Izlaidums est aux pauvres ce que le festival de Cannes est aux riches.
En cette période printanière, que tu sois à la Croisette ou dans les couloirs des écoles lettones, c'est la même chose: Un festival floral où défilent des créatures plus belles les unes que les autres. J'en parle chaque année mais je ne peux pas m'en taire, comme on dit à Sabaillan. Jamais dans aucun pays je n'avais vu ça. En Pologne j'ai déjà participé à "la fête des cents" (100 jours avant le Bac). C'était différent, plus convivial et moins cérémonieux mais ici c'est tellement beau qu'au bout d'une demi-heure t'en a marre, mais ça dure plus de deux heures et il y a tellement de monde que tu ne peux pas t'échapper de la salle sans déclencher une bousculade.
Izlaidums c'est la fête de fin d'étude et cela se reproduit à chaque de fin de cycle. Aujourd'hui dans la nouvelle école si belle que même le maire de Cesvaine ne sait pas comment il va payer les 50% de dépassement du devis, nous assistions à l'Izlaidums de la fin de la 9ème (soit fin de troisième en France): c'était Versailles ! Je t'ai déjà expliqué qu'au lieu de te morfondre en regardant ta société capitaliste s'écrouler, vient donc t'installer en Lettonie dans l'import-export de fleurs. Tu peux même espérer une excellente cotation en bourse tant le marché est porteur: Même les pauvres se ruinent chez la fleuriste ! Ici il y a deux marchés porteurs pour redresser l'économie en chute libre: l'alcool et les fleurs. L'alcool pour les hommes, les fleurs pour les femmes. Quoique, même les hommes acceptent les fleurs des femmes. Ils sont bizarres ces Lettons, eux aussi tout à coup se mettaient à croire à la croissance occidentale...
Revenons à notre Izlaidums. Un de nos enfants de Grasi en faisait partie. Il en reste encore un samedi prochain et on n'en parlera plus. Ouf ! Mais parlons d'aujourd'hui... ou plutôt regardons celui d'aujourd'hui. Début à 17h., fin à 19h30.
Chronologie réglée comme du papier à musique. Même sans comprendre la langue tu peux suivre sans problème:
1. Arrivée triomphante des élus du jour sur fond musical sélectionné. Ils traversent la salle pour rejoindre l'estrade sous les applaudissements du public (applaudissements mous-lettons)
2. Une élève prend le micro et accompagnée au piano va chanter une chanson à la mode, genre cantique dont le refrain est récité mollement en coeur par les élèves rangés en espalier face au public.
3.Discours inaugural de la prof principale dans une intonation somnifère pour donner le ton du spectacle.
2. Deuxième cachet avec le discours du directeur.
3. Flatterie et autres poèmes de la part des élèves à la gloire des mamans.
4. Chacun des élèves va porter une fleur à sa maman qui est quelque part dans la salle (grosse bousculade)
5. Flatterie et autres poèmes à la gloire de la prof principale qui fait mine de rougir puis aux autres profs quelque part dans la salle.
6. Chacun des élèves va porter une fleur à ses profs préférées (Il n'y a que des femmes enseignantes: Où sont les hommes en Lettonie? au bar ? Pas tous quand même...). La séance peut durer quelques minutes. on repaire vite les profs préférées: il faut faire la queue pour leur remettre le bouquet (grosse bousculade). La gagnante est celle qui a le plus gros bouquet.
A chaque mission, l'élève regagne sa place, au fur et à mesure il se sent un peu allégé du gros bouquet de départ.
7. La prof principale va appeler un à un par groupe de trois, les élèves selon une classification étudiée à l'avance. Chacun va recevoir une éloge publique de la prof, souvent empreint de poésie (lassitude...) mais c'est le directeur qui donnera les félicitations et la première poignée de main en remettant le diplôme (équivalent Brevet de écoles) pas de bises. Ensuite, la prof offrira aussi une petit éloge au creux de l'oreille et une bise sur la joue gauche aux garçons comme aux filles. Si j'étais directeur j'en profiterai pour faire au moins une bise aux filles... Lui, même pas...
