Avant propos: Pour fêter Pâques qui tombe à un jour près pour l'anniversaire des trois ans de mon journal, Je veux tout d'abord te souhaiter beaucoup de joie et d'amour !!! Merci à tous ceux qui ont donné un petit signe de vie, ainsi le virtuel devient réalité !!!
Mais pour parler de mes trois ans de vie en Lettonie, plutôt que de t'inonder de statistiques inutiles et ennuyeuses sur le nombre de visites sur mon journal (environ 60 000 !) depuis le premier jour (1312 articles depuis le 24 mars 2005), j'ai envie de te faire partager encore un peu plus de mon amour (amour que j'ai traduit à ma façon, bien entendu) pour ce pays qui m'a envoûté dès que j'y posé les pieds pour la première fois en juillet 1999. J'y réside depuis le 1 mars 05.
Mes amis lettons ou plutôt mes amies lettones qui me lisent régulièrement savent bien que si je me permets de plaisanter souvent à leurs dépends, c'est parce que je les aime bien. D'ailleurs, il n'y a que trois ou quatre trucs qui me déplaisent dans ce pays: les 6 mois d'hiver, la viande industrielle et l'aneth, sinon pour le reste, manque juste un brin de sourire et ce serait le paradis. Je sais que l'histoire de la Lettonie, rarement heureuse très longtemps, a rendu les Lettones sensibles lorsqu'on aborde le sujet de leur identité fragilisée par l'arrogance des dominateurs successifs.
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Aujourd'hui j'ai choisi de faire connaître une autre facette de ce petit peuple féminin. Je veux lui rendre hommage à travers mes écrits, il a tant de chose vitales à nous ré-apprendre en chantant. Amitiés ! Janis (Jean en letton)
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Les Lettones sont un des éléments indissociables de l'harmonie qui permet la vie sur terre, filles de "Mère Nature" elles font parties de cet organisme vivant, au même titre que l'air, l'eau, la terre, le feu, le règne végétal ou animal. Mère Nature étant un organisme complexe qui, comme chacun le sait, doit en permanence veiller à préserver son fragile équilibre au risque d'une rupture comme cela est entrain de se produire dans les pays civilisés par le fric et qui polluent les autres sans défense.
Les Lettones font parties des ces rares peuplades primitives qui ont su résister durant un millénaire à toute une succession de colonialismes féodaux, cela ne fit que renforcer leur esprit identitaire et elles sont passées non sans souffrance à travers les siècles, portant à bout de bras leur culture, leur langue, leurs dialectes, leurs chants, leur poésie, leur sens artistique et leurs coutumes étroitement liés à la Nature. De l'héroïsme ! Et pourtant, dans leur propre pays, elles ne représentent plus que 75% de la population, soit moins de deux millions d'habitants y compris mâles et rejetons, les autres résidents provenant des séquelles d'invasions sans grand intérêt pour cette étude.
Ethnologue amateur, si j'ai choisi de vivre en Lettonie, c'est pour mieux les étudier, mieux les observer car je suis convaincu que leur savoir-vivre en harmonie avec la nature sera très bientôt notre Arche de Noé des temps modernes. Aujourd'hui je me décide à divulguer les premiers éléments fondamentaux de cette étude discrète, réalisée au fur et à mesure de mon intégration dans leur groupe ! Pas toujours évident de se faire accepter, elles sont méfiantes car elles savent bien d'où je viens, de ce monde artificiel en péril, et elles ne voudraient pas que je sois porteur du virus de la croissance qui est entrain décimer une partie de la planète. Elles ont sans doute raison et c'est à moi de faire l'effort d'entrer peu à peu en confiance pour leur prouver ma bonne foi car je leur voue une véritable admiration. Pour cela, je dois bien comprendre comment fonctionne leur organisation sociale, leur culture, leur cerveau et leurs anticorps. Comme ailleurs dans d'autres civilisations ordinaires, le respect, le partage, la tolérance et l'humilité sont les meilleurs moyens de s'intégrer.
