« C’est dimanche aujourd’hui et tu peux dormir jusqu’à midi… », dit la chanson. Moi, ce n’est pas mon truc. Lorsque je me réveille, il faut que je me lève et rarement mon horloge biologique naturelle ne défaille bien que par sécurité, mon réveil, qui n’est autre que mon portable, sonne toujours pour rien. Je m’oblige à respecter des horaires malgré le fait que j’ai de larges plages pour organiser mon travail comme je le désire. D’ailleurs, en général, j’utilise la plage entière ! Mais le problème, si problème il y a, c’est que cette horloge biologique marche sans dérogation, tous les jours, même les dimanches et jours fériés, même si la veille, je me suis couché très tôt ou très tard…Alors, ce matin, je suis arrivé au bureau à 7h 30 parce que j’ai un peu traîné à la douche, à étendre du linge, à faire un peu de ménage. Depuis déjà longtemps, quand je suis à Grasi, c’est moi qui le matin enlève l’alarme qui sécurise les bureaux de l’administration. Et chaque matin, par prudence, avant de tourner la clé, je me répète le numéro du code secret pour éviter de paniquer comme cela m’est déjà arrivé, lorsqu’en entrant, je ne me souviens plus de ce p….n de code. Une fois, il n’y a pas longtemps, l’erreur fatale déclencha la sirène, mais OUF ! Mes neurones, qui d’habitude prennent le temps de vivre, sont vite venus à ma rescousse. C’est bien une preuve de plus, que les chiffres et moi, on n’est pas très copain. Je suis un Aventurier de la vie ! Quelle Aventure, avec ou sans majuscule, peut-il y avoir dans les chiffres qui sont si stricts, si austères, ne laissant pas une chance à l’improvisation, à l’imagination, à l’innovation… ? Les chiffres, « C’est comme ça et puis c’est tout » me répétèrent sans cesse mes profs de math successifs avec qui j’essayais de négocier, et par la suite avec mes comptables voire les impôts. Moi, je suis un conteur et non un compteur ! et je lutterai toute ma vie pour prouver que cela revient au même et que le résultat sera le même sinon mieux. Je ne me suis pas fait, je suis comme ça et je cherche à être vrai avec moi-même. Alors, même si pour certains, les chiffres, il n’y a rien de plus vrai, « qu’on est obligé, que c’est la réalité, qu’il n’y a pas d’autres alternatives sinon t’es foutu », je pourrai leur rétorquer de regarder autour d’eux la tournure de château de carte qu’est entrain de prendre notre société qui n’a plus que des chiffres comme repaire et qui va tout droit…au précipice ! L’addition est déjà lourde et il s’en rajoute tous les jours un peu plus à ne vouloir pas essayer de réfléchir à d’autres solutions. C’est normal, car les comptes, les chiffres n’offrent qu’une solution et aucune autre alternative ! Alors que les contes, eux, permettent, par des petits sentiers plus sinueux mais si agréables à vivre, de faire son petit bonhomme de chemin en prenant le temps d’admirer la nature, de Profiter de la Vie (avec majuscule) pour arriver, et là je le dis très sincèrement…au même But !!!
Pour en revenir aux codes qui peu à peu envahissent notre vie et par là même notre disque dur, il risque un jour d’y avoir un bloggage quelque part, problème viral ou autre… : Code secret pour ceci, code sécu, code pac, code porte, code client pour ceci, code client pour cela et j’en passe. Mais il y a aussi et surtout ce fameux « Code Bancaire » quand on n’en a pas plusieurs, plus le code de la carte bancaire qui est bien entendu différent des différents comptes bancaires. Car la banque te pousse à avoir plusieurs comptes, cela booste les données qui gonflent le nombre de clients (C’est nous qui leur donnons l’argent pour les faire vivre et en plus elles nous nomment dédaigneusement « des clients » alors que nous sommes en réalité « les fournisseurs » !) Donc, elles gonflent volontairement le nombre de fournisseurs pour faire bonne impression et rassurer ou stimuler les porteurs de titres qui misent sur elles comme on mise sur un cheval. Ainsi, ces braves gens moins cons que la moyenne (sauf quand de temps en temps il s’organise à leur dépend un petit crack boursier sorti de derrière les fagots !) Donc, disais-je, ces braves gens qui sont quelques fois des personnes morales mais pas toujours, emmagasinent, en barbotant dans leur piscine de la cote cannoise (car ils sont au bord de la mer mais ils leur faut quand même une piscine car les poissons salissent l’eau et puis il est intolérable qu’on ait mis autant de sel dans cette mer !) ou dans leur yacht vogant sur le Pacifique, le bénéfice du travail épuisant de ceux qui se lèvent tous les matins à 5h, qui font deux heures de prostration dans le métro ou le RER après avoir laissé le bébé chez la nounou pour ne le revoir qu’à 20h., qui vivent dans un état de stress permanent, sollicités de plus en plus par un système qui les exploite jusqu’à leur ronger les os…Et tout ça pourquoi ? Pour avoir droit d’utiliser un code d’accès à Compte Bancaire !…de vrai bons petits pions d’une société de consommation bien organisée pour justement leur faire utiliser leur code. Cette société bien pensante qui a même créé des « lieux de vie » pour combler le temps libre qu’ils n’ont pas à passer à l’usine ou au bureau…les méga-centre commerciaux ou on a tout, tout (sauf la nature et surtout la liberté ! ) Mais a une condition toutefois : La liberté d’avoir un code confidentiel et surtout de ne pas l’oublier !!!! Sinon, à la rue et code ANPE, ASSEDIC et puis RMI !
Fin de civilisation: Les comptes de Monsieur le Comte se meurent, Que vive les contes !
Conscient de cela, si on veut changer les choses, il faut avoir un projet c'est vrai, mais surtout il faut oser se jeter à l'eau. Heureusement lorsqu'on est pas seul, on peut s'entraider...
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai vécu guidé par la lumière de la Sainte Protection de Saint Christophe, Saint Patron des voyageurs! Mon pépé Giovanni, (je suis issu d’un croisement de deux familles immigrées en Gascogne au siècle dernier. Tu vois Sarko, faut pas t’inquiéter comme ça, on arrive à s’intégrer ! Joue sur d’autres registres, tu fais fausse note ! et puis ton nom, ? c’est-y bien d’chez nous c’nom là ? Ha, dl’Est…Tu vois bien que toi aussi tu as bien réussi à t’intégrer ! Ils t’ont accepté les Français à toi aussi ! Non ? Pas tous, dis-tu ? Peut-être que t’en fais trop ? Alors donne une chance aux autres, ne soit pas égoïste comme ça !) . Que disais-je ? Ah oui, mon pépé Giovanni avait toujours un porte-clé et même un auto-collant métallique de Saint Christophe dans sa 4cv Renault bleue marine. Ce Saint Christophe barbu, traversant la rivière en portant l’enfant Jésus sur son bras et tenant dans l’autre une longue canne. Je me souviens du 12 novembre 1957 où, avec mon pépé, j’ai vécu mon voyage de déportation de Bellegarde Sainte Marie vers Sabaillan. Pour faire 47 km, c’était toute une aventure que l’on pourrait comparer maintenant à un voyage de Sabaillan-Riga ! Les sortis dominicales de pépé et mémé se limitaient à aller à la messe à la Trappe et au repas chez La Sévérina à Laréole ou exceptionnellement chez l’oncle Louis à Saint Sauveur à côté de Saint Jory à 30km. Alors 47 km, c’était loin !!!