8. Par groupe de trois, les élèves récompensés vont se mettre devant, face au public et vont recevoir de leur famille, amis... quelques fleurs. Et c'est une procession sans fin qui commence. On peut juger du nombre d'amis de chaque élève. Pour certains ce peut-être un dizaine, mais pour d'autres 50 ou plus. Imagine le temps qu'il faut pour défiler ! Voir vidéo pour un groupe de trois...
9. Et ensuite ce sont les discours, les poèmes, les cadeaux et éloges réciproques qui n'en finissent pas si bien que si tu es bien assis, tu finis par t'endormir. Mais je ne pouvais pas ! J'étais en mission ! je représentais la famille de Grasi avec Sandra et trois enfants. Et aussi la mission de photographe... Donc, je suis resté jusqu'à la fin.
10. Habituellement la séance des photos se passe à l'extérieur mais là, il fait un temps pourri, de la pluie sans arrêt si bien que tout se passa jusqu'au bout dans la salle de la nouvelle école si belle que même le maire de Cesvaine ne sait pas comment il va payer les 50% de dépassement du devis... C'était la Croisette, c'était Versailles !!!
Il était beau le notre aussi, n'est-ce pas ?
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Izlaidums est aux pauvres ce que le festival de Cannes est aux riches.
En cette période printanière, que tu sois à la Croisette ou dans les couloirs des écoles lettones, c'est la même chose: Un festival floral où défilent des créatures plus belles les unes que les autres. J'en parle chaque année mais je ne peux pas m'en taire, comme on dit à Sabaillan. Jamais dans aucun pays je n'avais vu ça. En Pologne j'ai déjà participé à "la fête des cents" (100 jours avant le Bac). C'était différent, plus convivial et moins cérémonieux mais ici c'est tellement beau qu'au bout d'une demi-heure t'en a marre, mais ça dure plus de deux heures et il y a tellement de monde que tu ne peux pas t'échapper de la salle sans déclencher une bousculade.
Izlaidums c'est la fête de fin d'étude et cela se reproduit à chaque de fin de cycle. Aujourd'hui dans la nouvelle école si belle que même le maire de Cesvaine ne sait pas comment il va payer les 50% de dépassement du devis, nous assistions à l'Izlaidums de la fin de la 9ème (soit fin de troisième en France): c'était Versailles ! Je t'ai déjà expliqué qu'au lieu de te morfondre en regardant ta société capitaliste s'écrouler, vient donc t'installer en Lettonie dans l'import-export de fleurs. Tu peux même espérer une excellente cotation en bourse tant le marché est porteur: Même les pauvres se ruinent chez la fleuriste ! Ici il y a deux marchés porteurs pour redresser l'économie en chute libre: l'alcool et les fleurs. L'alcool pour les hommes, les fleurs pour les femmes. Quoique, même les hommes acceptent les fleurs des femmes. Ils sont bizarres ces Lettons, eux aussi tout à coup se mettaient à croire à la croissance occidentale...
Revenons à notre Izlaidums. Un de nos enfants de Grasi en faisait partie. Il en reste encore un samedi prochain et on n'en parlera plus. Ouf ! Mais parlons d'aujourd'hui... ou plutôt regardons celui d'aujourd'hui. Début à 17h., fin à 19h30.
Chronologie réglée comme du papier à musique. Même sans comprendre la langue tu peux suivre sans problème:
1. Arrivée triomphante des élus du jour sur fond musical sélectionné. Ils traversent la salle pour rejoindre l'estrade sous les applaudissements du public (applaudissements mous-lettons)
2. Une élève prend le micro et accompagnée au piano va chanter une chanson à la mode, genre cantique dont le refrain est récité mollement en coeur par les élèves rangés en espalier face au public.
3.Discours inaugural de la prof principale dans une intonation somnifère pour donner le ton du spectacle.
