Lorsqu’on est paysan du Gers ou d’ailleurs, du cru, du terrrrrroir et que l’on se retrouve dans un pays étranger, est-il facile de se faire accepter dans le milieu paysan local ? Eh bien, si on laisse faire le temps, si on ne se prend pas pour le nombril du monde comme les Français en ont la fâcheuse réputation, on peut y arriver ! J’y suis enfin arrivé !!!
Après avoir longtemps flirté avec le ministère, l’université, les écoles ou chambres d’agriculture, je suis enfin dans mon élément, je fais désormais partie des paysans bios lettons et par la même occasion j’y ai entraîné la ferme pédagogique du Village d’Enfants de Graši…
Ce rêve s’est réalisé hier… Il aura simplement fallu un concours de circonstances pour que je me retrouve devant une assemblée de paysans bios venus de toute la Lettonie et qu’on m’ait donné la parole durant 5 heures ! J’ai été invité lors d’une des réunions mensuelles à venir parler librement de mon parcours de paysan étranger étrange qui m’a amené de ma petite ferme des coteaux du Gers jusque au pays des Lettones des forêts.
Il n’y pas de hasard dis-je, je me suis laissé entraîné là où se trouvent les savoir-faire et savoir-être en harmonie avec la nature. La bio s’en inspire, l’agriculture dite conventionnelle, otage du puissant lobbying du marché prometteur du cancer, devrait aussi s’en inspirer avant qu’il ne soit trop tard pour notre civilisation…
C’est Zane la belle petite Lettone des forêts qui avait combiné tout cela. Elle me connait depuis longtemps, depuis le jour où la timide élève de français de Madona vint me voir après le cours en me demandant si je ne pourrais pas lui trouver une université ou une école supérieure en France pour étudier la gestion et protection de la nature. Et elle fit son BTS à IASC de Masseube dans le Gers, puis continua à Caen, Lyon pour en arriver maintenant au master en attendant de devenir ministre de l’environnement ou de l’agriculture de Lettonie.
Donc, hier à 11h, dans la Maison de la Culture de Salaspils, banlieue de Riga, je débutais mon intervention avec Zane comme interprète. Loin d’être un monologue, j’ai été agréablement surpris par les questions qui fusaient sur la bio française et sur ma vision de l’avenir (optimiste) de la Lettonie en général et de la bio en particulier. On a même parlé de faire un tour en France pour rencontrer des homologues bios, ça tombe bien j’en connais.
Hier, j’ai pour ainsi dire été intronisé “paysan bio letton” !!! Disons paysan bio européen car j’aime aussi ma condition de paysan bio du Gers et en général dans n’importe quel pays où je vais, je me sens bien dans ce milieu, c’est ma jet 7 à moi avec l’avantage qu’on y reste soi-même, naturel, pas besoin de se la péter.
Et comme cadeaux j’ai même eu droit aux sourires bios des Lettones des forêts, aux fromages maison et aux pommes de variétés anciennes, un régal !