Depuis 1990 environ, en réponse à l'actualité qui me tourmentait, j'ai commencé à écrire des petits trucs sur ma façon positive de rêver l'avenir de l'agriculture et de la ruralité en général, mais d'une façon différente de celle que nous proposaient (imposaient ?) nos dirigeants. Ces écrits sur des bouts de papiers étaient "rangés" çà et là dans le bureau de ma petite ferme. Certains avaient été publiés dans des journaux locaux, mais pas plus.
En 2003, après avoir mûrement réfléchi à quoi je m'engageais en publiant le fond de mes pensées sur l'avenir optimiste de la paysannerie que je présage, un genre de rêve prémonitoire sur "le grand retour des petits paysans", je m'adressais à une maison d'édition parisienne qui fut conquise par mes petits mots que j'avais préalablement rassemblés sur informatique en un recueil de 81 pages. Sans l'ombre d'une hésitation, le comité de lecture approuva et juste à peine les nombreuses fautes d'orthographes corrigées, les dessins et caricatures de mon ami John Henson rassemblés, la première édition vit le jour début 2004.
Dans ma petite cervelle de PDG (Paysan Du Gers), il se passait alors des sensations étranges. J'avais à la fois un sentiment de satisfaction que quelqu'un s'intéressa à diffuser des idées venues de la France profonde et en même temps il planait une angoisse qui m'envahissait, prenant souvent la place à la positivité. Bien qu'ayant pris soin de traduire mes idées en contes, je craignais d'avoir à affronter les asservis aux comtes régentant les comptes de cette espèce d'agriculture industrielle autodestructrice par laquelle nos technocrates se sont fait piégés. Hypnotisés par "ce progrès fabuleux" (fabuleux tant que personne n'en mesurait les conséquences...), ils ont en quelque sorte entraîné à l'agonie la ruralité dans son ensemble. En faisant bêtement confiance aux comptes de leurs copains de classe devenus comtes des multinationales, les technocrates qui gouvernent l'agriculture auraient été-t-ils roulés dans la farine ? A voir les prémices de cette fuite en avant, on est en droit de le croire: la planète entière polluée par la chimie, de nouveaux virus menacent l'humanité, des défis à la vie comme les OGM et le clonage, le chômage en progression dans les pays modernes et la paysannerie sur son lit de mort. Les derniers petits paysans sursitaires allant progressivement cocher les cases mensuelles des Assedic et ANPE réunies alors que, tous comme les artisans, ils seraient sûrement en mesure de résorber TOUT le chômage à eux seuls et en même temps résoudre la plupart des problèmes écologiques...
"Mon modeste paidoyer pour la réintroduction de l'Homme dans la Nature " que je crois (encore) réaliste, serait-il simplement idéaliste ? (faut pas rêver qu'ils disent tous...) Et cette maison d'édition qui vendait mes idées sur Internet était-elle simplement virtuelle ? Pas tout à fait quand même puisque des ouvrages en vrai papier ont été vendus, j'en ai moi-même fait mon petit stock.
Mes utopies ont été vendues par la maison d'édition mais je n'en ai pas vu un seul centime ! Même pas la petite part qui devait me revenir ! Après avoir essayé à plusieurs reprises et de différentes manières de communiquer en vain avec elle, je viens d'apprendre qu'elle aurait plié boutique... Adieux veaux, vaches, cochons, couvées... J'avais écrit pour essayer de faire partager mon optimisme, pour participer à l'ouverture d'un débat et non pour un quelquonque profit. Mais de savoir que d'autres ont tiré profit de ma petite part de butin... j'ai un peu d'amertume quand même ! Il était même vendu à l'étranger !!! (Japon, Suisse...) Comment faire pour rééditer ailleurs ? Et je ne suis pas le seul, je connais au moins deux autres écrivains qui sont dans le même cas... Mais peut-être un autre éditeur reprendra ? Espérons...
Je suis (encore) convaincu que ce rêve paysan peut éclore, alors je continue d'écrire, ne sachant pas m'exprimer autrement. Par chance, mon prochain livre déjà pondu est en incubation chez un éditeur sérieux. Souhaitons qu'il ne mourra pas dans l'oeuf. Et le troisième livre est entrain de germer... Ce sera ni un conte, ni un journal, mais plutôt un roman pour changer un peu...
Ps: Un petit message à la maison d'édition Editoo.com qui publia "Contes, Comtes et Comptes Gascons". il n'est jamais trop tard pour bien faire ! "les bons comptes font les bons amis..."