2. Deuxième cachet avec le discours du directeur.
3. Flatterie et autres poèmes de la part des élèves à la gloire des mamans.
4. Chacun des élèves va porter une fleur à sa maman qui est quelque part dans la salle (grosse bousculade)
5. Flatterie et autres poèmes à la gloire de la prof principale qui fait mine de rougir puis aux autres profs quelque part dans la salle.
6. Chacun des élèves va porter une fleur à ses profs préférées (Il n'y a que des femmes enseignantes: Où sont les hommes en Lettonie? au bar ? Pas tous quand même...). La séance peut durer quelques minutes. on repaire vite les profs préférées: il faut faire la queue pour leur remettre le bouquet (grosse bousculade). La gagnante est celle qui a le plus gros bouquet.
A chaque mission, l'élève regagne sa place, au fur et à mesure il se sent un peu allégé du gros bouquet de départ.
7. La prof principale va appeler un à un par groupe de trois, les élèves selon une classification étudiée à l'avance. Chacun va recevoir une éloge publique de la prof, souvent empreint de poésie (lassitude...) mais c'est le directeur qui donnera les félicitations et la première poignée de main en remettant le diplôme (équivalent Brevet de écoles) pas de bises. Ensuite, la prof offrira aussi une petit éloge au creux de l'oreille et une bise sur la joue gauche aux garçons comme aux filles. Si j'étais directeur j'en profiterai pour faire au moins une bise aux filles... Lui, même pas...
8. Par groupe de trois, les élèves récompensés vont se mettre devant, face au public et vont recevoir de leur famille, amis... quelques fleurs. Et c'est une procession sans fin qui commence. On peut juger du nombre d'amis de chaque élève. Pour certains ce peut-être un dizaine, mais pour d'autres 50 ou plus. Imagine le temps qu'il faut pour défiler ! Voir vidéo pour un groupe de trois...
9. Et ensuite ce sont les discours, les poèmes, les cadeaux et éloges réciproques qui n'en finissent pas si bien que si tu es bien assis, tu finis par t'endormir. Mais je ne pouvais pas ! J'étais en mission ! je représentais la famille de Grasi avec Sandra et trois enfants. Et aussi la mission de photographe... Donc, je suis resté jusqu'à la fin.
10. Habituellement la séance des photos se passe à l'extérieur mais là, il fait un temps pourri, de la pluie sans arrêt si bien que tout se passa jusqu'au bout dans la salle de la nouvelle école si belle que même le maire de Cesvaine ne sait pas comment il va payer les 50% de dépassement du devis... C'était la Croisette, c'était Versailles !!!
Il était beau le notre aussi, n'est-ce pas ?
Bienvenue sur mon blog qui dura du 25 mars 2005 au 30 mai 2015, dix ans de ma vie en Lettonie. Pour tout comprendre, reprendre ci-dessous les archives depuis le début : https://jeanlv.typepad.fr/mon_weblog/2005/03/index.html
« Un jour, j'avais les pieds nus et aucun moyen d'obtenir des chaussures. J'allais trouver le chef de Kufah, dans un état de grande misère. Et là, je vis un homme qui n'avait pas de pieds. Je me tournais vers Dieu pour lui rendre grâce, repartis, et supportais désormais mes pieds nus avec patience.»
Golistan de Saadi (poète persan du XIIIe siècle)
Relevé sur le site asin du Gers "Anebeauté": "Quand on a un PDG (Paysan du Gers) dans ses relations, il faut le faire savoir. Jean a laissé ses poules gasconnes des coteaux de Sabaillan pour le village d'enfants de Graši en Lettonie. Jour après jour, il relate avec gourmandise (souvent intellectuelle, parce que la bouffe lettone...) les grandes heures et les petites minutes de cette belle aventure. Des relations internationales à hauteur des gens, avec des vraies relations et des vrais gens, comme disent nos hommes politiques.
Et la plume/clavier de notre gascon s'envole quand le sujet ou l'actualité s'y prêtent (j'ai dit "hommes politiques", moi ?)."