La peuplade est elle-même divisée en deux groupes: les Lettones de Riga et les Lettones des forêts. Les premières étant plus facile d'approche parce que plus domestiquées, nous étudierons donc celles des forêts, moins évidentes à cerner. Mais l'aventure me plait, étant moi-même issu du rural et de plus, je ne trouve aucun intérêt à observer des sociétés citadines provisoires...
Les Lettones sont porteuses d'un grand message intercontinental "Les Dainas" transmis par une culture poétique et intemporelle venue de la nuit des Temps. Aucun envahisseur ne put les déchiffrer et ce n'est que dans les années 1920-1940, années bénies de l'éclosion de la République de Lettonie, que furent rassemblés et retranscrits ces millions de petits savoirs vitaux pour l'humanité toute entière. Mais les comprenons-nous pour autant ?
Voici juste un petit extrait des Dainas (Daïnas), éternelles et incontournables lois de la nature décryptées durant des millénaires et transmisses oralement de mères en filles. Les Lettones ont amené jusqu'à nous des évidences que nous avions reniées puis oubliées ces derniers siècles, entrant peu à peu dans la dépendance de la société décadente du gaspillage. Mais que peut bien signifier ce message pour un ignare consommateur occidental ? Une de mes amies franco-lettone, probablement consciente de cette urgence à repenser la vie sur terre, a tenté une traduction en notre langue. En nous plaçant directement dans le contexte, elle réussit à nous entraîner dès les premières pages, dans les profondeurs de "Mère Nature" avec l'aide de "Saule", La Soleil, divinité féminine centrale toujours présente dans la culture lettone, surtout lorsqu'il fait beau. Je te conseille de vite commander ce petit ouvrage, qui j'en suis sûr, va te permettre de comprendre la vie terrestre et de t'impliquer dans son sauvetage. "Daïnas" traduits en français par Nadine et publiées chez L'Archange Minotaure. Vaira Vike Freiberga, l'ancienne Présidente de la République, porteuse du même message pour l'humanité, a elle-même fait des traductions en français, mais je n'ai pas encore eu la chance de lire son livre.
"Saule a mené ses chevaux
Se baigner dans la mer ;
Elle est assise sur la colline,
Les rênes d’or à la main.
Où emportes-tu ta maison, Saule,
Le soir en te couchant ?
- Au milieu de la mer, sur l’eau,
A la pointe d’un roseau d’or.
Les Lettone des forêts. Vivant sous de petites huttes de bois dans les clairières des grandes forêts, elles aiment le grand air frais et grâce à cela, comme les sapins du Nord, leurs traits sont très fins et leurs mines resplendissantes ! Lorsque tu pénètreras pour la première fois dans la forêt lettone pour y venir en formation, car c'est là que se trouvent les savoirs qui vont nous réapprendre à vivre, tu seras étonné(e) au bon sens du terme, de constater et c'est hallucinant pour les gens du Sud et les Occidentaux machos, que tout fonctionne grâce aux femmes. Et en plus ça marche bien, naturellement et sans quota ! En plus d'être belles, elles sont intelligentes ! Cette peuplade féminine est très bien structurée et vit de cueillette, elle n'a pas peur des disettes parce qu'elle connait très bien Mère-Nature, la respecte, la vénère même, acceptant ses cadeaux et en contrepartie protégeant ses secrets. Elle sait qu'elle n'a rien à attendre des hommes, sa subsistance elle la doit à son courage, sa persévérance et sa connaissance approfondie de tous les éléments qui l'entourent. Selon les saisons, les Lettones des forêts trouvent leur nourriture composée de baies sauvages qui leur permet de diversifier et vitaminer l'alimentation industrielle aux normes (douteuses puisque occidentales ?) des jours ordinaires."Tout ce qui est naturel est bon pour la santé !" chantent-elles souvent pour remercier "Mère Nature". En général le mâle est chargé de la mission de cueillette, probablement parce qu'elle demande peu de matière grise...
