Très chaleureusement, encore un Grand Merci à l’association “Femmes d’Europe” pour nous avoir donné la parole hier à Berlaymont.
Berlaymont, c’est une tour de verre bleuté au milieu de tours de verre bleuté. C’est un peu comme la Maison Blanche de l’Europe, sauf qu’elle est en verre bleuté et qu’à la Maison Blanche des USA on sait qui est le Président… Mais ce n’est pas le sujet.
Reprenons depuis le début: Jeudi, avec mon photographe personnel, le Baron Von Kristofs de Graši qui adore les enfants et aussi les gaufres belges au chocolat, nous nous rendîmes près de l’aéroport de Riga par –20 pour être à l’heure du vol de Brisele (Bruxelles) le lendemain matin tôt. Ainsi, vendredi à 10h nous étions déjà des touristes dans les rues de la capitale belge par + 2 ou +3°c. Il faisait doux, le Manneken-Pis ne se les gelait même pas. Ce soir à Cesvaine il fait –27 et on nous annonce –31 pour demain ! Si le chauffage s’arrête on est foutu ! Mais ce n’est pas le sujet.
Un petit bonjour au Roi une fois, mais il n’était pas là, frite alors ! Comme la Place Rouge, la Grand Place était vide mais ensoleillée…
Finalement nous n’étions venus en touristes que pour deux ou trois heures, car le but de notre visite en terre royale n'était pas seulement de goûter les gaufres ou les moules-frites de la rue des Bouchers mais de répondre à l’invitation de l’association Femmes d’Europe dans une de ces verrières grandioses à air-conditionné “Caprices des dieux”. Mais que restera-t-il de cette architecture moderne dans quelques siècles ? Vivons-nous sans lendemain ? Mais ce n’est pas le sujet…Quoique…
En 1998 j’étais déjà venu ici. J’y ai même passé une semaine dans le cadre d’une formation d’agriculteur animateur de projet de développement rural “AAP CIVAM”. Nous avions rencontré bon nombre de ces châtelains éclairés et aussi assisté à des réunions de commissions. J’en était reparti rassuré et ravi par tout ce que j’avais entendu de la part de nos technocrates et politiciens qui sont sensés gérer l’agriculture et la ruralité du haut de leurs tours de verre bleuté. Mais depuis ces beaux discours qui me convenaient bien, RIEN n’a évolué et la fuite en avant continue. Où en est le développement promis de l’agriculture biologique ? L’arrêt de la désertification ? Le repeuplement des campagnes créateur d’emploi face à la fuite de notre industrie ? Du vent ? N’y a-t-il que des courants d’air dans ces tours de verre bleuté ? Je n’ose pas le croire…
Mais cette fois-ci, une nouvelle étape était franchie, j’y revenais pour monter sur l’estrade. Je présentais le Village d’Enfants de Graši et aussi le projet que j’y mène. L’association Femmes d’Europe s’y est intéressé: Normal, les femmes sont plus intelligentes que les hommes ! Il suffit de voir en Lettonie ! Si tu ne connais encore pas mon analyse personnelle, tu peux lire “La Femme Lettone est l’Avenir de l’Homme”, Et l’égalité des sexes alors ? Encore du vent ? Sommes-nous au XXIéme siècle ou encore au temps des Hommes des cavernes ? Si vous voulez, Mesdames, je peux revenir sur l’estrade de Bruxelles pour développer ce sujet.
Bref, j’ai résumé les 15 ans d’Aventure du village d’enfants devant mon auditoire, et cela en quelques minutes, tout était chronométré et le texte envoyé à l’avance pour les traducteurs. Mais finalement le stress des jours précédents s’était envolé et le moment venu je m’y suis senti tellement à l’aise qu’un nouveau projet trotte désormais dans ma petite cervelle. Et si je m’installais dans un de ces fauteuils moelleux pour y passer une retraite paisible ? J’ai tant de choses à proposer dans ces hémicycles plus près des nuages que de la réalité des coteaux du Gers où des collines de Lettonie. Du coup, depuis que je suis descendu de cette estrade, je me mors les poings en regrettant: “Tu aurais pu en profiter pour dire ceci ou cela, c’était bien le moment et le public concerné…” Mais, foi d’Européen, j’y reviendrais, maintenant que je sais y aller. La station de métro Schumann est juste devant la porte de la Commission Européenne. Si je l’avais su plus tôt ? Mais il n’est jamais trop tard.