Nous nous étions levés à 6 heures pour charger les derniers petits détails du déménagement. Le camion et le gros de la famille avait quitté Bel Air la veille et était déjà installée au Cap du Bosc. Je me souviens encore des pots de géranium qui sentaient fort tout au long du voyage. Mais cet épisode de ma vie me rappelle surtout la prière à Saint Christophe en Italien, suivit du signe de croix marquant le signal de départ de la voiture à 7 heures précises. Grâce à la grâce de Saint Christophe, le voyage se passa à merveille si ce n’est juste avant d’arriver à Sabaillan, à la Moysenne, on s’est trompé de chemin de terre et on est monté jusque chez Emma deux pistes plus loin. J’avais 6 ans…
A la même époque, un autre Saint Christophe allait entrer dans ma vie : le Collège agricole comme on l’appelait à l’époque, qui se situe à Masseube dans le Gers. Ce Saint Christophe là, fut l’école qui forma mon oncle Ange, celui sans qui je ne serai sans doute jamais arrivé en Lettonie, celui qui me fascina du métier qui allait devenir le mien : agriculteur. De temps en temps nous allions le voir ou bien il venait en vacances chez nous car nous étions la famille la plus proche pour lui, à 24 km. Ses études terminées, il devint très vite responsable des grands vergers du Domaine de Marignan à Laas, propriété de la famille Monoyeur, industriels bien connus dans le monde entier, puisque les usines Caterpillar (les Bull, les pelles…etc.et sans doute les chaussures Cat) ce sont eux. C’est dans ce verger qu’il découvrit son Eve, Danielle à qui il offrit une alliance et non une pomme... Depuis l’âge de 14 ans, je passais une bonne partie de mes vacances scolaires chez eux, car il y avait des tracteurs à conduire, ma passion de l’époque…Puis, plus tard, je continuais à Garac lorsqu’il devint chef de culture de la grande propriété de la famille Fontan, généraux de père en fils. Retour aux sources, puisque ces terres sont attenantes à celles de la Trappe. Mais mon oncle Ange restera toujours le plus jeune de mes oncles. Il nous quitta à 34 ans pour aller s’installer dans un autre verger de pommiers bien plus beau, l’Eden, au pays des Anges. Il fut foudroyé par une ligne à haute tension alors qu’il installait des tuyaux d’arrosage dans son maïs. Il laissait Danielle et mes quatre cousines en bas âge…souvenir émouvant qui me remue trop. Si j’ai le courage, j’essaierai d’en parler plus tard…: Productivité assassine, on t’aura ta peau !!!
Mais cette école Saint Christophe m’a longtemps collé aux sabots, puisque j’y entrai comme élève en 1966 pour en ressortir avec un petit diplôme agricole qui me servit de tremplin pour entrer dans la vie active quelques années plus tard. Mais je n’allais pas en rester là, car au dire de son fondateur, le feu directeur Cher Frère Xavier (pas le même que celui de Sept Fons), un Esprit se dégageait en permanence de ceux qui vivent et ont vécu en ce lieu sacré: L’Esprit Saint Christophe, celui qui nous berce en nous stimulant à se faire croire qu’on est mieux que les autres…ça peut aider…Donc, comme je me croyais mieux que les autres, je revenais de temps en temps dans mon ancienne école pour attiser ce feu de l’esprit: rencontres, réunions, jusqu’au jour où je me fis embarquer dans le conseil d’administration, en 1996 ou 97…de là, guidé par un esprit sain, je fis germer avec le directeur de l’époque, l’idée de créer une formation pour adulte en agriculture biologique. L’idée mit du temps à mûrir, mais, irrémédiablement si on voulait ne pas prendre le train en marche, il fallait être les premiers de cette logique « à la mode », les précurseurs, les meilleurs. C’est sur ce stratagème que fut accepté le projet par le conseil. Projet qui se retrouva vite en panne au départ : Qui connaît la bio à Saint Christophe ? Pas grand monde dans le milieu bien pensant de l’agriculture de compétition…Il nous faudrait embaucher un coordinateur pour cette formation, un qui connaisse ces hostiles barbus chevelus qui prônent cette agriculture médiévale, image d’Epinal de la bio dans le milieu professionnel agricole français ! (pendant ce temps, les autres pays foncent plein pot !) : « Moi je suis candidat au poste de coordinateur» dit un couillon ! Le couillon c’était bien moi ! Et je quittais donc ma ferme et aussi le conseil d’administration à la rentrée scolaire 1999 pour devenir enseignant en terminale Bac prof et surtout coordinateur-formateur de la SIL « Technologie des systèmes de polycultures en agriculture biologique » un nom presque imprononçable qui ne pouvait avoir été inventé que par un ingénieux ingénieur…mon ami Stéphane qui fut le responsable pédagogique et que je vais avoir le plaisir de revoir en Pologne la semaine prochaine ! Les voies du Seigneur sont impénétrables…ces voies qui entraînent les hommes loin de chez eux, protégés par Saint Christophe. Je devais donc rester 2 ans en ce lieu imprégné de cet esprit sain et commençait à entreprendre des voyages avec mes élèves: Portugal, Bavière jusqu’ au jour où arriva la Pologne qui fut une étape importante de ma vie, celle qui allait m’ouvrir la voie qui me guida jusqu’à Grasi.
Céline, ma fille adorée, m’a laissé un message sur mon agenda lorsqu’elle est venue ici. Je ne l’ai vu qu’hier. A la date du 30-10, j’ai lu : « Anniversaire à ma fille adorée ». T’inquiète pas j’y penserais ! Donc Céline fut, elle aussi, investie par l’Esprit Saint Christophe durant ses années de collège.
