Hé oui, c’était bien le secret ! Ce voyage qui se déroula du 3 au 10 novembre ! Pourquoi un secret ? Parce qu’avant de le divulguer sur toute la planète, nous voulions tout d’abord en informer les personnes qui participent à la vie de Grasi, autant les éducateurs, le personnel que les enfants !!! Et nous ne voulions leur en parler qu’avec quelques matières. Il fallait d’abord partir là bas, en revenir avec des infos, des photos, préparer un rapport et organiser des réunions d’information au sein du village. Voilà qui a été commencé hier et aujourd'hui. Samedi, ce sera au tour des plus petits. Donc, je peux désormais en parler plus librement.
Ce ne sont pas les Français seuls qui vont s’engager, les Lettons participeront aussi ! "ideal !" comme disent les Lettons. Et le message porté par Elina et Christophe lors de cette première réunion d’hier, puis celle d'aujourd'hui avec quelques enfants, a été accueilli avec enthousiasme par "le tout Grasi !". Chacun imagine déjà sa place dans ce projet ! "Mon papa est d’origine moldave" dit une éducatrice, "J’y suis allé quand j’avais 20 ans et en regardant les photos, je vois que rien n’a changé depuis.", "Ils sont encore plus pauvres que nous...", "On pourrait commencer de suite en organisant une collecte pour Noël" s'impatientent d'autres.
Reprenons la chronologie de cette belle histoire qui est entrain de naître.
Depuis le début de l’histoire de Cap Espérance, il était prévu la création de plusieurs villages d’enfants, ceci par étapes. La première étant de créer un modèle, d’en constater les premiers résultats, d’avoir à la tête des personnes compétentes, responsables et que tout soit bien rôdé avant d’engager d’autres projets. La vie et les projets continuent à Grasi mais le temps semble venu de commencer à réfléchir à cette nouvelle étape: la création d’un deuxième village d’enfants.
Comment procéder ? Premièrement, il faut rechercher un pays où les conditions nécessaires soient remplies pour y implanter le projet. Pas facile de choisir, car il y a tellement d’enfants qui souffrent... Il fallait donc bien commencer à prospecter quelque part.
Pourquoi la Moldavie ? Parce que notre mission restera en priorité dans les pays de l’Est. L’ère soviétique y a laissé de grandes plaies encore béantes. Et ce sont les enfants et les personnes âgées qui en souffrent le plus. La Moldavie fait partie des trois ou quatre pays que Cap Espérance a choisi pour une nouvelle implantation. Et "par hasard", c’est un pays que je connais. J’y suis déjà allé 2 fois en mission (en 2003 et en mars dernier) avec l’association Gascogne-Moldavie sise à Auch dans le Gers. J’avais donc déjà des contacts en Moldavie et en France aussi, des personnes fiables qui ont pu nous mettre en relation avec le milieu qui nous intéresse. Je tiens à les remercier chaleureusement à toutes ! Cela nous a bien facilité la tâche.
Notre délégation que nous pouvons appeller "une bonne équipe de compétences complémentaires" était composée de:
- Christophe, Président fondateur de Cap Espérance France et responsable du village d’enfants de Grasi
- Elina, assistante sociale chargée des affaires sociales et aussi représentante lettone du village d’enfants
- Mircea, responsable de la communication et du manoir de Grasi
- Jean, responsable de la ferme pédagogique de Grasi.
Depuis plusieurs mois cette mission de reconnaissance avait été préparée avec l'aide précieuse de Rada une des responsables de l’association "Clipa Siderala" installée à la capitale Chisinau. Au sein de cette association bien connue dans le pays (ils organisent des jeux télévisés du style inter-villes, mais ce sont des inter-orphelinats), une petite équipe permanente encadre un groupe de jeunes Volontaires qui participent à l’animation des orphelinats internats. Leur point d'orgue étant Noël avec la "Caravana de Craciun", une grande animation qui se déplace d'orphelinat en orphelinat avec le Père Noël (le vrai, il m'a même prêté son habit le temps de quelques photos !). Deuxième grande action: L'organisation de vacances en camping au bord de la mer, en Crimée, pour de nombreux enfants. Et durant l'année ils vont animer quelques fêtes pour les enfants, juste pour déclancher quelques sourires...Bravo à tous ces jeunes Volontaires ! Nous en avons rencontré quelques uns lors de notre séjour et nous avons eu même la chance d’assister à une de leurs animations un dimanche après midi dans un de ces orphelinats. Un petit coucou à Rada, Stela, Veronika, Radu... et les autres !!! Ensemble, vous faites un travail formidable ! Bravo Clipa !
Dans ces internats (orphelinats d’état sous tutelle du ministère de l’éducation...) vivent des milliers et des milliers d’enfants dont on a du mal à imaginer leur intégration dans la vie sociale et professionnelle tant ils sont délaissés, isolés, cachés, entassés par centaines (500, 600 !)... Pas étonnant qu’il y ait, parallèlement, autant de prisons qui les attendent (des prisons qui ressemblent étrangement à leur ancien lieu de vie).
Le but de ce premier voyage était de comprendre le fonctionnement et les manques du pays en matière d’aide à l’enfance défavorisée, de rencontrer les administrations, les ONG pour avoir le maximum d’informations et ainsi se faire une idée la plus précise sur les possibilités d’implanter un tel projet dans ce pays.
Hormis les établissements d’état, il existe quelques expériences d’ONG étrangères très louables, mais si rares. Mais elles ne fonctionnent qu’avec des aides extérieures, sans aucune implication du pays. Il est vrai que la politique pratiquée jusqu’à présent en Moldavie était d’encourager les ONG à aider les établissements existants plutôt que de chercher à changer le système. Et ceux qui veulent faire différemment, qu'ils se débrouillent seuls !
Notre souhait, avec l'expérience lettone, est de mettre en place un autre modèle. Nous voulons créer des petites maisons à l'ambiance familiale dans un lieu paisible. Mais nous ne voulons pas être "les étrangers", nous voulons l'implication, le partenariat des instances, qu’elles soient nationales, régionales ou locales. En Moldavie des choses changent, des choses évoluent en ce moment, mais nous n’avons pas encore compris qu'ils adhèreraient à notre projet. Peut-être faut-il un peu de temps ? Peut-être n'avons nous pas encore trouvé le bon interloculeur ?
Alors, en attendant, nous irons aussi à la rencontre des autres pays cités sur notre liste... Ukraine, Georgie... ou ailleurs. Jusqu’à ce que nous trouvions un partenariat solide, comme ici en Lettonie...
Ensuite viendra le temps de chercher le site idéal... à la campagne ? Nous n'en sommes pas encore là.
à suivre.