Ces dernières années il m’est venu des sueurs froides en voyant arriver la contamination programmée de l’Occident par les OGM suivant la logique de fuite en avant de notre société au détriment de notre santé et de notre milieu de vie. Toute cette biodiversité fragile qui permet encore la vie sur terre remise en cause juste pour la poursuite d’une fuite en avant aux alibis plus que douteux* puisque commanditée par le puissant lobbying des multinationales de l’agro-industrie accoquiné à celui de la finance.
*Et alibis mensongers quant à la contamination des OGM car le pollen n’a pas de frontière ni de barrière et peut parcourir des milliers de kms transporté par le vent, et non 50 mètres comme le prônent les marchands-menteurs qui ont pignon sur rue… (la faute n’est pas aux chercheurs ni aux paysans otages, ils savent bien tout cela)
Mais le pire était aussi de voir arriver cette destruction de la biodiversité en Lettonie, un petit pays à la nature encore paradisiaque, qui s’ouvre tout juste à la démocratie et à l’économie de marché. Peut-être est-elle encore faible face aux pressions de ce lobbying déjà bien rodé en Occident ? Mais comme l’indique l’origine du mot démocratie, la décision doit venir du peuple et pour cela il faut lui donner l’information, la vraie et la parole qui en découlera.
Au fur et à mesure de mon intégration dans le milieu professionnel agricole letton, je suis rassuré. Ouf, les Lettones des forêts ne sont pas prêtes, au nom d’une économie provisoire gérée à la petite semaine, de se laisser berner par ces manipulations autodestructrices, elles se battront comme elles le font depuis des millénaires pour défendre leur Culture exemplaire en harmonie avec la nature…
Après cette introduction quelque peu intempestive (pardonne-moi de dire ce que je pense), passons au fait: L’information ! Maintenant accepté et invité dans le milieu de la bio lettone, je participais hier à un séminaire d’information sur les ressources génétiques du pays. Chaque intervenant représentait une des organisations publiques ou privées en charge du développement mais aussi de la préservation de ces ressources locales. Il s’agissait surtout des végétaux dont de nombreuses variétés sont à découvrir tant la Lettonie est encore restée nature. Il faut faire vite pour sauver ce qui est sauvable mais comment communiquer ? Avec quels moyens répertorier et protéger ? (j’ai publiquement proposé une idée, non pas une idée occidentale mais une idée liée à l’histoire et la culture lettone…)
Allons donc faire un tour dans ce séminaire organisé par plusieurs associations nationales respectueuses de la vie. A l’entrée, que l’on soit simple petit paysan comme moi ou consommateur ou responsable administratif ou universitaire ou écrivain ou traducteur comme Ilze Žola ou responsable associatif comme Ance de Zemes Draugi ou restaurateur bio comme Sandra Ekovirtuve voire technocrate au ministère de l’agriculture (qui était présent)…etc, il faut s’inscrire chez Zane mon interprète personnelle future ministre de l’environnement ou/et de l’agriculture lettone actuellement entrain de préparer un master en France. Elle vous remettra un badge fait maison.
Individuellement chacun peut lancer des appels par affiches avec des portées malheureusement limitées pour savoir s’il quelqu’un connaitrait l’existence d’une plante, d’un arbre, d’une poule voire d’un dindon letton non répertoriés, mais je proposais une idée plus “à la lettone”: Et si, comme l’avait fait Krišjānis Barons dans les années 1920 pour la collecte des Dainas, on lançait une campagne nationale de communication pour sensibiliser le peuple letton, je suis absolument sûr du résultat ! Car là encore, il s’agit bien de préservation de la culture et de l’identité territoriale !
Vers la fin de ce séminaire qui dura plus de 6h (sans manger…) nous avons visité la collection de graines conservées dans des congélateurs par le Centre Silava de Salaspils qui nous accueillait, puis eut lieu une distribution de graines potagères de vieilles variétés hongroises. J’en ai ramené quelques unes pour notre jardin.
Mais on peut dire que le clou de la journée fut la présentation du film de Coline Serrault Solution globale pour un désordre local, déjà diffusé en France par Arte mais inconnu en Lettonie. Il a été bénévolement traduit en letton par Anita Klavina en voix off, avec l’aimable autorisation de qui de droit.
Merci à Anita que je connais depuis plusieurs années: une battante comme le sont toutes les Lettones des forêts !
Encore une journée constructive ! Merci aux organisateurs, je veux dire aux organisatrices comme il se doit en Lettonie ! Et je rentrais de nuit vers mon soviet-appart avec l’avantage qu’à cette saison en Lettonie il fasse jour presque toute la nuit !