Les Lettons ont beaucoup de choses à nous ré-apprendre, nous les victimes de la société de consommation. Nous avons foncé tête baissée dans un système, croyant notre salut enfin assuré… Ce n’était qu’un château de carte... Il est entrain de recréer ce que nous avons combattu avec nos démocraties, avec nos religions, durant des siècles… De plus, pour en arriver à cette vie artificielle d’égoïstes radioactifs entassés dans le béton, excluant les plus fragiles, nous nourrissant de pesticides et d’OGM, dépendants, marionnettes de savants marchands cotés en bourse, nous avons renié notre passé, nos savoirs vitaux. (tiens à ce propos, en 1998, un an avant de découvrir la fascinante Lettonie, j’avais écrit ce petit texte “Chassez le naturel…”)
Que reste-t-il de nos Cultures ? Des musées, des livres, oui d’accord, mais est-ce sur le modèle d’une poignée de bien-pensants à la plume facile que doit se fonder tout notre savoir ? Tous dans le même moule comme l’ENA nous en démontre chaque jour l’échec ? Et ce n’est qu’un exemple, nous sommes tous formatés, tous logés à la même enseigne, même les paysans occidentaux. Les savoirs populaires, ceux de la vie de tous les jours, nous les avons tellement ridiculisés ce dernier siècle, que maintenant, notre fuite en avant touchant à sa fin, nous sommes incapables de nous remettre en cause, de penser un autre type de société plus équitable, plus juste pour nos enfants, plus en harmonie et respectueuse de la nature sans qui nous ne sommes rien… On ne le soupçonne même plus, mais la vie sur terre est une chance et nous sommes là parce que des équilibres fragiles, maintenant bafoués, nous ont permis d’y être, d’assurer la continuité non seulement de notre espèce mais de tout cet environnement sans lequel nous n’irons pas loin… Ce dernier siècle, insensiblement, nous sommes devenus de vulgaires prédateurs !!! Nous sommes devenus nos propres prédateurs et plus grave, les prédateurs de l’avenir de nos enfants...
Après cette mise en bouche revenons à nos Lettons. Cet après midi j’étais allé faire des courses à Madona, notre capitale régionale, lorsque tout à coup, en passant devant le supermarché Maxima, j’ai vu ce que voilà, cette scène qui m’inspira pour le titre de cette note et aussi pour les paragraphes qu’elle contient. Je faisais une halte de quelques minutes, le temps de ces quelques photos...
Ceux qui me lisent depuis longtemps comprendront de quoi je parle en comparant nos sociétés européennes, toutes avec des valeurs différentes, c’est d’ailleurs ce qui fait la richesse du Vieux Continent par rapport à la standardisation des civilisations nouvelles sans racines, comme les USA par exemple. Oui, l’exemple à suivre n’est pas forcement chez ceux qui ont pignon sur rue, je l’ai compris depuis longtemps… Du temps ou je me battais maladroitement pour ma condition de petit paysan du Gers, essayant maladroitement de provoquer la réflexion, de maladroitement faire avancer des idées nouvelles pour notre agriculture de compétition qui se meurt, en mettant maladroitement en valeur l’exemple de la politique agricole suisse plutôt bio. Pour la Lettonie qui est du même gabarit que la Suisse, c’est la Culture qui me passionne, l’harmonie entre l’Homme et la Nature qu’elle essaie encore de préserver et de véhiculer pour les prochaines générations… Mais jusqu’à quand ???
D’accord, j’en conviens, la Culture ce n'est pas du folklore, ce serait réducteur, l’illustration est peut-être mal choisie, ce serait caricatural, la Culture c'est plutôt un état d'esprit. Et l'état d'esprit letton c'est d'essayer de préserver ce savoir vivre en harmonie avec la nature tout en prenant ce qui est bon à prendre ailleurs sans être obligé de vendre son âme au diable... Pour moi, c’est ça la modernité, le progrès. Dès que nous en aurons pris conscience, les Lettones des forêts nous aideront, nous sauveront... Si la planète Terre est encore viable, pas trop empoisonnée, pas trop tchernobilisée par des ogres stimulés par nos appétits spéculateurs...