Le Letton des forêts. On le rencontre souvent un bouquet de fleur à la main, il sait à qui il doit sa chance de vivre dans cet univers ! Il sert peu en dehors des matchs de hockey sur glace, accessoirement s'il n'a pas sombré prématurément dans un état second du aux excès de palliatifs, il va se rendre utile très brièvement durant le solstice d'été pour assurer la reproduction. Sa femelle pourrait tout comme la mante religieuse le dévorer ensuite, cela ne changerait pas grand-chose dans l'organisation sociale. En effet, les femelles ont un rôle déterminant et très bien hiérarchisé selon leur âge. En général, elles sont bien éduquées par leurs mères et grands-mères dès leur plus jeune âge, pour rapidement accéder à leur vocation de transmission des Daïnas, en même temps qu'elles doivent chanter en assurant la subsistance du peuple et surtout le maintient d'un taux de renouvellement suffisant pour ne pas se retrouver classée "Ethnie en voie d'extinction". En effet, le mâle, tout comme le pollen, le papillon bleu du jour ou le bourdon à une durée de vie limitée, la plus courte de tous les peuples européens, Il faut donc le remplacer très souvent.
A l'orée de la forêt, dans le temple de la nature, résidants sous les chênes séculaires, il n'est pas rare de rencontrer des druides femelles ou mâles (j'en côtoye de temps en temps !) protégeant et transmettant des savoirs vitaux de la culture lettone dans des écoles spécialisées "Janaskola" (école de Janis) comme à Jaunpiebalga par exemple, des savoirs qui font maintenant cruellement défaut aux civilisations occidentales. Pas de panique, dès que nous aurons pris conscience que nous sommes en perdition, les Lettones seront là pour nous sauver et leurs enfants aussi.
Le cycle de reproduction des Lettones des forêts. Tous les Occidentaux, surtout les hommes qui ont eu le privilège de pénétrer ces envoûtantes forêts ont été fascinés par la beauté des Lettones en âge de procréer. On dit que ce sont les filles les plus belles d'Europe et malheureusement cette image sympathique est exploitée par un certain tourisme mafieux, bassement pervers, qui se développe à Riga ces derniers temps et que nos médias non moins pervers se plaisent à diffuser en caricaturant ce merveilleux petit pays. Mais les Lettones, les vraies, sont bien loin de tous ces marchandages. Oublions cela et revenons vite à nos Lettones des forêts, celles qui chantent jour et nuit quelle que soit la saison, illuminées par "Saule" surtout quand il fait beau. J'ai souvent entendu cette réflexion de visiteurs: "C'est dommage ces jolies filles pour des mecs aussi effacés." Ces observateurs extérieurs ont tout de suite mis le doigt sur le problème. Le mâle letton des forêts se laisse facilement aller à d'autres préoccupations palliatives si bien qu'il en oublie le tout petit rôle que lui a laissé sa femelle. Contrairement aux autres espèces, mis à part le ver luisant, c'est elle qui doit mener la parade nuptiale et pour cela elle est obligée de se mettre en valeur le moment venu. Tous ces rites ancestraux étant bien évidemment cyclé au rythme de la nature, Pavasari (le printemps) les aidant dans les préparatifs, couronnes de fleurs des prés, robes légères, mines réjouies, bien que maintenant, pour accentuer leur beauté, certaines aiment bien utiliser comme les nôtres, des artifices chimiques du commerce (dommage). Nos femmes occidentales, elles, pensent que ce comportement est superficiel et à la limite de la décence bien qu'elles disent ne pas être jalouses et elles ont raison sur ce dernier point. Notre culture occidentale est différente, théoriquement basée sur plus d'harmonie entre les deux sexes mais à la vérité un peu trop machiste. Avec les descendants de Don Juan, il n'y a donc pas lieu d'user de tels stratagèmes. Mais continuons notre exploration dans la nature lettone et essayons de comprendre ses rythmes.
