Je vis en Lettonie depuis 3 ans et je n'ai pas passé une année sans y venir depuis juillet 1999. Je commence donc à connaître "un peu" ce pays qui n'a cessé de m'enthousiasmer. Il a su conserver des valeurs que j'estime incontournables pour réadapter notre société insouciante à certaines exigences qu'elle n'a pas respecté.
Mais tout n'est pas rose en Lettonie...et j'essaie au jour le jour d'être vrai avec mes impressions. Pourtant, depuis le début, il y a des choses dont j'ai du mal à parler, mais j'y viens, j'ose enfin... Hier, j'ai fait allusion à l'alcoolisme qui est aussi une réalité que je côtoie chaque jour. Une réalité bien présente dans le quotidien des villages comme des villes. Si j'hésite tant à aborder ce sujet, c'est par respect pour ce peuple. Je peux, sans hésitation, penser et dire que cette désespérance n'est pas de sa faute. Il a subit. Mais j'ai aussi beaucoup de mal à imaginer comment se débarrasser de ce fléau bien enraciné et bien entretenu par une ambiance "qui fait vivre du monde": industrie de l'alcool et emplois générés, taxes pour l'état, sponsorisassions, publicité incontournable. L'alcool est partout.
Avant hier, comme à d'autres nombreuses occasions, j'ai du arrêter ma voiture au milieu de la rue. Un homme ivre était là, chancelant, hébété, le regard déshumanisé. Il fallut attendre qu'il se dirigea maladroitement vers le trottoir où l'attendait une bande "d'amis" bouteilles à la main et dans le même état... Scène habituelle pour les enfants... D'autres scènes ? un enfant de 7 ou 8 ans aidant son père à tenir debout dans la foule sans que personne n'y prête attention... Une famille passe dans la rue: la maman avec une poussette et 2 jeunes enfants de 5 ou 6 ans et le papa qui suit quelques mètres plus loin en titubant... Une belle Lettone aidant son compagnon complètement saoul à avancer vers le comptoir pour commander une autre consommation. Un voisin que je n'ai jamais vu "clair" est quelques fois couché au bord de la route. Il attend de "décuver" un peu. Une autre fois, j'étais avec un Français en voiture quand tout à coup il s'écria: "Un homme mort dans le fossé !". Vite nous allons le voir. Il dormait dans son vomi. Nous repartons, voyant qu'il ne risquait rien. Cinquante mètres plus loin... un autre ! Nous nous arrêtons aussi pour vérifier qu'il respire... Un autre exemple: J'ai assisté aux obsèques d'un homme alcoolique mort accidentellement, toute la famille était ivre y compris les amis qui portaient maladroitement le cercueil qui faillit se renverser à plusieurs reprises. Je te fais grâce des détails lorsqu'ils s'approchèrent un peu trop de la tombe, en titubant... On ne peut pas rire de ces choses là... Et pour finir, le long des pistes et des routes, le jour comme la nuit, toute l'année, des hommes à qui il est difficile de donner un âge...30 à 50 ?...avançant difficilement. A la fonte des neiges, il existe une tradition de nettoyage des lieux publics :"le nettoyage de printemps". Les fossés des routes comme les pistes sont jonchés de bouteilles vides...............etc...etc.
Encore des exemples des séquelles du collectivisme ??? Et malheureusement, il n'y a pas qu'en Lettonie...
Je terminerais en rendant hommage aux femmes lettones qui sont courageuses...Et aussi bien entendu aux Lettons qui ne boivent pas et heureusement ils sont majoritaires. Il y aussi ceux qui se battent tous les jours pour sortir les enfants de cet engrenage ! Et j'ai une pensée particulière pour le Village d'Enfants de Grasi qui, vivant dans cet univers, arrive à combattre ce fléau et prépare les jeunes à entrer dans la vie active libérés et pleins d'énergie ! Mais cela demande une vigilance permanente, c'est la clé de la réussite.
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