l'histoire intrigante de la Dame Blanche de Grasi, elle voulait en savoir plus. Par je ne sais quel courant de pensée, peut-être informatique ? elle me contacta à ce sujet. Par le plus heureux des hasards je m'intéresse moi-même à cette question et je me faisais donc un plaisir de l'inviter pour un week end en immersion totale dans les forêts de la Lettonie profonde où seules les cigognes retrouvent leur chemin sans se perdre. Et en relisant le rapport que j'avais réalisé en août 2005 sur ce sujet, tu vas vite comprendre qu'il n'y a pas que "dans les prisons de Nantes la digue dondaine" qu'il se passe des belles histoires d'amour inachevées.(l'histoire de la Dame Blanche de Grasi, en bas de la colonne de droite du blog)
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Christelle fut donc l'invitée du village d'enfants ce week end "On se sent de suite intégrée comme si on faisait partie de la famille depuis toujours" m'avoua-t-elle avec émotion. Ce lieu est attirant, c'est vrai, j'en sais quelque chose. Elle passa la nuit à papoter chez les filles puis le matin, bien décidée à démarrer son enquête, elle voulut visiter le château du barons Vulfs dont je parlais justement dimanche dernier, le fameux château dont s'enorgueillit Cesvaine. Pourquoi en ai-je parlé juste 8 jours avant ? Comme si, dans cette enquête, des phénomènes impalpables orchestraient mon inconscient en guidant mes doigts sur le clavier pour en extirper mes rêves prémonitoires ?
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Arrivée dans la cour intérieure du château, elle demanda: "Pourrait-on le visiter ?" Je lui répondis qu'à cette heure matinale il était bien improbable de trouver le guide. Je n'avais pas fini ma phrase que la porte principale s'ouvrit et Karlis apparut une brosse métallique à la main. "Voulez-vous visiter l'intérieur ?" nous proposa-t-il. Etonnant non ? Et avec la passion qui le caractérise, nous fûmes introduits des sous-sols qui d'après Christelle, ressemblaient étrangement "aux prisons de Nantes la digue dondaine", jusqu'à la fameuse tour principale où mon inspiration m'attirait depuis bien longtemps. Mais quel est le mobile qui pourrait rapprocher l'histoire de la Dame Blanche de Grasi qui débuta en novembre 1808 et ce château du barons Vulfs construit quelques 80 ans plus tard ?
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Ces 80 ans seraient-ce l'âge de Hanss (avec 2 s en letton) l'architecte de Vulfs qui réalisa ce chef d'oeuvre qui fait la fierté de la Lettonie ? Mais non, pas à cet âge en Lettonie ? le mobile ne tient pas. Ce château a été lui même construit à la place des ruines d'un précédent ayant probablement appartenu à la même famille. Et si, la Dame Blanche qui devait se marier avec le barons Hans Kahlen de Grasi était une aïeule de la famille Vulfa ? Une grand-tante du barons Vulfs qui fit ériger ce monument ? Christelle par ses questions insistantes semblait attirée vers cette version des faits. La Dame Blanche de Grasi ferait donc partie de la famille Vulfa qui vivait dans le précédent château ? Mais un doute subsiste quand même dans cette affirmation un peu prématurée, c'est le prénom qui est typiquement letton : "Liva" dont l'origine prend sa source dans l'essence même de cette région qui se nommait "Livonie" et qui devait devenir Lettonie en 1918. Or, ces barons baltes qui régnaient en seigneurs sur le pays entier étaient d'origine germanique et il semblerait improbable que leur descendance put porter un prénom de leurs gens. Où alors rien n'empêche la théorie selon laquelle Liva pourrait être une demi-sang de la lignée et que sa mère fut Lettone ? Les livres d'histoire qui n'ont retenu que la vie trépidante des châteaux au lieu de la vraie vie qui se passait dans le peuple, recèlent de nombreuses anecdotes de la sorte... Cendrillon par exemple...(revoir mon film culte: "Elle voit des nains partout")
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Karlis qui n'était pas au courant de l'enquête de Christelle (dont je suis le seul à avoir été informé) répondait patiemment à toutes les interrogations de la spécialiste. Plusieurs fois, intarrisable, il demanda: "Avez vous du temps ? Alors continuons la visite !" Par moment cette visite prenait des airs d'enquêtes du commissaire Bourel "Bon sang mais c'est bien sûr !" Alors qu'à mon avis il restait trop d'incertitudes pour se prononcer ainsi. Mais je transposais l'ambiance que je vivais durant cette visite aux nombreuses suppositions qui ont inventé la préhistoire; des certitudes remises en cause à chaque nouvelle découverte.
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Karlis se prêtait au jeu et nous pûmes ainsi plus d'une heure durant, pénétrer chaque pièce et en découvrir ses secrets, jusqu'au moment où, enfin arrivés au balcon de la grande tour, pendant le dialogue ininterrompu de mes deux compagnons, observant avec détachement ce qui m'entourait, un émoi me saisit tout entier et je restais sidéré par la pensée qui traversait mon esprit : Et si ? Mais non, j'affabule... Et si Christelle ? Non... Et si c'était elle ? Si c'était Liva ? Elle a le même âge... Non, elle n'est même pas Lettone. Avec son béret, on ne peut pas confondre ! Elle ne porte pas non plus cette robe blanche vaporeuse à longue traine, en dentelle de lin de Livonie qui caractérise les apparitions précédentes sous le grand chêne de l'angle de la forêt de la colline de l'ours ?