Pour continuer dans la même ambiance féerique de mes écrits précédents, mais peut-être tout n'est que puzzle, voici une nouvelle saga: Les aventures de Janis Ozols le franco-letton chargé de mission à l'Ambassade de France de Riga...
Jānis Ozols
Chapitre 1. Le décor.
Tout au Nord de l’Europe, dans les forêts envoûtantes de Lettonie, il n’est pas rare de rencontrer des phénomènes naturels si étranges pour nous Occidentaux, que nous les penserions sortis tout droit de l’imaginaire collectif. C’est une erreur. Ce sont des réalités oubliées par le monde moderne inféodé par le matérialisme, mais heureusement préservées par la culture lettone. D’ailleurs cette culture très ancienne, n’est-elle pas restée basée sur des rapports harmonieux entre l’Homme et la Nature ? Une Nature que, sauf les Lettons, plus personne ne connaît, si ce n’est sous quelques aspects scientifiques vus au microscope numérique, loin de favoriser une ré-intégration de l’Homme, bien au contraire.
De notre société bientôt moribonde puisque bancale et trop artificielle, ce qui me paraît être le plus proche de la réalité et que nous pourrions avoir encore en nous, pauvres serfs de la société de consommation, ne relève plus que de la littérature ancienne encore transmisse par les comptines enfantines, les contes de fées et toutes les histoires fantastiques... Comme un lavage de cerveau, en quelques générations, nous avons renié, ridiculisé et quasi tout perdu de nos sensibilités naturelles innées. Elles étaient pourtant vitales et bien inscrites dans nos gènes… Oui, otages de la pétrochimie, nous avons oublié tous les savoirs que nos ancêtres cultivaient et se transmettaient oralement depuis des millénaires et des millénaires... Il y a eu rupture. Tous ces savoir-vivre en harmonie avec la Nature, volatilisés, envolés… "Pfffftt", plus rien. Notre disque dur a été vidé. Nous sommes devenus dépendants, empilés dans nos cages à lapins, prêt à recevoir le premier virus qui passera par-là…
Mais quel Avenir nous propose l’ère de la pétrochimie ? Une ère qui va s’éteindre au mieux dans un siècle ? Rien…si ce n’est une place nette, façon Attila. La seule alternative plausible pour nous sauver en sauvant notre planète est de tenter de recréer cet équilibre. Notre civilisation en phase de déclin ne devrait-elle pas s’inspirer de cette culture lettone toujours présente ? Je m’éloigne peut-être de mon histoire. Quoique… ? Non, au contraire c’est une bonne introduction pour entrer dans le vif du sujet.
Evadé au pays de Fées.
Un matin de printemps, après des années de préparation, car on ne quitte pas sa ferme comme on quitte un patron, j’ai fait le grand saut. J’en rêvais depuis mon enfance. Quittant ma Gascogne bien aimée, je suis parti vivre en Lettonie. Dix ans pour organiser mon départ et deux ans pour bâtir un projet. Une petite maison de bois à l’orée d’une grande forêt comme dans les contes de fée. Ma forêt se compose de bouleaux, d’érables, de très vieux chênes et de résineux. La région de Madona où j’ai choisi de poser mes valises est la plus vallonnée du pays, altitude 200 mètres ce qui me rassure par rapport à la montée des eaux qu’engendre le réchauffement de la planète. Je me sens comme au paradis dans ma petite maison dans la prairie. Dès mon arrivée, j’ai immédiatement recherché l’intégration : chef de projet pour la création d’une ferme pédagogique dans un orphelinat pilote dans les PECO, participation au cours de français au lycée local, animateur bénévole d'un club de prospective pour aider les jeunes à imaginer l’avenir de leur région avec un peu d’optimisme et aussi, cette vie dans la Nature qui a éveillé en moi le plaisir de l’écriture. Il y a quelques Français en Lettonie, très peu, ils peuplent surtout notre Ambassade et nous nous rencontrons quelques fois, histoire de ne pas trop oublier que nous sommes des immigrés. Mais c’est surtout en sympathisant avec les gens du cru que je réapprends à vivre la vraie vie, celle que je recherchais…
En découvrant ce pays, j’ai ressenti l’appel de la Nature et une soif de re-découverte de nos savoirs ancestraux: savoir-vivre et savoir-faire. Non pas dans un souci de faire machine arrière ou par nostalgie, mais au contraire pour faire un bon en avant. Nous avons pris tant de retard et de mauvaises habitudes en un ou deux siècles…
Ce détachement avec la vie trépidante que j’ai vécu me permet une vision complètement différente de notre société. Je dois avouer que je n’en suis pas rassuré pour autant. Je suis même très inquiet de voir des dégâts occasionnés sur l’Homme qui se détache peu à peu de la réalité pour jouer le jeu des manipulateurs multinationalisés.