Puis cette page tournée, en 2003, j’arrive par le plus grand des hasards en Lettonie, à Grasi, à 3600 km de chez moi et tu ne devineras pas sur qui je tombe ? Un Christophe, encore un Christophe ! Un Christophe doté lui aussi d’un esprit sain. Un Christophe qui est arrivé là par un sentier qui est devenu au fil des ans une grande avenue : guider sur la voie de la sagesse et donner une chance à des enfants déshérités de trouver leur chemin dans la vie. Christophe est devenu mon sain patron et aussi et surtout mon ami. Christophe, sain de corps de d’esprit m’a dit : « Non, tu n’es pas venu ici par hasard…tu as été envoyé ! », « Mais non ?… », « Messie ! » Non, là j’exagère, je voulais écrire simplement: « Mais si ! » mais elle était si facile à caser… ! A ce sujet, ma maman m’a dit que mon journal, « c’est bien, mais quelques fois…tu dis de ces trucs ! » Heureusement papa m’a réconforté en disant : « Non, continue comme ça, dis ce que tu as envie de dire… » Alors je termine mon jeu de l’esprit !… Est-ce alors le Saint Patron des voyageurs qui me guida jusqu’ici ? Est-ce l’Esprit Saint Christophe ? Ou alors carrément le Saint Esprit ? Toute cette saine trinité réunie, peut-être ? Bon, il se fait tard. Je m’amuse bien, je rigole tout seul devant mon ordinateur, je vais maintenant pouvoir m’endormir dans la paix.
19h. Je reviens du deuxième cours de letton. Avec Nicolas, nous avons pris la décision de nous faire le luxe d'une vraie prof ! Kristine qui est la prof de français de Madona: collège, lycée et même cours du soir pour adultes. Elle a 80 élèves ! je lui avais demandé, depuis déjà un an déjà, si éventuellement, elle pourrait me donner des cours de letton. Le projet était accepté. Donc, lorsqu'en mars je m'installais ici, je pensais "qu'il allait falloir que je mis mette...", mais sans plus. Il manquait le déclic. J'ai parlé de cette idée à Nicolas qui est là depuis septembre et hop ! on y est allé ! le premier cours a commencé mardi dernier. Une heure chaque fois pour la modique somme de 2,5 lat/heure. et nous voilà dans une nouvelle aventure. Nous avons commencé par les prononciation des mots accentués. Je t'en parlerai plus tard.
Sinon, la fraicheur arrive chaque jour un peu plus. Ce matin il y avait du brouillard, pas givrant, mais presque. les feuilles tombent très vite. il va être temps de faire des belles photos car les couleurs sont fantastiques, les érables surtout.
Nous ramassons des pommes. Il est impressionnant de voir la charge de fruits sur chaque arbre. Ici les pommiers sont partout, même le long des routes. Beaucoup se perdent car il y en a trop. nous cueillons en triant: les belles pour la table, les moyennes pour confitures et compotes et les autres pour les animaux. Mais il y en a bien trop ! si nous avions un pressoir, nous pourrions faire du jus...c'est un projet.
Avec le tracteur je nettoie les abords de la ferme. déjà elle est plus vivante. Le verger aussi, mais c'est long de slaloomer entre mes arbres chargés de fruits. Hier nous avons eu la visite hyper sympa d'une délégation de la chambre d'agriculture qui est venue pour nous proposer son aide pour les dossiers, les conseils, pour mon désir de faire connaissance avec d'autres agriculteurs bio, etc. et en repartant, elles (ce sont des femmes, car où sont les hommes en Lettonie? réponse...difficile d'en parler...) nous ont dit: "Vous direz bien à la délégation ministérielle que nous vous aidons pour votre projet !", "oui, oui !". Mais c'est vrai qu'elle nous ont déjà aidé, pour la démarche d'inscription de nos terres en bio par exemple.
Le soleil brille. Il y a des jours comme ça…où tout paraît beau, où sans pouvoir expliquer pourquoi, on se sent bien, comme dans un jacuzzi avec plein de petites bulles. Peut-être est-ce la suite d’une bonne nuit de sommeil après une série de nuit où, encore une fois, sans pouvoir expliquer pourquoi, je comptais chaque heure. Bref, il y a des jours sans et des jours avec : aujourd’hui est un jour avec ! Ce n’est pas trop tôt ! Et l’automne colore notre lieu de vie de multiples contrastes …c bo !(en langage texto auquel je m’initie !)
Pourtant la journée de travail ne s’annonçait pas des plus sympa. Ce matin, j’attelais le gyroboyeur à notre super soviet-tractor pour aller nettoyer le verger de pommiers (toujours ce contexte paradisiaque… !!!) Mais en temps que descendant du couple célèbre, je fus chassé une nouvelle fois de cet Eden à cause d'un nouveau serpent qui celui-là ne parlait pas, mais suintait, ce qui n’est pas mieux : la soudure du bloc en fonte du gyro a lâché ! la belle soudure miraculeuse de notre ami Andreijs le russe, n’a pas résisté au bloc de béton que j’ai trouvé, bien caché sous l’herbe. Sans doute le repère de ce fameux serpent ! La nature sait bien masquer les nonchalances des hommes…Donc, la question est maintenant de savoir si on re-démonte tout ou bien comme le propose mon pote Genadjis avec une vue un peu superficielle du problème : Est-ce qu’on se contente de refaire le niveau de l’huile qui s’échappe par la fissure ? Moi, j’ai bien peur que cette prise à la légère de ce problème ne le transforme en catastrophe : les pignons risquent de casser…Faut donc que je prenne la décision qui va nous faire perdre au moins une journée, plutôt deux.
Dès que j’aurais envoyé ce journal qui me permet de faire une petit pause digestion, je vais préparer des dossiers que me demande mon sain patron qui est en ce moment à Paris pour affaire. Affaire concernant bien entendu le village d’enfants de Grasi qui, comme tu le sais, ne doit son salut qu’au dévouement d’une équipe de bénévoles parigots qui, sans faire de bruit, collectent, classent, répertorient, assurent le relationnel, afin de trouver des moyens, des dons, sans cesse renouvellés depuis plus de dix ans, pour assurer la pérennité de l’œuvre sise en Lettonie. J’ai nommé CAP ESPERANCE, 15, rue Van Loo, 75016 PARIS. Qu’on se le dise !
Si en Lettonie tu entends le mot : souris ! Surtout ne commets pas l’imprudence de sourire ! Malheureux ! Car sans aucun doute, il s’agira bien de l’animal qui hante nos garde-manger dont il sera question ! C’est avec une certaine amertume que je te dis cela, car depuis une semaine je me sens gêné, mais gêné…Tu peux pas savoir !