Pavasari, le printemps, s'annonce avec le retour des cigognes et commence alors à déferler sur la Lettonie toute entière, une vague impressionnante de naissances et par déduction, d'anniversaires. Ce n'est pas par hasard mais bien adapté au rythme de "Mère Nature".
Les parades nuptiales des Lettones des forêts vont se déclencher en fonction de la photopériode. La plupart des êtres vivants à l'état naturel, sans domestication, présentent une synchronisation des naissances de telle sorte que la majorité d'entre elles s'effectuent à la saison la plus favorable pour l'épanouïssement de leur progéniture. Les Lettones n'échappent pas à cette règle : dans les conditions naturelles, les naissances s'effectuent généralement dès la fin du mois de mars. Le mécanisme physiologique mis en œuvre pour "saisonner" la reproduction est le ralentissement ou l'arrêt de la gamétogénèse depuis la début de l'automne jusqu'à la fin du printemps. Le principal synchroniseur de la reprise de la gamétogénèse, sauf accident, étant la variation saisonnière de la durée de l'éclairement par 24h, ou photopériode.
Remontons le temps de neuf mois: "Ligo" (prononcer Ligoua) le point d'orgue se situant dans la nuit du 23 au 24 juin veille de Janis (Saint Jean), la nuit où il ne fait pas nuit en Lettonie, c'est le solstice d'été. A ce moment précis de Ligo, autour du grand feu aura lieu cette fameuse parade nuptiale agrémentée de fleurs, de chants, de poèmes et de danses. Elle durera toute la nuit et se terminera au petit matin lorsque la Lettone amoureuse entraînera son prétendant dans la forêt cueillir la fougère en fleur. D'autres paramètres comme l'alimentation, l'âge, la température ambiante, la tradition, viennent moduler l'effet, mais la photopériode reste de loin le paramètre letton le plus stable d'une année sur l'autre.
"Jeunes filles, jeunes gens
Ne dormez pas la nuit de la Saint Jean
La nuit de la Saint Jean vous verrez,
Où fleurit la fougère."
Le lendemain de Ligo, Janis, que nous appelons la Saint Jean en pays dits civilisés, est le jour le plus long de l'année et donc le plus important pour les Lettones des forêts. C'est le jour où toutes les énergies de la création sont au zénith ! Ce n'est pas seulement le meilleur moment pour l'amour, car malgré la nuit blanche il faut aussi aller couper son foin et cueillir les plantes qui soigneront la famille pour toute l'année (c'est la meilleure sécurité sociale fiable qui existe !) car toutes les Lettones des forêts connaissent les vertus de chacun des éléments du puzzle qui constituent la vie possible sur terre. Quant aux Lettons mâles, mis à part les quelques druides ou poètes, ils s'intéressent peu à tout cela, leur vie étant si brève...
Oui, nous avons beaucoup de choses à réapprendre pour sauver notre planète et au lieu d'attendre que nos malheureux technocrates du haut de leurs tours de verre bleuté nous trouvent des solutions qu'ils ignorent complètement car il ne s'agit pas de sauver l'économie en péril (qu'ils sont incapables de sauver), mais pire, tout ce qu'elle a entraîné comme déséquilibres négatifs pour l'avenir de l'Homme et de son environnment naturel. C'est ici, chez les Lettones des forêts que se trouve la solution: "La Femme Lettone est l'Avenir de l'Homme !"
"A suivre" si je ne me fais pas interpeller par les rares Lettons mâles alphabètes qui comprennent le français.
Pour en savoir plus sur la Lettonie et surtout plus sérieusement car chacun aura compris mon humour (sinon je suis foutu !), le site de l'Institut letton en français que tu retrouveras sur la colonne de droite "websites amis". J'y ai emprunté quelques belles photos, merci !!!