Un petit bonjour à notre Président !

Christophe est actuellement très occupé en France. Alors nous aurons une petite pensée pour lui.

Cher Président Kristofs. Ici tout va bien si ce n'est le temps. On a repris les tenues d'hiver, il pleut, il fait froid. On hésite à rallumer les cheminées car il vaut mieux garder le bois pour l'hiver prochain (qui ne tardera pas........). Sinon, le chantier du toit de la ferme avance entre les averses, encore quelques jours de travail et nous pourrons commencer à ranger nos machines à l'abri. Le grillage a été livré mais pas les poteaux, on attend. Demain je prends une journée de congé pour aller voir mes amis Inta et Austris à Straupe près de Cèsis. Il y a tellement longtemps qu'ils m'attendent... il ne reste plus que quelques enfants à Grasi, Ils te saluent bien...

Et au fait, j'oubliais... Aleks en décapant la peinture pourrie de l'ancien magasin d'Omite Mara (la femme de Hans, l'homme qui a vu apparaître la Dame Blanche le 8 novembre 1958 sous le vieux chêne qui fait l'angle de la forêt de la colline de l'ours) a découvert de l'art soviétique discrètement caché... Une colombe blanche. Symbole de la liberté espérée ?

Le voilà, le bon vieux chêne qui fait l'angle de la forêt de la colline de l'ours. C'est sur la branche de droite que Hans, le mari de Mara, dit avoir vu Liva Ozola, la dame Blanche sur une balançoire. Il raconta tout à Ivars, le pasteur luthérien de l'époque.

Hans raconta tout à Ivars, tout. « Je suis monté par le chemin de Dukati et me dirigeais vers cette lumière étrange qui, après s’être déplacée dans la forêt, stationnait en vacillant un peu de temps en temps juste à la lisière de la grande prairie, à environ 100 m au-dessus de la porcherie. J’étais comme hypnotisé et avançais sans m’en rendre compte. Les loups hurlaient, les chiens aussi. J’entendais les cloches sonner de partout, mais je n’avais même pas peur, j’y allais droit et pourtant il faisait absolument noir. Seule cette lumière dans la forêt me montrait le chemin et cette voix qui continuait inlassablement de m’appeler… Arrivé à une dizaine de mètres du grand chêne qui fait l’angle de la forêt, là, je vis enfin la Dame Blanche.

Elle tournait autour de l’arbre, lentement, mais sans marcher, comme si elle volait près du sol. Elle était toute éclairée, enfin, je ne sais pas… elle était lumineuse, oui c’est ça, elle était elle-même lumineuse, mais pas éblouissante, non, une lumière plutôt blanche, floue mais agréable, reposante. Oui, reposante. Elle avait une grande robe avec une traîne de plusieurs mètres qui ne s’accrochait même pas aux broussailles, mais cela ne m’inquiétait pas. Une robe blanche en dentelle très belle. Je n’en ai jamais vu de si belle. Ses cheveux bruns étaient recouverts d’un long voile qui se fondait dans la traîne, de la même dentelle que la robe. Dans sa main droite elle tenait un petit bouquet de fleurs blanches. Elle ne me regardait pas et continuait d’appeler : « Hans, mon amour, es-tu là? Es-tu revenu? » Je m’approchais un peu plus, juste à deux mètres d’elle, mais elle ne me regardait toujours pas. Et lorsqu’une nouvelle fois elle appela, je répondis : « Je suis là! » A ce moment, elle arrêta son manège autour de l’arbre et se retourna vers moi et comme si elle glissait sur des patins à glace, vint s’asseoir sur une balançoire accrochée à l'une des énormes branches du vieux chêne. Elle me regarda un instant. Je ne savais pas si je devais sourire ou pas…mais je restais tout de même ébloui par sa beauté, la beauté de sa jeunesse, ses traits si fins… son regard apaisant. C’est sûr, c’était une Lettone! Elle s’adressa à moi tout en se balançant gracieusement, mais pas très haut, juste un mètre ou deux: « Mon brave ! N’aurais-tu pas aperçu Hans le Baron de Graši, n’est-il pas revenu au château de son père ou à la chapelle? ». « Je ne comprends pas, je suis Hans, il n’y a pas d’autre Hans à Graši, ni même à des lieues à la ronde. », « Hans est mon futur époux. Il m’a dit : ma mie, je dois absolument partir dans l’immédiat, ma patrie est en danger. Je te promets de revenir au plutôt et nous nous marierons… » Alors je l’attends ici, sous ce chêne où nous nous donnions rendez-vous chaque fois qu’il revenait à Graši. Sous ce chêne où nous nous sommes tant aimés et avons fait ensemble tant de projets. ».

Je questionnais : « Mais quand votre Hans est-il parti? Quelle guerre? Il n’y a plus de guerre maintenant. ». « Je ne sais plus, il y a si longtemps…Je l’attendais à l’intérieur de la petite chapelle de Graši, il allait entrer au son des carillons et des harpes qui commençaient à jouer. Notre mariage allait commencer. Mais je le vis tout à coup entrer en courant, affolé, en me disant qu’il venait de recevoir une dépêche du général des armées et qu’il me promettait de revenir très vite…Et depuis, je l’attends… »

A part ça, à la ferme, tout va bien. Les céréales poussent bien avec cette pluie qui n'en finit pas. Cela ne dérange pas les animaux qui paissent paisiblement la bonne herbe bio de nos terres fertiles. Il faut voir le coté positif des choses. Voilà les principales nouvelles pour aujourd'hui.