Pourquoi la Lettonie ? Hé oui pourquoi ? Pourquoi pas me suis-je dit en la découvrant quelques années plus tôt ? Je suis tombé sous le charme. Difficile d’expliquer. Dès mon entrée dans ce pays fantastique, j’ai ressenti comme un appel enchanteur. J’y suis revenu plusieurs années de suite, puis un jour, j’ai pris la grande décision et j’y suis entré comme on entre dans les ordres, avec l’intime conviction que j’avais enfin trouvé ma place sur terre, que ma place était là. J’avais ce sentiment qu’on dit humaniste, de penser qu’il était primordial pour notre civilisation et pour ceux qui en ont conscience de sauver quelques savoir-vivre vitaux. Il me semble aussi essentiel de faire prendre conscience à mes amis lettons de ne pas sombrer corps et âmes dans « le rêve américain ». La solution, ce sont eux qui la détiennent, ils doivent la préserver pour nous la faire partager. Ils ont tant de choses à nous faire partager !
J’ai tout quitté pour y rechercher nos racines. Je crois que j’y suis heureux ! C’est une vie si fascinante pour moi, le petit paysan français qui cherchait depuis longtemps un prétexte pour m’évader des ornières enlisantes de la productivité. Ici je réapprends à vivre. A vivre loin de toutes les nuisances d’un monde déjà virtualisé pour me ré-imprégner de la vie, la vraie. Je revis de rien. Ou plutôt si, je revis de cueillette ; De la cueillette d’un savoir-vivre dont je raffole, de pèche, de chasse et de tous les bienfaits que nous offre gratuitement « Mère Nature », c’est ainsi que la nomment les Lettons. « Lorsque nous la respectons, elle nous le rend au centuple… » disent-ils. Je me régale à les écouter. Ouf ! heureusement qu’ils sont toujours là…
Dès les premiers frémissements du printemps, lorsque la neige nous quitte, je prépare la première cueillette de la saison, ma réserve d’élixir de jouvence pour l’année, la première sève de bouleau. C’est un très bon fortifiant pour démarrer d’un bon pied après une longue hibernation. Un verre tous les matins au saut du lit et j’ai fait le plein de minéraux, vitamines et de toutes les énergies naturelles dont j’ai besoin pour la journée. Pour réaliser la cueillette, je m'arme d’une petite tarière à bois de 16mm, d’un petit tube de sureau de même diamètre et de 30cm de long. Pour réaliser ce capteur, je coupe une branche vivante de sureau et j’en évide la tendre moelle. Je prépare soigneusement mon petit tonneau de bois qui va recueillir l’élixir et le gardera durant des mois dans ma cave.
Dès le signal de la Nature, dès que les premiers bourgeons des bouleaux deviennent violet fluorescent, avec tout mon matériel, me voilà parti à l’orée de la grande forêt de la colline de l’ours. Je choisis l’arbre le plus beau, pas forcément le plus vieux mais celui qui m’attire le plus par son aspect vigoureux, c’est déjà un signe. A l’aide de ma tarière, je perce proprement un trou à hauteur suffisante pour y mettre mon tonneau au-dessous. Quelques centimètres de profondeur suffiront pour capter les veines de cet arbre devenu mon complice et qui va me faire partager son énergie. J’enfile le tube de sureau qui a été préalablement affûté comme un pipeau. Et en une journée ma réserve sera faite pour la saison.
Une rencontre ?
