Depuis que je vis à Grasi je connais quand même pas mal de Lettons, je veux dire de Lettones, des forêts mais aussi des cités. La plupart de mes connaissances sont de très belles jeunes filles ! On pourrait croire que j'ai choisi cette ambiance féminine, ce serait humain ! Même pas, c'est bien plus simple que ça; On va dire que les choses se sont passées le plus naturellement du monde car les hommes lettons sont inexistants ! J'en ai largement parlé dans mon journal de dimanche dernier, jour de Pâques, jour des cloches ! Où que tu ailles en Lettonie, dans un bureau, une admnistration, une entreprise, une boutique, une école...etc, à 90% tu auras à faire à une femme, en général très belle et surtout très efficace et enthousiaste (je dis bien, en général). Pourquoi sont-elles efficaces ? parce qu'elles ont cultivé leur intelligence sur les bancs des écoles. Oui, à partir du lycée une sélection naturelle va progessivement éliminer une grande partie des garçons qui vont suivre d'autres voies et les profs (des femmes aussi !) vont essentiellement se retrouver devant un public féminin. Cela, je l'avais remarqué même avant de connaître Grasi car je suis venu chaque année en Lettonie depuis 1999 et je connais Grasi depuis 2003. Mais en y vivant on voit bien mieux les détails, alors qu'en touriste c'est un peu trop superficiel.
Mon amie Kristine a été la première prof de français à Madona. Mais trois ans après, comme la plupart des rares profs de français en Lettonie, l'Europe l'a embauchée comme traductrice. Après un stage linguistique de plusieurs années en France, de retour en Lettonie elle proposa ses services au lycée MVG qui saisit l'occasion d'introduire notre langue dans ses programmes. Merci à Vanda, la charmante directrice pour cette heureuse initiative qui perdure malgré le manque de prof et le dépannage que nous assurons tant bien que mal avec Astra, Mircea et moi-même très ponctuellement, depuis le départ de Kristine ! Le problème se pose de nouveau pour la rentrée 2008. En lettonie l'Europe nous pique toutes les profs ! Et si on va se plaindre au Centre Culturel Français de Riga, ils nous disent: "Déjà que nous n'en trouvons pas pour Riga, alors imaginez pour Madona !" Il y a quelques jours j'en ai encore parlé à Monsieur Leprêtre, nouveau directeur du Centre Culturel qui doit étudier le problème: "Effectivement, je constate que Madona réagit bien aux projets de la francophonie !" m'a-t-il dit. J'ose espérer que notre supplication sera entendue et prendra une forme prioritaire, septembre sera vite là ! L'ambiance francophone, très rare en Lettonie, est déjà créée à Madona, il faut l'entretenir et les jeunes filles sont demandeuses ! S'il y a tant d'enthousiasme pour cette langue dans cette région nous le devons aussi et peut-être avant tout, trêve de modestie, au rayonnement francophone développé par Grasi depuis 1992. Mais Kristine et Grasi ne sont pas les seuls vecteurs de la francophonie dans la région de Madona (j'hésitais: Grasi masculin ou féminin ? j'ai mis masculin pour sauver l'honneur. Du féminin on en est envahi ici ! Je ne me plains pas, au contraire, mais il faut quand même montrer que le masculin a une petite place, du moins dans la francophilie des Lettones...). Il ne faut pas oublier la commune de Coulaine, près du Mans dans la Sarthe qui est jumelée avec la ville de Madona depuis fort longtemps ! Un petit coucou en passant au Comité de jumelage de Coulaine avec qui le village d'enfants entretien des relations on ne peut mieux et c'est peut dire !
Et nous en arrivons à petits pas à ma rencontre avec ce public féminin. Lorsque je suis arrivé à Grasi avec mon obsession d'intégration et sans soupçonner une telle féminité du pays, j'ai proposé plusieurs fois à Kristine ma disponibilité pour venir assister aux cours de temps en temps. Elle n'osait pas, croyant que cela me dérangerait. Alors j'ai du insister: "Mais si, tu verras, les jeunes seront heureux de voir un vrai Français en chair et en os !". Elle céda un jour de printemps 2005 alors que j'étais au milieu des champs attendant Arturs avec son bulldozer. Tout à coup mon portable sonna: "Bonjour, c'est Kristine ! j'ai repensé à ta proposition et si tu veux bien, dans une heure j'ai un cours et on pourrait leur faire la surprise ? Tu leur parleras de la France et aussi de tes projets à Grasi" Une invitation "à la lettone" que j'acceptais immédiatement, le temps de montrer le chantier à Arturs, de courir à la douche et me mettre les beaux habits du dimanche. Tout se déroula comme je l'espérais et même mieux ! Je me suis retrouvé pour la première fois de ma (modeste) carrière d'enseignant devant un public 99% féminin, d'un enthousiasme inimaginable pour un prof français et d'une beauté...! Du moins je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir un tel public dans mon pays ! Ce fut une belle récompense pour mon souci d'intégration ! J'y suis revenu de temps à autre, chaque année, j'y suis revenu ces temps-ci encore. Comme le blog, c'est un très bon stimulant contre la déprime hivernale !