Devant la porte, on peut apercevoir le vélo de la Présidente Honoraire de Femmes d’Europe, Madame Margarita Barrosso, épouse de José Manuel Durão. Elle s’en sert pour les commissions, une façon de lutter contre le réchauffement climatique.
Revenons plus sérieusement au sujet de cette rencontre qui fut, je dois le dire, un évènement pour notre village d’enfants. Il se trouvait tout à coup sous les feux des projecteurs européens comme d’autres réalisations toutes aussi louables.
La Lettonie entre dans une crise économique si grave que l’état n’a plus les moyens d’honorer tous ses engagements, alors nous aurons besoin de l’aide du plus grand nombre pour continuer notre mission. Nous devons mieux faire connaître notre action en faveur des enfants déshérités. Merci Mesdames de nous avoir donné la parole !
Voici mon discours intégral…
Bonjour Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Au cœur de la Lettonie, le village d'enfants de Graši accueille depuis 1995 une trentaine d'enfants orphelins ou issus de milieux très défavorisés. Il est devenu au fil des ans un établissement pilote dont la vocation est de permettre aux enfants de surmonter les épreuves qu'ils ont connues et de trouver leur place dans la société.
Le village d'enfants de Graši est composé de petites maisons familiales chaleureuses, où les enfants retrouvent leur équilibre. Scolarisés dans les écoles de la région, ils acquièrent des contacts extérieurs importants pour leur épanouissement.
Dans les maisons, les enfants sont associés aux tâches quotidiennes pour la cuisine, la vaisselle, le ménage et apprennent à rendre service.
Si tout est mis en œuvre pour que les jeunes retrouvent confiance en eux, il n’est malheureusement pas toujours possible de combler leur retard scolaire. Nous veillons à orienter ceux qui ont plus de difficultés vers des métiers manuels adaptés et porteurs d’avenir. C’est pourquoi nous avons mis en place une ferme pédagogique visant à leur donner le sens du travail et détecter des vocations.
Nous avons choisi de développer ce projet en suivant les critères de l’agriculture biologique.
Le contact avec les animaux est une thérapie reconnue pour des enfants en rupture sociale.
Une ferme permet le contact avec la réalité de la vie: les saisons, la naissance, la maladie, la réussite, l’échec ou la mort. Grâce à la ferme, plusieurs de nos enfants ont découvert des passions qui les ont orientés vers des études correspondantes : études vétérinaire, mécanique, travail du bois etc…
En ces temps de crise, la ferme offre une réelle opportunité de faire des économies sur le budget du village, tout en assurant une alimentation de qualité.
L’association Femmes d’Europe a soutenu notre projet, en finançant l’acquisition de machines agricoles d’occasion, pour un montant de 10000 euros.
Ce matériel nous permet de pratiquer une agriculture biologique de qualité et d’inciter nos enfants à participer aux activités de la ferme avec plus de plaisir. L’image de la ruralité postsoviétique, et précisément de l’agriculture avec ses vieilles machines d’un autre temps, est trop dévalorisante pour que des jeunes puissent imaginer avec optimisme leur avenir à la campagne. Trop d’entre eux rêvent toujours de la ville ou de l’Occident qu’ils idéalisent comme un eldorado…
Souhaitons que votre action Mesdames, même si beaucoup reste encore à faire, contribue à donner l’ambition, l’énergie et l’esprit d’initiative à tous nos enfants pour une meilleure insertion possible dans la société !
Au nom de tous ces enfants, de l’équipe des éducateurs, de Christophe Alexandre le fondateur ici présent dans la salle et en mon nom personnel, je vous remercie très chaleureusement !
Jean Amblard
Bruxelles, le 22 Janvier 2010
Et après un buffet qui prolongeait la cérémonie, nous reprenions le vol du soir. Une aventure à suivre, on en reparlera. J’attends avec impatience de recevoir les photos officielles de cette cérémonie mémorable.
A minuit, nous étions au chaud à Riga…
Ps: Notre ferme pédagogique était aussi à l’honneur “Projet du mois” sur le dernier numéro du mensuel de l’association Femmes d’Europe. On y retrouve mes écrits et quelques photos des machines acquises.