Depuis 6 ans que je connais la Lettonie, j’ai eu le temps de remarquer que les Lettons sont souriants comme des portes de prison (d’ailleurs ça rime). Pardon pour ceux que je connais, ils ne sont pas concernés et je t’expliquerai pourquoi tout à l’heure. Quand tu circules dans la rue, sur les pistes, que tu vas dans les magasins, les administrations et même à la messe, difficile d’accrocher un regard, un simple regard sans même espérer un sourire…mais non, rien de rien. On fait semblant de t’ignorer. Mais rassure-toi ce n’est pas parce qu’ils savent ou qu’ils soupçonnent (oui, soupçonner est le verbe adéquat) que tu es un étranger, car entre-eux c’est pareil. C’est déjà ça, car c’est pas marrant à vivre et en plus si tu soupçonnais que c’était par rapport à toi, il y aurait de quoi déprimer. Non, le Letton est morose, insensible, neutre de nature, extérieurement du moins et même avec ses congénères. Tu me diras : « pas étonnant avec la vie qu’ils mènent. Comment pourraient-ils sourire dans la galère où ils vivent ». Et là je prendrai leur défense en disant que les Français qui se plaignent, on devrait les envoyer dans une famille rurale en Lettonie, seulement une semaine ! Ils reviendraient heureux chez eux ! C’est pas ça le sujet. Je connais des pays aussi pauvres et même plus que la Lettonie comme la Roumanie ou la Moldavie, où les gens sont bien plus souriants qu’ici (normal, ce sont de Latins !)
Je t’ai déjà raconté que lorsque je me baladais ou que j’allais dans un magasin, j’essayais en permanence de captiver un regard et d’exploiter cette bénédiction du ciel pour essayer d’y caser un sourire latin. A force de persévérances j’ai réussi. Rarement, mais j’y suis arrivé ! Et même j’entretiens cette ambiance avec ceux et celles qui ont accepté de jouer le jeu ! Et j’ai même décidé de choisir les boutiques et les restos où les serveuses répondent à ton sourire, plutôt que de regarder les tarifs : La qualité de vie avant tout ! Oui, mais voilà….
Depuis mardi dernier je suis mal à l’aise…Pendant le cours de français avec ma prof bien aimée Kristine (qui elle, sourit parce qu’elle a vécu en France !), Nous étudiions les formules de politesse et je m’insurgeais en disant qu’il n’y en avait pas besoin ici, car les civilités et les Lettons, ça faisait deux. Et je parlais de ce fameux look « porte de prison », le masque permanent. J’expliquais mon souci permanent d’essayer de décrocher des sourires. Elle m’a répondu que ça ne se faisait pas, que ce n’est pas bien... Que si tu souris à une femme, elle va penser que tu lui fais des avances……BOUM, prends-toi ça…C’est comme si j’avais reçu un coup de masse sur la tête ! Mais alors….Pour qui dois-je passer dans mon quartier ? Pour un dragueur, un Don Juan ??? Et alors, et celles qui répondent à mes sourires ? Non ? Pas possible ? C’est quoi ce pays ? Revenant à Grasi, encore estomaqué, je demandais plus de précisions sur ce sujet à ma conseillère en intégration, Elina. "En effet, me dit-elle, lorsque j’étais enfant, comme je suis souriante de nature, mes parents me disaient toujours qu’il ne fallait surtout jamais sourire, que ça faisait mal élevé…"
Ces jours derniers, lorsque je suis revenu en France après trois mois d’absence, je me trouvais comme parachuté au pays du rêve. Je ressentais un état d’apaisement en voyant les gens si agréables autour de moi. Cela commençait déjà à l’aéroport de Paris où tout le monde te souriait, te renseignait avec un sourire grand comme ça et puis ça continuait dans les rues, au magasin à Lombez, à Auch où on pouvait plaisanter avec la caissière ou la guichetière. J’avais déjà oublié ou pas pu comparer avec autant de recul… car ici en Lettonie, partout, c’est « la gueule » en permanence. C’est l’ambiance générale, cette ambiance pénible, lourde, ou tu préfères te passer de pain pour le repas, plutôt que d’aller affronter cette froidure…sauf…ouf, il y a quand même un sauf.
Une fois que les Lettons sont devenus tes amis, une fois que tu les as apprivoisés, là, ils quittent leur masque et deviennent très souriants, agréables, chaleureux, et peut-être même plus que les latins…mais il faut ce le gagner…Petit à petit, je fais mon trou, ma place dans ce milieu qui peut paraître hostile vu de l’extérieur et de l’intérieur aussi d’ailleurs…sauf qu’en y vivant, on fini par entrevoir les brèches où il faut faire l’effort de se faufiler. Il est possible d’y trouver des vrais amis comme je commence à en avoir pas mal dans le pays…alors qu’ils ne m’en veuillent pas d’avoir essayé de percer « le mystère du masque de fer letton ». Mais peut-être qu’après tout n’est-ce que du laiton, un métal malléable et tendre ? et peut-être souffre-t-il eux même d’être obligé de mettre le masque chaque fois qu’ils sortent de chez eux…Alors bas les masques ! Un nouveau projet pour la Lettonie !!!
Conclusion : je continuerai quand même à sourire, NA ! faire la gueule en permanence me demande trop d’effort et puis, je risquerai d’oublier, je suis si distrait…
ps: Mais comme toujours, les exceptions confirmant les règles, lorsque tu as des amis en Lettonie, ils sont aux petits oignons pour toi. Mon dernier anniversaire fut un évènement : Pour la première fois de ma vie, un jeune fille m'offrit des fleurs ! Cétipaboça ? Baiba qui n'est autre que la soeur de Zane qui fait de gros progrès en Français au lycée de Fumel ! Baiba vient d'être élue Présidente du comité des élèves de son lycée (Gimnazi) de Madona en remplacement de sa soeur partie poursuivre ses études dans le Lot et Garonne pour un an. Des battantes ces petites Purmale de Liezere ! Zane et Baiba, l'avenir vous appartient !
Je crois que c’est la première fois depuis que j’erre en Lettonie que j’assiste à l’automne dans toute sa splendeur. Les couleurs, les lumières, les brumes matinales sont fantastiques. Il faut que je me dépêche d’en faire des photos car sur certains arbres, en moins d’une semaine, il n’y a déjà plus de feuilles. Je ne connais pas les températures actuelles en France, mais ici les petits matins avoisinent les 2 à 4 et ensuite une quinzaine dans la journée. Bon, c’est quand même un peu frisquet, mais on se dit que ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend en hiver. Il paraît que certaines années on peut avoir de la neige courant octobre : Brrrrrrr...
En hiver, les agriculteurs lettons, les bios surtout et aussi les forestiers et arboriculteurs espèrent des températures constantes de –30 à -40 durant une quinzaine de jours au moins par an. Cela va permettre de détruire tous les parasites que seule pourraient anéantir la chimie.
