Journal d'un Paysan du Gers en Lettonie: janvier 2008

Olivu iela, rue de l'olive à Riga

En Pologne du côté de Kraków (Cracovie)

Le temps letton ne se prête pas à faire des photos. Attendons que le soleil revienne. Tout à l'heure j'ai eu des nouvelles de Pologne, alors ce soir nous allons nous balader dans les souvenirs...

C'était en avril 2002, à la suite d'un travail de diagnostic-prospective "Drabina" que j'avais engagé avec mes étudiants gersois en agriculture biologique en partenariat avec les élèves du lycée agricole de Sichów (Chirouf), dans la région de Staszów (Stachouf), nous nous retrouvions tous en Pologne pour la restitution publique de cet exercice qui avait duré toute l'année scolaire. Nous avions décidé tous ensemble de nous projeter dans le futur, en 2012, d'essayer d'assembler le puzzle du futur de cette région polonaise où la moyenne des exploitations agricoles que nous avons analysées, était de 7 ha. Comment imaginer avec optimisme et aussi réalisme bien entendu, l'avenir de ces jeunes ruraux ?

Avec maintenant le recul de 6 ans, nous pouvons estimer que la bonne voie est prise, de nombreux jeunes s'installent agriculteurs sur leur petite ferme, d'autres choisissent d'autres professions, mais quasiment tous restent au pays ! Pari gagné ! Mais pour aujourd'hui, nous allons seulement nous remémorer la balade. Le sujet le plus important, nous y reviendrons prochainement.

Donc, après plusieurs voyages de préparation, après plusieurs mois d'échanges entre mes étudiants et ceux de Pologne, le grand voyage se réalisa. Dix jours de dépaysement pour les jeunes gersois qui repartiront avec des souvenirs plein la tête !

La visite de la région de Staszów bien sûr, mais aussi de Kraków (Cracovie) et même un petit saut à 500km de là, Praha (Prague en Tchèquie mais pas de photos de Prague cette fois-ci).

Si un jour tu vas à Staszów (Stachouf), le lundi matin n'oublie pas d'aller faire un tour au bazar (marché. Hé oui, bazar est un mot polonais) et tu verras, c'est le vrai bazar ! Chevaux, voitures, piétons, étals de soutien-gorges, de patates, de chaussures, de carrotes, d'outils de jardinage, tout mélangé. Plus loin, tu peux acheter des petits cochons ou des veaux, ou un poulain... Comme à Samatan il y a 50 ans !

Au centre ville, la halle qui est adaptée au climat est donc fermée. Elle abrite quelques magasins, un restaurant et aussi diverses administrations.

Durant ces dix jours, avec un programme très chargé, trop comme d'habitude, nous avons vu le maximum et profité le maximum de rencontres professionnelles et aussi amicales.

Rencontres avec les professionnels, les leaders, les élus et aussi avec les paysans. Nous voulions interviewer les acteurs, tous les acteurs du territoire et pas seulement ceux qui tiennent le haut du pavé. Avec l'aide des jeunes polonais qui réalisèrent les interviews que nous avions préparés ensemble, plusieurs centaines de personnes purent s'exprimer et donner leurs idées, souvent très intéressantes, qu'ils se font de l'avenir de leur région. Et même si la vie est encore difficile, si ce sera long, la grande majorité sont optimistes et prêts à s'investir des années s'il le faut, pour faire revivre leur région !

Mais nous parlerons de cela plus tard. Un petit tour à Cracovie, une ville légendaire, pleine de charme qui m'enthousiasme à chaque visite. La halle au drap, le château de Wawel et sa colline mystérieuse, l'église Notre Dame et son trompettiste, le fameux dragon... La liste serait trop longue.

Et pour terminer, une petite balade en calèche ?

à suivre !

Rédigé à 21:34 | Lien permanent | Commentaires (0)

Nids de poules, nids de cigognes et arbres sacrés.

S'il fallait définir en deux mots la Lettonie profonde, ce serait bien en ces deux maux...mots: nids de poules, nids de cigognes. Toutefois durant l'hiver, la donne change.

Suite au gel, dégel, regel, les nids de poules des pistes sont très atténués. En fondant, la neige ou la glace remplissent les nids de poules et le gel les nivèle. Finalement on roule mieux sur le verglas qu'en été !

Les nids de cigognes. Ils sont utilisés simplement quelques mois par an et encore, pas bêtes les bêtes ! Elles ne reviennent en Lettonie qu'en début avril, quand le temps devient convenable.

Notre couple princier de Berzi reviendra donc en son palais d'été sur les poteaux électriques proches de notre administration dès le printemps. Et comme je te l'ai dit à plusieurs reprises, ici, c'est un porte bonheur d'avoir un nid de cigognes proche de l'habitation. Nous avons beaucoup de chance !

De plus, l'an dernier nos cigognes ont été hatives et une fois leur progéniture élevée, comme elles n'avaient plus rien à faire en attendant la date de migration, elles ont entrepris de construire un nouveau nid sur la cheminée de la ruine proche. A qui sera-t-il destiné ? veulent-elles déménager ? le nouveau nid servira-t-il aux jeunes de l'an dernier ? Ont-elles déposé un CU à la mairie de Cesvaine ? Si oui, alors, c'est plus facile que dans le Gers ?

Arbres sacrés: Par contre si tu veux couper un arbre, même mort, en Lettonie ce n'est pas chose facile ! Surtout s'il s'agit d'un chêne, l'arbre sacré ! Même mort, il reste sacré ! A croire que les chevaliers teutoniques qui croyaient avoir "civilisé" les pays baltes se sont bien plantés ! Sans doute tous les druides n'ont pas été exterminés, pas étonnant avec toutes ces forêts, ils avaient de bonnes planques !

Et des druides, il doit y en avoir toujours d'infiltrés au ministère de l'environnement ? Sur la photo ci-dessous, tu aperçois un très beau chêne près de Grasu Pils, mais il est mort depuis quelques années. Nous avons demandé l'autorisation de l'abattre par sécurité. Il est au bord de la piste et il y a de plus en plus souvent des tempêtes. Ici, il est interdit de couper le moindre arbre sans autorisation. La personne compétente jugea qu'il fallait vérifier s'il n'était pas inscrit. Inscrit où ? dans les registres paganistes ? je ne sais pas... Alors il faut attendre.

Mais je ne suis pas cynique, bien au contraire. La connaissance de la nature des Lettons , protégée d'une façon ou d'une autre, nous servira très bientôt, lorsque notre société devenue urbaine et complètement artificielle, se rendra compte que sans nature ni paysans, l'Homme ne pourra vivre longtemps en prédateur (consommateur) sur cette planète, ni sur une autre d'ailleurs. Pouvoir d'achat ou pas...