A la Saint Valentin, met bonne chaussure à ton pied dès le matin. Hier matin, je me réveillais avec une fièvre de cheval. J'avertissais Christophe que j'attendrais un peu que ça passe avant d'arriver au travail. Et je me recouchais. Dix minutes plus tard, Sandra m'appelle: "Arrive vite, Uldis et le vétérinaire t'attendent à la ferme, tout est prêt, il ne manque que toi !". Ciel, j'avais oublié... Mais que faire d'autre ? Personne ne peut me remplacer. Je me lève à toute pompe, m'habille en 30 secondes et sans même passer à la salle de bain ni au petit déjeuner, j'enfile mes chaussures, mon manteau, mon bonnet, mes gants et hop... Après avoir effectué non sans mal tout ce qui était prévu et dont nous parlerons plus bas, j'étais à Madona entrain d'attendre dans un lieu public, lorsque je baissais la tête et tout à coup je me rendis compte que j'avais une chaussure noire et une marron !!! Mal à l'aise, confus, dès lors je m'arrangeais pour que personne ne puisse s'en rendre compte...En rentrant après midi à Grasi je relatais, preuve à l'appui, mon aventure à Valda notre comptable à peine guérie de sa grippe qui prit un fou-rire à en perdre haleine, déclanchant une quinte de toux. Et encore aujourd'hui on en parlait dans les couloirs de Grasi !
A la Saint Valentin et même le lendemain, le mercure ne fait pas le malin. A 8h30 il faisait -8 ! Il y a de l'espoir, le février letton va finir par arriver. Dans la journée le thermomètre a très peu évolué et de temps en temps nous avons eu droit à quelques bourrasques de neige, mais toujours très rapidement, des genres de giboulées et le vent sibérien qui va avec.
A la Saint Valentin et même le lendemain, dans les poches protège tes mains. En fin d'après-midi, j'ai essayé de faire ces quelques photos de la ruine face au manoir, ce lieu où je puise une partie de mon inspiration, quand il fait bon, bien entendu. Parce qu'en ce moment, mieux vaut dégainer l'appareil photo rapidement pour que les mains n'y restent pas collées par les glaciations.
A la Saint Valentin et même le lendemain, de bonne heure au turbin. Depuis deux jours, dès l'aube, je vis une expérience qui déjà à elle seule pourrait faire l'objet d'un roman. Je vais essayer au moins de la relater même sommairement dans les prochains jours car elle vaut vraiment le coup. Comment expliquer ? Nous avons commencé à valoriser certaine de nos productions fermières, de notre ferme de Grasi bien sûr. En clair, hier matin, nous avons abattu 5 chevreaux pour en faire des saucisses.
A la Saint Valentin et même le lendemain, respecte les normes pour ne pas avoir de pépin. Nous avons voulu faire cette transformation dans les normes officielles (locales ?) pour pouvoir les consommer sur la table de Grasi en toute légalité. Jusque là, quoi de plus naturel ? Respectant notre philosophie, nos animaux sont élevés en liberté, nourris selon les règles de l'agriculture biologique pour améliorer la qualité de l'alimentation de nos enfants qui, comme nous, sont obligés de manger cette infâme viande industrielle (qui me dégoûte, moi qui doit être un des rares de Grasi à savoir comment son élevés, comment sont nourris des animaux industriellement...). Alors je suis très fier de pouvoir, même s'ils ne s'en rendent pas compte, même si ce n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, faire ce geste pour nos enfants.
A la Saint Valentin et même le lendemain, discrètement observe ton prochain. Agissant en toute légalité, depuis hier matin, j'ai laissé aux professionnels intervenant dans le processus, le soin de faire leur travail comme ils ont l'habitude. Par rapport à ce que j'ai vécu en France, avec les normes HACCP, des normes quasi cauchemardesques, ici nous sommes encore au moyen âge ! J'ai beaucoup regretté de ne pas avoir pu utiliser mon appareil photo partout où j'ai du accompagner les animaux. Mais dans le fond, j'ai aussi été rassuré.
A la Saint Valentin et même le lendemain, froid ambiant vaut mieux que technocrate malsain. Finalement, quelle est la différence entre un Letton qui mange tous les jours des produits issus de ces méthodes de transformation et un Français* qui se nourrit de produits aseptisés** par les normes technocratiques soi-disant européennes ? A mon avis le Letton est plus résistant parce qu'il cultive en permanence ses anticorps...
*Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Ceci expliquant peut-être cela ?
**Là, je ne parle pas de la qualité de la viande mais de la qualité de sa transformation. La qualité de la viande étant un sujet bien plus important mais souvent sous-estimé au bénéfice des industriels, bien entendu... (de la merde oui, mais aspetisée, donc aux normes.)
A la Saint Valentin et même le lendemain, en Lettonie n'hésite pas à poursuivre ton chemin. Afin d'assurer cette transformation, j'ai silloné la région de Madona de long en large: abattoir, achat de viande de porc fermier pour mélanger, atelier de transformation... Cet après-midi j'ai quand même eu un peu de répis pour participer au montage d'un dossier pour Cap Espérance.
A la Saint Valentin et même le lendemain, avec la neige Cesvaine prend des airs divins ! Les deux dernières photos prises dans ma rue ce soir en rentrant chez moi. Au fait, je ne sais pas si c'est l'effet thérapeutique de la chaussure noire ou de la marron, à moins que ce soit la rencontre des deux sous le signe de Cupidon ? Mais depuis hier midi, ma grippe semble s'être envolée !