Nous avons de la chance en Europe, nous avons des nouveaux partenaires bien plus respectueux de la nature que nous les occidentaux. Ils vont nous donner l’exemple lorsque nous serons obligés en catastrophe, d’arrêter nos pollutions auto-destructrices. Faut pas croire que c’est simplement pour des raisons économiques que ces pays défendent la nature ! Si, faut pas rêver, ça existe aussi. Mais depuis que je déambule dans les PECO, je me suis rendu compte, surtout en Pologne et en Roumanie, que les gens étaient très attentifs à la qualité de leur alimentation. Contrairement à nous, qui nous laissons hypnotisés par des prix bradés, des chartes et des labels de qualité, qui, mis à part bien entendu la bio avec le logo AB, intègrent tous des produits pharmaceutiques et chimiques dans leur cahier des charges. Nos lobbies à nous, nous disent, parce que ça les arrange : Ce qu’il lui faut au consommateur, c’est un produit standardisé, uniformisé, à l’aspect parfait et surtout pas cher. Ainsi un poulet label de 2 kg, c’est de la qualité et donc labellisé, mais le con de poulet qui va peser 100gr de plus ou de moins, va être déclassé et payé une misère au producteur. Bref, il faut que la nature se mette au pli du commerce sinon ça va chauffer ! Sinon, menace de clones, OGM, transplantation embryonnaire et j’en passe et des meilleures. Parce que ce con de consommateur, au dire des marchands côtés en bourse, veulent ça et pas autre chose. Et bien non ! Le consommateur polonais lui, veut manger sain, naturel, pas trafiqué et il va vouloir connaître d’où vient et comment a été élevé le poulet qu’il va manger. Alors, soit il va aller directement chez le paysan qui respectera sa demande, soit il va s’adresser au marché bio. Et la demande du bio et parallèlement la production, sont entrain de faire des avancées fulgurantes au fur et à mesure de l’amélioration des conditions économiques de la population. Il faut aussi souligner que les agriculteurs français croyant encore que la bio ça ne marchera jamais, la France donc est obligé d’importer plus de 60 % de ses besoins en produits bio !!! Ce aui fait la joie des autres pays (sans commentaire car ils seraient irrespectueux et moi, je suis poli, alors.) Car derrière tous ça, le premier des arguments de ces « consommateurs intelligents », c’est de dire : la santé avant tout ! Mangeons sain et nous serons plus fort, plus résistant à la maladie. Mais je suis persuadé que lorsque la sécurité sociale aura assez décliné, les Français aussi commenceront à raisonner ainsi. Parce que chez nous en France, pour le moment, on préfère payer des assurances, des cotisations sociales, des médicaments et des cancérologues plutôt que des bons poulets bio !!!!! et le principe de précaution alors ??? Pourtant il fait bien partie des normes européennes, non ?
Sais-tu que les agriculteurs bios sont les seuls à être contrôlé pour s’assurer qu’ils ne mettent pas de cochonneries dans leurs terres ou dans l’alimentation de leurs animaux ! Ils doivent eux même financer ces contrôles qui ne sont pas de la rigolade et qui vont jusqu’à analyser la comptabilité pour déceler un achat de produit interdit, analyser les terres, les aliments des animaux, les céréales produites sur la ferme. J’ai moi-même fait partie d’une commission de certification d’un organisme de contrôle et je peux te dire que c’est vraiment sérieux. Mais un agriculteur pas bio, lui, peut faire ce qu’il veut, décupler la dose d’un produit hyper dangereux dont il ne connaît même pas la composition ni les effets indésirables, même pour lui…pénard le mec…Il ne le fera pas pour une raison économique, mais vider le reste de sa cuve à désherber ou simplement la rincer dans le ruisseau…En fait, on évite de faire des statistiques, ça gênerait les multinationales, mais qui a le plus de cancers dus aux pesticides ??? Alors ? réponse : ceux qui en prennent inconsciemment plein la gueule : les agriculteurs pas bios…
Alors, la bio, ça te fait encore sourire ??? Moi pas. Je trouve au contraire que c’est la seule logique fiable pour assurer l’avenir de l’humanité et par de là même, de notre planète. Et moi, la prospective, c’est mon dada !
Je sais qu’en disant ça je conforte le Petit Chaperon Rouge dans son projet. Car mon ancienne étudiante de Castres, celle qui s’est perdue une nuit dans la forêt du grand méchant loup en Lettonie, est entrain de faire la démarche d’installation Jeune Agricultrice et en même temps recherche une ferme en Midi-Pyrénées pour s’installer en Bio ! Bravo PCR ! je suis fier de toi !
Ce samedi matin. Il est très tôt. J’étais déjà au bureau à 6h 15. Je suis un peu nostalgique…Une belle matinée se prépare. Le ciel est magnifique. Les étoiles scintillent comme la traînée d’une baguette magique. La brume matinale, si belle en Lettonie, est déjà installée en attendant l’apparition du soleil. C’est l’automne dans toute sa splendeur.
« Tu ne dors pas assez ! Prend le temps de manger comme il faut ! Pense un peu à toi !» On s’inquiète, on s’agite autour de moi. Faut pas te faire de souci ! je vis à mon rythme, je n’ai d’impératif que celui de bien faire mon travail, de mener ce projet à bien. Je crois que tout avance comme il faut. Mais pour le reste, je vis seul, je n’ai pas d’obligation si ce n’est une famille et des amis qui me tiennent largement compagnie malgré les 3600 km, du moins ceux qui le souhaitent. L’avantage de cette situation, c’est que je ne m’impose pas. Celui qui veut communiquer avec moi est toujours le bienvenu. Celui qui a envie de venir faire un tour en Lettonie est toujours le bienvenu s’il respecte juste un calendrier que nous établirons ensemble pour éviter la cohue à moment donné. Cette vie, je l’ai choisie car elle allait de pair avec mes « ambitions professionnelles » qui vont, comme tu t’en rends compte, bien au-delà d’un simple projet de carrière. Car justement, je n’ai aucun projet de carrière. Mon seul but est de réaliser « enfin » des rêves qui me trottaient, que dis-je, qui m’envahissaient depuis bien longtemps. Je crois en avoir pris le chemin, le bon chemin. C’est un petit sentier qui traverse la grande forêt. Je ne sais pas exactement où il va, mais ce que je sais, c’est qu’un sentier mène toujours quelque part. Il n’est pas là par hasard. Un sentier est toujours utile. Et même s’il y a longtemps qu’il n’a pas été emprunté, il est toujours resté là en attendant qu’un jour il soit à nouveau réouvert.
