Suite à la demande unanime de 2 lecteurs, je me sens dans l’obligation de poursuivre ce récit qui me tient à cœur. Je manquais de courage pour m’y atteler, grâce à cette stimulation intempestive je sens venir l’inspiration pour achever mon œuvre.
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Résumé des épisodes précédents : 50% de mes racines sont italiennes et un beau jour d’été 1997 avec ma descendance et mon épouse, nous revenions sur ces terres où une partie de « notre âme » nous attendait. Nous visitions le village de Bagnarola et pénétrions dans la maison où vécurent mes grands parents, où naquirent ma mère et ses sœurs avant de fuir la misère de cette époque révolue. C’était en 1932…
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Pour relire les épisodes précédents retrouvez les adresses sur une page d’hier (Dzintra). Mais elles ne sont valables que pour aujourd’hui ou demain matin seulement… En effet, c’est demain que je tente de transvaser mes vieux écrits de UBLOG vers TYPE PAD, ce journal actuel. Que va-t-il se passer ? J’en suis un peu inquiet. Si j’ai bien compris, il n’est pas du tout certain que les photos suivent… Si c’est le cas, comme j’ai tout gardé sur CD, je trouverai bien un site accessible à tous où stocker l’intégralité. Il y a tellement de photos (plus de 8000 !), tellement de souvenirs à faire partager…
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Je suis dans l’unique pièce commune de la maison, la cuisine… Bien qu’en regardant les photos prises ce jour là où l’on ne constate « en réalité » que toiles d’araignées, planches pourries et poussière, il me semble pénétrer dans un lieu vivant, un lieu habité, un chez moi, « une chaleur humaine » que je ressens bien, que je connais bien depuis mon enfance. Mais de quelle réalité est-ce que je parle ? Effectivement, il se passe à ce moment là un phénomène étrange dans ma petite cervelle primitive inféodée par le matérialisme mais restant tout de même aux aguets de tous signes intérieurs de richesse. Mon cœur tout à coup s’accélère. Je ressens des présences familières, revois en quelques fractions de secondes des scènes de la vie quotidienne, d’une vie qu’il me semble avoir vécu. Phénomène étrange ? Serait-ce du à mon récent passage à la cantina (cave) ? Inquiétant ? Non, au contraire, je me sens dans un état second très agréable, indéfinissable... Des scènes de la vie quotidienne de cette humble famille qui est la mienne, défilent devant moi. Je ne te les décris pas, elles sont banales. « Mais tu délires ? Ce n’est même pas ta génération, tu n’es jamais venu ici ? » me ramène à la raison ma conscience ! Mais quelle « raison » ? Sont-ce des ondes intemporelles portées par ma lignée que je capte à cet instant ? Dans ce lieu même ? Ce qui pourrait expliquer l’existence même des fantômes ? (Rassure-toi maman, je vais bien. Je m’amuse un peu…) Probablement s’agit-il de toutes ces histoires dont ma jeunesse a été bercée ? Une Italie que je connaissais sans la connaître. La Nona toute de noir vêtue avec son fichu sur la tête, assise au coin du feu sur la petite chaise de paille entrain de préparer la polenta, les photos des oncles morts à la guerre accrochées au mur, la maison ensoleillée par les cris des enfants, le village et sa grande place animée, l’école des Sœurs, le jardin à la terre noire où tout poussait à merveille, le canal aux anguilles, le clocher-tour que je reconnaissais sans les avoir jamais vus, du moins dans cette vie...
