Aujourd'hui, reprenant mes esprits, je suis revenu à Grasi après 10 jours d'absence. Tout semble aller bien malgré le temps qui est à la neige sans toutefois être bien froid. Agnese est malade, elle est au lit, fatiguée. Dzintra notre éducatrice des plus petits est toujours à l'hôpital de Madona. Elle se remet peu à peu de sa grave opération de la colonne vertébrale. Une délégation des enfants est allée la voir aujourd'hui. Au passage, un grand merci à tous ceux qui ont répondu et qui continuent de répondre à l'appel et l'aident à payer cette intervention qui, je le rappelle, coûte 3000€ (l'équivalent d'une année de salaire) et n'est pas prise en charge par les assurances...
Je suis gêné, confus voire un peu déprimé de constater que de vivre loin de chez moi, j'en oublie les dates importantes, les moments forts de la vie de famille, les anniversaires par exemple. Quelques fois, je me sens un peu déconnecté et c'est le vrai problème de la distance. Par exemple, j'ai oublié de faire un petit coucou à ma fille Céline le 30 octobre... Et j'ai failli oublier que demain c'est un anniversaire peu ordinaire pour mon épouse Jocelyne...Un âge clé, un âge charnière. Donc, demain je n'oublierai pas...
Continuons à découvrir le pays où j'ai séjourné la semaine dernière.
Indice 5: Malgré les difficultés économiques liées aux séquelles encore entretenues de l'ère soviétique, c'est un peuple très vivant, chaleureux, accueillant. Tout ce qui se passe de malheureux dans le pays n'est en aucun cas le reflet de ce que l'on peut vivre d'échange et de chaleur humaine avec ceux qui ne l'ont pas encore quitté (en 15 ans, la population a diminué d'1/4)... On s'y sent bien. Lorsqu'on arrive sans connaître on pourrait être inquiété par cette présence envahissante de la police. Elle est partout, à chaque carrefour, souvent l'air zélée. A l'une des frontières, j'ai même aperçu un tank caché sous un filet et une douane ressemblant à une barrière militaire comme je n'en avais vu que dans les films... MAIS POURQUOI ? le pays n'est-il pas suffisamment dévasté par la bestialité de ceux qui cherchent encore à le dominer (le mot n'est pas adapté car même les animaux ne sont pas dotés de tels pouvoirs maléfiques !). On a l'impression qu'il a été vidé de son contenu et que la seule richesse qu'il reste, c'est la chaleur humaine. Alors ça commence à bien faire, FOUTEZ-LEUR LA PAIX !
Indice 6: La chaleur humaine qui se dégage de ce peuple, on la retrouve aussi dans sa gastronomie ! Même dans le moindre self, la moindre pizzeria, on retrouve de la vraie gastronomie. Alors ne parlons pas des restaurants qui ont pignon sur rue ! Mais là, le prix est adapté au client... Et ils ont souvent pour habitude de considérer les étrangers comme des millionnaires. Et il y a si peu d'étrangers si ce n'est les ONG... Plus tard, je te donnerai les bonnes adresses des restos pour les portefeuilles modestes. Seul point négatif: encore cet aneth que l'on retrouve dans les salades. Probablement encore un truc soviétique et c'est pour cela que je ne le supporte pas!(la photo de l'assiette: un plat national, la Mamaliga !)
Indice 7: Les enfants abandonnés ? difficile d'en parler. Si chez nous, la misère sociale, culturelle et économique est en ville, là-bas, on la retrouve aussi à la campagne. Lors d'un précédent séjour, j'ai eu l'occasion d'y visiter un orphelinat de bébés. En y repensant, j'en ai les larmes aux yeux: UN VERITABLE CAUCHEMARD !!!
Indice 8:La culture paysanne a été détruite par toutes ces conneries de collectivisme, kolkhoze et compagnie. Soyons vigilant, protégeons la nôtre, car l'ultralibéralisme qu'on cherche à nous imposer conduira au même résultat... Je préfère ne pas approfondir cette question qui me révolte profondemment. L'agriculture ? C'est la misère au milieu d'un potentiel non négligeable mais sournoisement maintenu dans le plus grand délabrement, comme l'industrie qui finit d'être anéantie... Tout n'est pas perdu pour autant dans le domaine agricole, les terres sont bonnes, il existe des savoirs faire spécifiques et je suis certain que simplement plus de liberté suffirait à remettre peu à peu en marche l'esprit d'initiative. Je crois beaucoup aux jeunes. Mais le problème c'est que tous ceux qui font de bonnes études rêvent de fuir le pays et c'est devenu leur projet, leur idéal. HEUREUSEMENT, il existe aussi ceux qui ont décidé de se battre pour que leur pays sorte de cette misère. Il faut les aider, les stimuler ne serait-ce que par nos encouragements ! ALLEZ LES JEUNES !!!
à suivre