Le mois de novembre a toujours été une période triste, on est fatigué, inquiet, mal dans sa peau, on a du mal à relativiser, on manque de lumière. Ce n'est pas nouveau. L'entrée de l'hiver a toujours été une période difficile à vivre, c'est naturel, inné. Peut-être la peur ancestrale du froid, du manque de nourriture durant les périodes hivernales de l'homme des cavernes ou plus proches, des périodes misèrables (malheureusement cela existe encore dans beaucoup de pays...)? Et cette angoisse s'est peu à peu inscrite dans nos gènes au même titre que l'emplacement du nez ou des oreilles ?
Si la fête des morts a été fixée à cette date, ce n'est pas par hasard et ce ne sont pas nos "religions modernes" qui ont institué cette date. Bien avant l'ère chrétienne, le paganisme par exemple, réservait (réserve ?) ce mois de novembre au culte des morts. J'avais pris plein de notes à ce sujet en interviewant des Lettons qui savent, mais je ne retrouve plus mon cahier ! Peut-être est-il resté sur mon bureau... en France ? Je m'intéresse beaucoup à la vie des Lettons et à leur culture parce que je trouve qu'ils ont des savoirs très intéressants sur la Nature. Des savoirs qui nous manquent, que nous avons oublié, renié pendant ces derniers siècles, même nous les paysans. Sans aborder le paganisme que je ne connais pas et ce n'est pas du tout le sujet que j'aborde, je trouve certains aspects de leur culture comme une réponse à tous ces graves problèmes que commencent enfin à nous dévoiler les médias et certains politiques sous la pression de ceux qui savent.
Notre société insouciante ne serait-elle pas entrain de scier la branche sur laquelle elle s'était installée ? Et scier une branche n'est-ce pas irréversible ? Certains bien-pensants répondent: "Les générations précédentes ont eu des problèmes du passé à résoudre, nous en avons, les suivantes en auront d'autres". Mais là, je me demande jusqu'à quel point cette logique reste valable. Ce matin je regardais la carte de la pollution de Tchernobyl. Des immensités s'étendant au delà de la frontière de l'Ukraine, les voisins Bielorusses en ayant pris autant, sont interdites à l'Homme. Pour combien de temps ? des millénaires ? Donc les dégats engendrés par notre génération auront des impacts complètement différents de ceux des générations précédentes. Des dégats irréversibles, un défi juste pour se faire croire que l'Homme est supérieur à la Nature ? Quel intérêt ? Et des Tchernobyls en puissance, avec exactement les mêmes risques, il y en a plein la planète... Et nos enfants dans tout ça ? Que dit l'UNICEF à propos des enfants de Tchernobyl ?
Pourquoi ai-je pris des notes sur les savoirs ancestaux qui rythment encore la vie de beaucoup de Lettons ? Parce qu'à un certain moment, j'avais envie d'écrire un roman qui se passerait en Lettonie et il m'intéressait de caser cette histoire dans le contexte de cette vie paysanne vivant en harmonie avec la Nature. L'idée, je l'ai toujours, mais je ne veux pas me lancer dans de telles aventures car je me connais. J'ai d'autres engagements pour le moment et quand j'écris, je vis ce que j'écris, jour et nuit. Et le reste risque d'en souffrir... Alors je m'abstiens. Attendons la retraite... C'est en principe ce que je répond en sachant pertinemment que là où m'entraînent mes projets, il parait improbable d'avoir du temps libre pour n'avoir à penser qu'à la prochaine page de mon bouquin... On verra bien... pour le moment, je blague en bloguant.
Donc comment vaincre ce fatalisme envahissant du mois de novembre ? En prenant du recul sur les évènements et en se disant qu'après tout, rien n'incite à une inquiètude plus grande qu'aux autres périodes de l'année et qu'il faut continuer à être joyeux en faisant son travail. Que le chauffage au bois nous permet de passer confortablement l'hiver dans la caverne. Que le frigo est plein. Prudence toutefois avec la gazinère...
Ps: Il me restait un morceau de Roquefort Bio dans le congélateur...Excellent !