Boudu ! Je suis vraiment nostalgique ce matin…il va falloir que je regarde si c’est l’influence de la lune ? Car c’est sur, les ondes magnétiques ont de l’influence sur la vie. Regarde par exemple les vagues de la mer, ressens les forces du vent d’autan ou du midi, des nuits de pleine lune…tout cela était le savoir de nos ancêtres que la vie moderne s’est bien chargée de ridiculiser pour mieux nous rendre dépendant d’une société de consommation que je ne veux pas complètement dénigrer, si on sait trier le bon grain. Le fait de pouvoir communiquer avec toi en ce moment par exemple. Mais en écrivant cela je pense à Maria THUN, une chercheuse allemande qui a passé toute sa vie à observer la vie des végétaux dans sa ferme expérimentale. Elle a observé en biologiste professionnelle, les influences de tout notre environnement interplanétaire sur la vie des plantes. Par exemple, elle sème quelques graines de radis chaque heure, chaque jour de l'année et ce depuis plus de 50 ans ! Elle observe les variations énormes qu’il peut y avoir entre des jours ou des heures « racines » ou « Fruit »ou « plante » etc. ainsi si tu plantes un radis tel jour, à telle lune, il deviendra magnifique, à un autre moment, qui peut être dans la même journée, il ne fera que des feuilles et une racine insignifiante, à un autre moment, il montera en graine. Cela nous l’avons facilement observé sans savoir pourquoi, sur les salades du jardin par exemple: certaines séries vont bien pommer, d’autres vont directement monter en graines…Tout cela aura aussi une grande influence sur les maladies des plantes qui seront, selon ces périodes, plus ou moins résistantes...Maria Thun qui est très âgée maintenant, a donc passé sa vie à noter tout cela et elle a créé un calendrier lunaire annuel que nous pouvons trouver dans le commerce. C’est la bible des agriculteurs bio-dynamiques.
Ce matin, je vais finir de ressouder le bloc en fonte du girbroyeur. Je crois faire du bon travail, peut-être même mieux qu’Andrejis le russe qui a juste utilisé les 10 électrodes que je lui avais fourni. J’en suis déjà à 16 et je n’ai pas encore fini ! Puis à 13 heures, changement complet d’ambiance : je reçois et mange avec une délégation de l’ambassade de France. Puis à 16 heures, je suis invité à une grande fête au lycée Gimnazi de Madona. Je me ferais accompagner d'enfants de Grasi. C’est la fête annuelle « des nouveaux ». Les nouveaux élèves entrant au lycée. Alors le costume est de rigueur ! Dans ces fêtes à la lettonne, on se croirait au festival de Canne ! Robes de soirées, brassées de fleurs, beaux mecs en costard trois pièces…J’aime bien en fait…on s’y sent bien ! Je te ferai des photos !
Et voici, le lever du jour ! Une vue depuis ici, dans mon bureau, il y a 5mn. Bonne journée !!!
Nouvelles de Mongolie. Valérie et Sébastien, nos amis tarnais y étaient partis passer une année sabbatique après un projet mûrement réfléchi de vie intégrée dans un village, un projet humanitaire. Mais en démarrant avec un visa d’un mois, ils comptaient bien, une fois sur place, pouvoir le faire prolonger facilement selon les informations de l’ambassade en France. Mais il n’en fut rien. Un mois…quinze jours, des bricoles et encore en négociant avec « dessous de table officiels » comme de coutume dans de nombreux pays. Ils repartent…
Je les avais connus et nous avions immédiatement sympathisés en Mai où ils firent une étape de deux jours de leur long périple à Grasi. Leur vieux 4x4 Land Rover et leur grosse remorque traversa l’Europe, La Russie…chemin qu’ils refont en sens inverse dès cette semaine. Ils sont en route. Encore en Mongolie, hier un mèl m’annonçait cette nouvelle qui me réjouissait bien à moi. Car ils ont choisi de repasser ici fin octobre !!! Super !!! ils sont tellement sympa que je suis très heureux de les voir à nouveau. J’ai de suite répondu en disant que fin octobre une chambre de mon appartement les attendait à bras ouvert. Et j’espère qu’ils ne seront pas aux pièces pour rentrer, car désormais en Europe, ils ne seront plus victimes des visas. Tiens, ça tombe bien ! On a du boulot ! Une semaine, un mois, jusqu’à la fin de votre année sabbatique ! Les paris sont ouverts ! Et comme ils lisent mon journal, ils auront toute la Russie pour ruminer un projet !
Hier et aujourd’hui, comme chaque année le deuxième week-end d’octobre, c’est la fête locale de mon village gersois de Sabaillan…et moi alors ? Et la paella qui réunit tout le village… ? Ma chaise sera vide…J’en ai l’eau à la bouche depuis que Céline m’en a parlé sur ses messages ! De la bonne paella sans patate à l’aneth : un rêve…que dis-je, un fantasme ! 180 inscrits au repas ? Ça ne m’étonne pas. Chez nous, quand on parle bouffe, là ça devient sérieux ! Et c’est le comité des fêtes qui s’occupe de ça et c’est du boulot pour l’organiser. Marie Ange ma conseillère municipale de fille qui en est la présidente sait de quoi je parle. Au fait, tant que j’y pense ! De la paella, vous pourriez pas en mettre un peu au congélateur pour quand je reviendrais à Noël ? Ce doit-être possible si les 180 convives ne la mangent pas toute…ou alors tu en mets un peu de coté sans que personne ne le voit, avant qu’ils arrivent ! Ah mais non, je ne peux pas dire ça ! Il y a plein de sabaillannais qui lisent mon journal et si je le dis, ils vont te surveiller…bon, ben, dommage pour la paella alors…mais j’espère que vous aurez pensé à moi en la mangeant ! et c’est juste au moment où j’écris que vous êtes entrain de la déguster car j’ai écris ce journal hier soir…c’est la vie. On ne peut pas tout avoir ! la Lettonie ou la paella, faut choisir…Allez, je plaisante, je suis bien ici. Il y a d’autres valeurs ici ! Lesquelles au fait ? Mais suis-je bête, c’est à moi à de les retrouver. Oui, c’est plus juste de dire comme cela.
En tous cas, je suis content car jeudi soir et jusqu’à dimanche je serais en Pologne, au sud, à côté de Krakow (Cracovie) pour revoir mes amis de Sichow ! Si mes avions de la Lot, la compagnie polonaise, ne tombent pas bien sur ! Car en plus j’en ai deux à prendre : un jusqu’à Warsava (Varsovie) et un autre pour arriver à Krakow. Et dimanche soir autant pour revenir. C’est une grande fête en perspective ! 40 ans de l’école de Sichow ! je suis très honoré d’y être invité ! Là bas, c’est pas les patates à l’aneth, mais la soupe de betteraves la spécialité ! Chacun la sienne, c’est ce qui fait le charme de l’Europe. Mais je ne sais pas si ça plairait au Gascon tous ces trucs où y a pas de viande ? déjà que dans une paella il y a trop de poisson et de riz… J’entends déjà Hubert dou maçoun qui dirait : « Yè ques aco ? qu’in bouï pas d’aco jou, M.D. ! »
Ce matin dimanche le soleil inonde mon bureau. J’attends que les personnes de l’ambassade qui logent au manoir, pointent le bout de leur nez, car nous allons visiter le chantier de la ferme. Et au fait : Faut vite que je leur envoie le dossier-projet avec une demande de subvention sur la programmation 2006 ! T’as entendu cher sain Christophe, mon sain patron qui est en ce moment à Montrouge ? le dossier que j’ai réactualisé est prêt, manque juste la lettre. Mais j’y pense ! Si dans mes lecteurs quelqu’un se sent concerné pour nous venir en aide, qu’il me fasse un petit signe ! je peux envoyer le dossier, il est dans la cervelle de mon ordinateur.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes: ma petite Anaïs qui faisait sa sieste sur mon lit, ici en Lettonie, le mois dernier...Qu'elle est belle...
