A quelques 200 mètres du manoir de Grasi, au bord de la piste du lac de la Karjera, il existe encore les ruines de la chapelle du hameau ainsi que le cimetière des barons baltes (noblesse allemande) qui s'y succédèrent durant 900 ans. On dit que c'est dans cette chapelle que la dame blanche devait épouser Hans le 8 novembre 1808. Alors que la cérémonie du mariage était déjà entamée, un cavalier dépêché par le chef des armées allemandes en Livonie arriva de Riga avec une missive adressée à Hans Kalhen de Grasi, le futur marié. Haut gradé de cette armée, il dut sur le champ quitter sa famille, ses amis et sa promise Liva sans attendre la fin de la cérémonie pour rejoindre son armée qui partait en guerre sur le front prussien. On ne le revit jamais.
Sans doute morte de chagrin, Liva, devenue la dame blanche de Grasi, réapparait depuis ce temps à intervalle régulier espérant retrouver son amour disparu. Elle porte toujours la robe de son mariage inachevé. D'après ce qu'on dit, ses retours se passent dans la forêt de l'ours, sous le grand chêne qui fait angle. C'est là qu'ils avaient pour habitude de se donner rendez-vous.
A plusieurs reprises, aujourd'hui encore, j'ai essayé de voir sur les stelles encore dressées dans le petit cimetière abandonné si je trouvais un nom correspondant, mais impossible de déchiffrer. Peut-être en les nettoyant mais de plus les écrits gothiques sont en vieil allemand, peut-être aussi en latin mais trop usés par le temps, dommage. il parait qu'on ne trouve plus trace des kahlen qui avaient été renvoyés en Allemagne en 1920, juste deux ans après la constitution de la première République de Lettonie. Au manoir il existe quelques photos et aussi les armoiries de cette famille dont Liva ne fit jamais partie...
Ce soir, Maris notre éducateur-artiste vint au bureau apporter deux de ses dernières oeuvres. L'une est incontestablement une copie d'une statue ornant ces belles demeures "Art nouveau" de Riga, mais l'autre, la brune ? Il n'a pas su me dire d'où lui vint l'inspiration. Etrange, non ?