C’était vers le 15 avril de cette année. Les journées commençaient à se rallonger sérieusement. Vers les dix heures du soir, je décidais d’aller à la lisière de la forêt pour récupérer mon breuvage. Quelques sangliers pourraient passer avant moi, si je laissais là mon installation durant la nuit. Le soleil rouge au couchant, demain beau-temps, était filtré par les branchages des bouleaux encore nus puis disparaissait peu à peu à hauteur des sapins qui forment le cœur de la forêt. « Fla, fla, fla… », un oiseau que je n’ai pas le temps d’identifier pénètre l’obscure forêt. Puis quelques secondes plus tard, « Flttt » fit le renard argenté surprit par mon arrivée pourtant discrète sur son territoire. « Ré-apprenons à partager » lui susurrai-je.
Mon tonneau de vingt litres commençait à déborder. Il était temps que j’arrive ! avec mon canif je préparais une tige de la longueur et du diamètre du trou percé dans le tronc. Une tige prélevée sur une branche vivante de l’arbre désigné. Elle va servir de bouchon et favorisera la cicatrisation rapide de la petite plaie que j’ai du infligé à mon ami Bērzi, le bouleau. Je retirais le tube de sureau et refermais soigneusement. Deux petits coups pour coincer la tige et voilà. « Terminé pour cette année, mon vieux ! et merci pour ta coopération ! » annonçais-je à Bērzi que j’embrassais avant de le quitter.
La nuit tombait rapidement et je m’apprêtais à lancer mon baricaut sur mon épaule pour rentrer, lorsque « frrrrttt », l’impression que quelqu’un passait furtivement derrière mon dos, en direction de la forêt. J’en ressentais presque le déplacement d’air. Je me retournais...Rien. « Probablement une bécasse qui a été surprise et en déviant sa trajectoire donna quelques coups d’ailes un peu plus vifs… ?» pensais-je . Un petit frisson traversait quand même mon corps…Et Hop ! les 25kg sur mon épaule et je rentrais vers ma masure, une petite maison de bois à la cheminée encore fumante; les soirées de ce début de printemps sont encore fraîches. Je traversais les prairies encore grisonnantes des brûlures de la neige. Il nous faut attendre près de trois semaines entre la fonte des neiges et le début du printemps qui fera éclore toute la vie en quelques dix jours. Etonnant…
Installé devant mon bureau face à la fenêtre donnant sur le potager, près de la cheminé où pétillent les flammes ravivées, je n’attendrai pas demain matin pour commencer ma cure ! Un grand bol de sève… un breuvage naturel aux couleurs à peine boisée et au goût très léger de feuillage frais. Un avant goût du printemps qui ne saurait tarder. J’allume en même temps mon petit ordinateur portable, fidèle compagnon de mes longues soirées, à qui je peux en toute liberté confier mes rêves les plus fous quand, tout à coup, quelqu’un frappe à ma porte. Tiens, étonnant à cette heure tardive ? Et qui vois-je débarquer tout affolé, ébouriffé, une grosse cape sur le dos ? mon ami Janis ! « Que t’arrive-t-il Janis ? es-tu venu à pied ? Entre et réchauffe-toi. », « Jean, je dois te raconter ce qui m’arrive. Il y a deux ans que cela dure et jamais je n’ai osé en parler de peur de paraître ridicule. Mais je n’en peux plus. Alors, j’avais besoin de me libérer de ce fardeau et j’ai pensé que tu étais le seul à qui je pourrai me confier » « Entre, assied-toi près de la cheminée, calme toi, prend ce bol de teja et raconte. »
Mon ami Janis.
Janis Ozols a 38 ans, il est Letton, encore célibataire et habite Riga. Toujours bien mis, svelte presque maigre, grand, châtain-clair presque blond, je l’ai pratiquement toujours vu en costume trois pièces bleu marine. Il est chargé de mission au Centre Culturel Français, Elisabete iela, à Riga. Un poste qu’il briguait bien avant sa création. En effet, il participa au projet et à sa mise en place alors qu’il était interprète à l’Ambassade de France. Janis est Letton et fier de l’être. Fier de sa langue, de son petit pays libéré après mille ans de compromission, de soumission. Mille ans qui n’ont fait que renforcer l’esprit patriotique de ce peuple de moins de deux millions d’âmes. Il est soulagé d’être rapidement devenu Européen. C’était presque irréel ! Nous avions si peur du retour d’envahisseurs, dit-il souvent. Mais Janis est-il lui même un pur sang letton? Non, mais cela ne l’empêche pas de défendre vaillamment son identité.