Une petite note d'humour dans ce monde de brutes: le clonage
Mais qu'elle est la véritable origine du masque de fer letton ? Ce matin, Michèle de Riga, une nouvelle fan (Bienvenue au club Michèle !) me faisait la suggestion suivante: "Pour comprendre pourquoi, il faut aller visiter le musée de la résistance à Riga". J'irai dès jeudi matin. Le peuple letton a depuis toujours subit les influences de nombreux envahisseurs qui se disputaient sans cesse ces terres aux frontières mainte fois redessinées. Cette région baltique appartint le plus récemment à l'Allemagne (les fameux Barons Baltes), à la Pologne, la Suède, la Russie pour enfin être engloutie dans le bloc soviétique. Cette "expérience" de courte durée à l'échelle de l'Histoire, accentua rapidement ce comportement de la population qui selon la propagande soviétique devait s'épier, se surveiller, pour une bonne application d'une "doctrine égalitaire"...Alors, on se soupçonnait, se dénonçait entre voisins. N'importe qui pouvait être un espion. Donc, mieux valait mettre le masque...Facile alors de comprendre que ceux qui ont vécu ce régime soient encore marqués du sceau de la résistance au régime soviétique si sot...Les jeunes sont déjà moins impreignés de ce lourd passé et ont le même regard que les tous les jeunes européens...heureusement ! Donc tous les espoirs sont permis en Lettonie !
Le mot d'ordre était: CHUT !
Et aux grands maux les grands remèdes !
Mais avec le nouveau régime, l'accès au progrès, le sourire revient peu à peu dans les chaumières, mais ce sera long...
« Hello ! Le soleil brille, brille, brille !». Le matin ça caille un peu, mais dans la journée c’est EXTRA ! Mon fan-club de la côte d’Azur me dit que du côté de Nice c’est pareil ! Alors quelle différence entre la Baltique et la Méditerranée ? Je te le demande ? Bon, on verra cet hiver…
Pour ceux qui ont eu le privilège de voir le journal d’hier après-midi, car oui, hier j’ai fait un doublon, ils ont du se rendre compte que les images ont changé ou bien ont été modifiées. En effet, pour agrémenter mes propos, j’ai trouvé des caricatures qui correspondaient bien et qui m’amusaient. Mais voilà, il y avait des trucs écrits en russe et j’en ignorai le contenu. Tout à l’heure, j’ai demandé à une qui savait et…c’était très grossier, m’a-t-on répondu. Panique à bord ! Moi qui suis de nature discrète et qui essaie de maintenir une ambiance plutôt sympa dans mon journal, je me suis senti tout à coup mal à l’aise. Et 2 mn. plus tard j’avais tout supprimé. Mais je regrettais quand même car je trouvais ces illustrations d’un humour qui me convenait. Alors, j’ai ouvert le programme « iphoto express » et je les ai reprises une à une en modifiant, réinterprétant ou supprimant carrément les textes en russe. Donc, maintenant mon journal a retrouvé sa propreté et son humour naturel…le mien.
Aujourd’hui, j’ai travaillé au verger de pommiers pour broyer les herbes hautes avec notre tracteur et le broyeur une fois de plus réparé. Hourra ! Ma soudure tient ! (pour le moment…) Il paraît qu’en Lettonie il y a très peu de serpents, mais on sait jamais. Nous avons plein de pommes à récolter et je me souviens de mes lointains ancêtres qui ont eu des problèmes à cause d’un serpent dans un pommier…alors prudence. Quoique je pnse que ce ne deavait pas être en Lettonie cette histoire, car, se balader avec une feuille de vigne pour vêtement à la saison de pommes, faut avoir de sacrés anti-corps ! Genadjis vient de partir me remplacer au poste de pilotage du soviet-tractor. Ce soir j’ai des quintes de toux. J’espère que c’est une allergie à la poussière provoquée par le broyage et non la grippe que m’aurait refilé Nicolas. A moins qu’il ait une allergie lui aussi ? Car de Nicolas, je n’en parle pas ces temps-ci parce qu’il est au lit depuis plusieurs jours et ça ne s’améliore pas ! C’est la première fois qu’il vit en Lettonie et je crois que ses anti-corps se sont laissé piégés par des virus ou pollens autochtones qu’ils ne connaissaient pas. Car les virus baltes c’est pas du gâteau paraît-il ?. Moi, je crois que mes anti-corps ont bien cerné le problème dès le départ. J’avais bien téléchargé les bons anti-virus ! A ce propos, je voudrai rassurer les futurs touristes ou hésitants : depuis que je rôde à l’Est, pas une seule fois, tu entends bien, pas une, je n’ai attrapé la tourista ! Pourtant je me souviens de ce puits à Vechéa en Roumanie avec le tas de fumier à côté…ou celui de Margau si près d’une rivière hyper polluée et dont l’eau avait la même couleur…Alors le coup des normes d’hygiènes HACCP et tutti quanti, tu repassera !…Il y a quelques années, j’ai suivit une formation professionnelle pour apprendre les normes HACCP en gastronomie et en conserverie. On en ressortait tous terrorisés ! Comment sommes-nous encore vivant après avoir mangé des conserves stérilisées dans la lessiveuse chauffée au feu de bois de chez ma mémé ? Et la viande qu’on découpait sur du bois ? (reste à prouver que le bois est plus dangereux que le téflon dont des particules se mélangent aux aliments ?), et la viande séchée à l’air libre et le fromage au lait cru, et les œufs gobés tout chaud ramassé sous la poule qui courait dans l’herbe, etc…du pipeau tout ça. Je crois que petit à petit on est entrain de s’affaiblir, d’affaiblir notre système immunitaire et qu’à force de vouloir vivre dans un univers trop aseptisé, le jour où un virus passera par là, tu sera sur de pas le louper ! Du coup, tout le système médical et les laboratoires pharmaceutiques se feront un plaisir d’être là ! Un rhume passe encore, mais il existe des virus bien, mais alors bien plus dangereux qui pourraient décimer l’humanité. Qui est sur d’y passer en premier ? Ceux qui vivent dans leur confortable aseptisation autant que ceux qui vivent dans un état d’insalubrité maximale ! Et alors ? Encore une fois ? Et le principe de précaution ? Ne vaudrait-il pas mieux vivre avec un léger microbisme qui titilleraient nos anti-corps en permanence pour éviter qu’ils ne s’endorment ? La question est posée…
Jolka, ma copine prof de français de Pologne m’a envoyé le programme de mon séjour. Arrivée de mon avion (non, non, ce n’est pas le mien à vrai dire ! Je sais que les français sont riches, mais quand même…) à Cracovie jeudi à 17h15. On m’y attend pour être à Sichow Duzym 2 h après. Logement dans l’appartement de l’école. Lendemain matin, petite visite de la région. J’espère y revoir des amis. Après midi, grande festivité pour fêter les 40 ans de l’école qui se porte à merveille. 40 ans c’est le bel âge : déjà une grande expérience et toute la vie devant soi ! à 54 aussi soit dit en passant ! Bon où en étais-je ? Oui, le lendemain samedi, ce sera plus dur : visite du camp de Oświęcim, plus communément appelé Auschwitz du nom d’une des deux villes concernées par ce douloureux souvenir que notre civilisation portera comme une profonde blessure qu’il est impossible de cicatriser. En 2002, lorsque j’ai accompagné mes étudiants français là bas, j’ai voulu les y amener. Ce fut dur, très dur. Mais c’est un devoir d’entretenir le souvenir pour surtout ne pas oublier. Il suffirait de peu, une élection contestataire par exemple…Certains Polonais de bonne foi, m’ont reproché d’avoir amené mes étudiants en ce lieu : « Ce n’est pas la Pologne ça ! » m’ont-il dit. C’est vrai, la Pologne n’y était pour rien, elle a subit…comme les autres. Bon, j’y reviendrai…avec mon appareil photo. Ensuite, la soirée est prévue à Cracovie où je logerai dans un hôtel du centre, avec Stéphane de David de Masseube qui seront avec moi. Et le lendemain, petite balade à Cracovie en attendant l’heure du vol de retour. Arrivée à Riga dimanche à 23 h 45.