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Basta, revenons à « notre réalité », à Bagnarola précisément. En visitant ensuite le jardin au milieu de champs de maïs de 3 mètres de haut, notre ami le propriétaire de la maison nous questionna sur notre séjour. « Un camping à Caorle sur la plage de l’Adriatique ? Comment ça ? Allez immédiatement récupérer votre tente et venez ici a casa nostra ! Nous avons une maison aménagée en gîte. Elle est disponible pour vous ! Bienvenus, vous êtes nos invités !». Dans la soirée, nous nous installions donc dans cette petite maison à un Km du village. Cool ! Avec en prime l’amitié de cette famille qui nous ravitaillait en légumes frais du jardin et bien entendu en bon vin de la cantina ! Alora, nous restâmes ainsi les 10 jours prévus, ce qui nous permit de visiter les environs et même de pousser jusqu’à Venise, à une petite heure de là et à l’opposé, frôler la frontière Slovène à Trieste. Nous allions aussi à Padoue voir Saint Antoine. Nous a-t-il aidé à retrouver nos racines ?
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Nous rentrions en France avec regret mais aussi avec une bonne motivation: Suite à l’invitation de notre ami, nous avions désormais un pied à terre chez nous, à Bagnarola. Mais, quelques mois plus tard, nous apprenions son décès… Plouf, tout tombait de nouveau à l’eau…
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Quelques années plus tard, notre fille aînée, qui avait d’ailleurs fêté ses 18 ans là-bas, choisissait d’y revenir avec son mari pour leur voyage de noce. Ils furent accueillis avec le même enthousiasme. C’est sûr, elle y amènera ses enfants lorsqu’ils seront en âge de comprendre tout cela. Depuis, nous n’y sommes pas revenus. Ah si ! J’oubliais ma marraine, la sœur de ma mère qui est née là bas aussi, y est revenue ces temps ci pour la première fois avec son mari...Lors de notre séjour en Italie, nous avions rencontré plusieurs personnes qui avaient émigrées, elles ou leurs parents, et qui étaient revenues s’installer au pays… Moi, j'y suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ce manque qui m'opprimait depuis mon enfance. J'y ai retrouvé un des éléments de mon puzzle qui me faisait défaut. Est-ce suffisant ? Je suis prêt à y repartir ! Je m’y sens un peu chez moi, comme d’ailleurs à la Motte de Galaure dans Drôme où sont encore présents les autres éléments de ce puzzle.
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Voilà pour la petite histoire racontée à ma façon. L’histoire de cette partie de mes racines devenues bien françaises puisque mes grands-parents italiens sont pour toujours auprès de leur fils dans la paix, au petit cimetière de Garac près de Toulouse en France. Mais qui sait ? Peut-être leurs ondes positives vont-elles quelques fois en vacances à Bagnarola se reposer sur le banc de bois, à l’ombre de la grande treille ? Peut-être viennent-elles me voir jusqu’en Lettonie et peut-être sont-elles là en ce moment pour m’aider à finir ce paragraphe ? « Certamente! saremo sempre con te! », « Molte grazie! »
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Alora, je voudrai dire simplement (mais est-ce si simple ?) aux jeunes des pays provisoirement déshérités, que fuir les problèmes est peut-être une solution, mais seulement à court terme, car on ne peut tout emporter. Un morceau de vous-même restera toujours là, à vous attendre. Il vous manquera toute votre vie et même durant plusieurs générations. Si les problèmes qui vous poussent à fuir sont purement matériels, il existe probablement d’autres solutions : Réunissez-vous, Stimulez vos esprits d’initiative ! Réfléchissez ensemble comment imaginer l’avenir de votre région en fonction de son potentiel. Chaque région à son propre potentiel de développement durable. Projetez-vous alors dans le futur avec tous vos atouts. Quels sont, quels seront les besoins futurs de la société qui vous entoure ? Comment pourriez-vous y répondre et valoriser ainsi votre potentiel ? Une fois définis les objectifs, mettez vous ensemble en marche en suivant votre cap, même si quelques fois le sentier vous paraît sinueux, tenez bon ! les soucis qui vous poussaient à fuir s’estomperont peu à peu et vous trouverez un jour votre équilibre. Vous serez fiers de vous ! Fiers d’avoir participé activement au développement de votre « Chez Nous » ! Ce sera votre Paradis et celui de vos enfants !
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Rivedere all’Italia !