S’il a été choisi pour travailler au Centre Culturel mais aussi avant cela à l’Ambassade de France en Lettonie, c’est qu’il avait sur son CV de nombreuses qualités répondant aux postes à pourvoir. Comme la plupart des Lettons, il est polyglotte, russe, allemand, anglais et de plus il a une parfaite maîtrise du français. Il a étudié le latin, comprend l’espagnol, l’italien et le roumain. Le lituanien étant la seule langue cousine du letton, il la perçoit plus vaguement. Mais ce qui intéressait le ministère des affaires étrangères français, ce sont ses deux licences de français et celle de russe.
Les Ambassadeurs français successifs en poste à Riga se plaisent à dire que Janis a l’accent du soleil, l’accent du foie gras ! Lorsqu’il s’exprime en français, il a effectivement un petit accent de paysan gascon, l’accent du Sud-ouest et ce n’est pas à l’université Paul Sabatier de Toulouse-Mirail où il étudia trois années qu’il acquit ce don, mais bien chez ses grands-parents maternels qui vivent toujours sur la ferme du Cap du Bosc, juchée à 298 mètres d’altitude dans les coteaux du Gers avec la chaîne des Pyrénées pour horizon.
Si je connais bien Janis, c’est parce que nous avons rapidement sympathisés dès que j’ai entendu son accent lors d’une visite à l’Ambassade. Nicole, sa mère est Midi-Pyrénéenne comme moi ! Elle est donc française d’origine mais son passeport est letton. Fille d’une famille de modestes paysans du Gers, elle était étudiante à l’Université Paul Sabatier de 1964 à 1968. Son projet de jeunesse était de voyager. Pour cela elle avait choisi la fac de langue pour devenir professeur de français à l’étranger, FLE. « Les voyages forment la jeunesse ! » lui répéta son père Giovanni durant toute son enfance. Lui avait fait le choix trop hâtif de prendre la succession sur la ferme familiale, se privant ainsi de réaliser ses rêves de voyages. Rêves qui l’avaient poursuivi toute sa vie sans pouvoir jamais les assouvir . Alors, en bon père de famille, il s’était donné pour mission de les transmettre à son hérédité. Son seul et grand voyage, il le réalisa sous contrainte, fuyant son pays devenu invivable sous l’ère mussolinienne. Agé de 12 ans, avec ses parents il arriva dans le Gers avec un simple baluchon et ses sabots de bois. « Profitez-en tant que vous êtes jeunes ! Ah si j’avais votre âge… »
Guntars, le père de Janis est letton d’origine et fier de l’être. Fils de petits fonctionnaires durant les dures années soviétiques, ses parents lui avait suggéré d’étudier les langues étrangères et plus particulièrement le français pour « pouvoir s’échapper » de cet enfer. Beaucoup de Lettons comme les Ozols ont une image très positive de la France, de sa culture, de ses grands auteurs, un des rares pays qui ne les ont pas embêtés. « Tu iras étudier en France, mon fils, c’est le pays de la Liberté ! ». Donc, Guntars commença par le lycée français de Riga puis après une année de fac, réussit un concours pour poursuivre ses études linguistiques en France. Il entra en fac de langue à Toulouse en même temps que Nicole. Un amour franco-letton allait rapidement naître de cette rencontre. Janis 30 ans plus tard suivit le même cursus.