Depuis ce temps, les plus grandes sont maintenant dans des Ecoles Supérieures ou à l'Université à Riga, Berlin, Londres et quelques unes en France, Bordeaux ou même dans le Gers (Tiens et pourquoi dans le Gers ?). Il m'arrive de temps en temps de communiquer avec certaines surtout pour des besoins précis: Aider pour des mémoires par exemple, relire des traductions pour celles qui ont choisi de continuer le français et si j'ai moi-même besoin de traduction ("La dame blanche de Grasi" qui est pourtant un texte relativement long a été traduit en letton par Zane !).
Hier soir, j'ai rencontré une de mes anciennes élèves au supermarché de Madona, elle avait envie de discuter. Elle est à Riga à l'université de langue française et c'est très agréable pour moi de pouvoir engager une conversation avec une personne de culture différente en se comprennant bien, ce qui est généralement le plus difficile. Je lui ai proposé de prendre un verre et nous avons discuté une bonne heure au bar du coin devant un teja (tisane lettone) pour elle et un jus d'orange pour moi. Je tenais à me justifier auprès de ma famille qui pourrait penser: "Lui ? dans un bar ? Jamais il n'est allé dans un bar en France, il se dévergonde sans nous au milieu de toutes ces filles ?". Je vais (quelques fois) dans les bars depuis qu'on n'y fume plus et vu le climat letton...
Et la conversation tourna autour de l'apprentissage de cette langue qui devient de plus en plus aisée pour elle au fur et à mesure que la grammaire livre ses secrets. Et des secrets elle en a plein ! Dans les cours, en permanence il faut justifier pourquoi comme çi et pas comme ça, ce n'est pas logique... Le français c'est trop dur... etc. Mais à l'université tout devient plus facile et on peut même engager des discutions pertinentes et philosopher, ce qui était interdit au temps soviétique: "Imagine, si les camarades s'étaient mis à réfléchir en plus ?". Et on en vint à la comparaison entre nos deux cultures et nos comportements sociaux. J'aurai du prendre un crayon et un papier, que dis-je, un cahier, pour marquer tous les défauts des Français !!! Mais aussi quelques qualités , Ouffff !
Que dois-je en déduire ? Quelle conclusion synthétique de cette réunion devant ce jus d'orange ? Que les hommes Lettons étant minoritaires, les femmes ont tous les pouvoirs sur eux et que malgré leur incivilité et impolitesse à leur égard elles les préfèrent aux Français parce qu'ils obéissent au doigt et à l'oeil alors que nous, pauvres latins, nous essayons en permanence de nous dérober en enrôbant les choses de nuance, de finesse, de politesse et de plus de respect pour la femme (ce dernier point ayant quand même été cité parmi les positifs ! Ouf !). Nos sourires seraient-ils donc empreints de mensonges ? Les Français ne disent jamais les choses en face, ils y vont de manière dérobée, subjective, il faut les connaître pour deviner ce qu'ils veulent dire. Un exemple ? A la question: Ne pourrions nous pas aller au cinéma ce soir ? Le Français qui ne veut pas, répondra: Je vais voir, je ne sais pas si je n'ai pas quelque chose de prévu ce soir et justement je n'ai pas mon agenda sous les yeux...Tandis que le Letton quand il doit dire non, il dit NON ! Un coup sec et un point c'est tout. Au moins on comprend tout de suite ! Dit-il oui quelques fois, je n'ai pas eu la réponse ? Bref, les Français ne sont pas francs et leurs sourires sont inutiles parce que trop artificiels ! Sauf les miens, bien entendu, qui sont acceptés par les Lettones de Madona (par les Lettons je ne sais pas ?) car je suis une exception, je vis parmi elles ! Ouf quelle chance ! Mais rassure-toi, c'était une ambiance très amusée et dans le fond, les jeunes Lettones rêvent des jeunes Français... C'est-y pas beau l'Europe ?
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