Le secret de Janis
« Je t’aime, je t’aime, je t’aime, où es-tu, qui es-tu, pourquoi tant de mystère, tant de souffrances ? je suis épuisé, fatigué de te chercher. Arrête ce jeu et reste enfin avec moi, je ne peux plus me passer de toi … » soupire en silence Janis. A qui s’adresse-t-il ? il ne le sait pas trop lui-même. Un truc de fou, un amour impossible, inexplicable, inavouable, une apparition, une Fée qui l’entraîne d’un pays à l’autre sans qu’il n’ait jamais pu avoir une seconde d’intimité avec elle, sans qu’il n’ait jamais pu s’approcher à moins de dix mètres d’elle. Quelques fois Janis désespère, il se demande s’il n’est pas un peu détraqué, s’il n’a pas des hallucinations, si cette fille dont il ne peut plus désormais se passer, ne le mène pas en bateau, si elle ne l’a pas rendu fou, si c’est une véritable fille en chair et en os ou simplement un rêve, un fantôme, un fantasme ? Il ne sait pas mais il est amoureux, et même si c’est pour lui une véritable torture, l’idée d’abandonner cette course poursuite ne l’a jamais effleuré.
Janis jusqu’à présent, à part quelques petites amourettes sans lendemain, ne s’était pas vraiment intéressé à la gent féminine. Il ne s’était jamais vraiment préoccupé de son avenir à long terme, à une vie de couple et encore moins à une vie de famille. Il était resté "le petit" de sa maman et continuait de jouer ce jeu confortable mais peu ambitieux. Il était très passionné par son travail et les déplacements qu’il occasionnait dans de nombreux pays. Et ensuite, chaque été depuis son plus jeune âge, il passait ses vacances dans le Gers en France. Ses grands parents l’attendaient comme on attend le Père Noël. Au Cap du Bosc, d’une année sur l’autre, la date du retour de Janis était programmée. En Général, c’était vers le 26 ou 27 juin, juste après la nuit Līgo la plus grande fête lettone, la nuit où il ne fait pas nuit, la fête du solstice d’été veille de Janis, la Saint Jean. Sur la ferme du Gers il y a deux maisons, celle des grands parents mais aussi une plus récente construite par l’oncle Pierre, le frère de sa mère qui a pris la succession de l’exploitation familiale.
En voiture, pépé Giovanni ne s’aventure pas bien plus loin que Samatan pour le marché du lundi où avec mémé Louisette avant la retraite ils allaient vendre les foies gras de leurs oies gavées au maïs blanc. De ce temps là il n’y avait pas ce satané feu rouge à Lombez ! Les Toulousains conduisent comme des fous, je ne me sens pas à l’aise dans toute cette circulation, les coups de clackson me stressent, je ne prends pas le risque d’aller jusque là bas se justifie pépé. Alors, lorsque Janis arrive à l’aéroport de Toulouse-Blagnac via Londres, Amsterdam, Munich ou Frankfort, il prend une navette qui l’achemine à la gare routière proche de Matabiau et de là, prend le bus de Boulogne sur Gesse qui le déposera En Bernadas à 4 km du petit village de Sabaillan. Là, la vieille 104 verte l’attend. Mémé est aussi venue, le retour de Janis c’est important !
Dès qu’il arrive au Cap du Bosc, "le château de ma mère" comme il se plait à dire, il file dans sa chambre au premier étage de la tour et ouvre l’armoire parfumée par de petits bouquets de lavandin de Monjoyer dans la Drôme. Il va retrouver ses vêtements de paysan. Vite, il se change, enfile son pantalon, ses bottes et part faire le tour du propriétaire en compagnie de Sucette la vieille chienne noire qui sourit, visitant chaque bâtiment d’élevage, observant les changements et les améliorations apportés d’une année sur l’autre.
Janis connaît tout le monde à Sabaillan, peut-être plus de monde qu’à Riga, dit-il en souriant. Un petit village de 150 habitants c’est comme une grande famille et Janis fait partie de cette famille. Il en est fier et ne manque pas une occasion de glisser un petit mot de patois local dans ses discussions avec les voisins du village mais aussi, dans les nombreux cocktails qui agrémentent sa vie professionnelle à Riga.
Pourtant il n’est pas heureux. Depuis quelques temps, il vit cette intrigue dont personne n’est au courant et pour cause : Une Fée a envahi sa vie… à suivre
Jean Amblard, avril 2009