Et le village d’enfants ? Il est vrai que ces temps-ci je m’éparpille dans mes élucubrations alors que peut-être certains de mes adeptes souhaiteraient avoir quelques nouvelles de Grasi. A vrai dire, depuis la rentrée scolaire, le temps semble s’être arrêté. Grasu Bernu Ciemats (le village d’enfants de Grais ) est vidé de son contenu les trois quart de la journée. Et ensuite, il y a les devoirs à la maison. Mais de temps en temps, vers les 17h on voit se pointer un Valerijs, un Egards ou deux, un Kristaps qui disent souhaiter une occupation. L’occupation principale en cette saison est de vite terminer de fendre et rentrer le bois, car ici, il ne faut pas prendre l’hiver à la légère, c’est du costaud ! les –30 voire plus avec 50 cm de neige pendant 4 mois, c’est pas de la rigolade. Alors, mieux vaut avoir son stock bien à l’abri. Nos amis, selon leur humeur, participent à ces corvées. Ce qui connaissent un peu se douteront qu’il serait étonnant de voir Valerijs avec une hache. Et ils auraient parfaitement raison. Valerijs c’est l’homme de la mécanique, du pilotage de tracteur, d’entretien du matériel. Alors je crois qu’il vaut mieux stimuler les jeunes selon leur sensibilité…Valerijs s’occupe donc de réparer la faucheuse, de faire des petits transports internes avec le tracteur et la remorque…Il y a aussi Sylvia et Agnese qui ont en charge la responsabilité des animaux. Tous les soirs avec passion, elles passent du temps à la fermette d’Ozolini pour donner un peu de foin ou d’aliment complémentaire aux chèvres. Il faut aussi donner de l’eau, étrier, brosser notre ânesse Maria Louisa qui adore ça. Il est à noter que les chèvres se laissent apprivoiser de mieux en mieux. Hier, elles sont venues me manger dans la main ! Elles étaient un peu sauvages depuis leur arrivé, j’étais certain que nos deux filles sauraient les amadouer. En ce moment Sylvia est seule. Agnese fait un stage à l’hôpital, mais rassure-toi, ce n’est pas grave.
Le week-end, il y a normalement un peu plus d’animation. Normunds, Zigis, Roberts, Vaclavs qui sont les costauds cherchent à s’activer, à se défouler de cette satanée scolarité qui les oppresse.
C’est le petit matin. J’étais au bureau à 6 h. En venant, j’ai fait les 4 km dans un brouillard épais, j’espère qu’il se lèvera car le ciel semble très dégagé.
Il y a aussi le feuilleton habituel des rendez-vous reportés, propres à la Lettonie : Arturs qui doit venir avec son bull depuis lundi 3, puis ce fut reporté au jeudi qui fut reporté à hier lundi et toujours pas d’Arturs aujourd’hui…et en plus sans excuse, sans coup de fil…le vide complet. C’est nous qui rappelons chaque fois. Puis il y a Aivars qui doit venir labourer les 13 hectares du champ de l’élan. Je suis allé le voir la semaine dernière, mercredi ou jeudi, pour lui dire de venir me labourer ce champ car s’il se met à pleuvoir, c’est foutu jusqu’au mois d’avril-mai ! Il m’a dit : « je t’ai donné la facture du discage, quand tu m’auras payé, je viendrai immédiatement. » j’ai fait allusion à la confiance, mais il fit un petit sourire qui voulait dire : « business is business. Ici en Lettonie, la confiance on connaît pas ! » donc en rentrant au bureau j’ai invité Valda notre comptable à régler ce problème, ce qui fut fait dans la journée. Mais toujours pas de tracteur d’Aivars à l’horizon…je presse mon pote Géna de s’enquérir d’une information. « Jeudi sans faute !!! » Et le temps passe…et le bull et le labour…tant qu’il fait beau, c’est bon, mais si le temps change, tout est reporté jusqu’au printemps…Il y aussi la tarière qui est en réparation à Madona. Il y a une heure de travail pour changer une pièce défectueuse prise en garantie. La machine est chez le mécano depuis le jour où je suis parti en France ! le 6 septembre !!! Nous y sommes repassés plusieurs fois…Par contre je dois saluer la rapidité de notre fournisseur de poteaux ! en 8 jours, il nous a fabriqué et livré les 1000 poteaux commandés ! Du jamais vu en Lettonie !!! Un dissident sans doute cet Einars Ozols d’Aluksene ! Il va falloir lui donner une médaille. Il est tellement inhabituel de rencontrer une telle prestance en Lettonie qu’on en viendrait à s’interroger sur la qualité du produit : aura-t-il était bien traité par imprégnation ? Difficile d’en juger ? l’avenir nous le dira… Tu vois comme on devient à force !
Ce matin je pense tronçonner un peu de bois pour aider Genadjis qui doit un peu déprimer seul devant l’immensité du chantier. Mais il a des gens qui dorment au manoir…attendons que ces clients soient repartis.
Pour terminer, je voudrai saluer très chaleureusement le club des méditerranéennes niçoises, brunes aux mèches blondes, qui viennent dès aujourd’hui gonfler le nombre d’adeptes à mon fan-club ! Bienvenue donc à Peggote et Les Gambas !!! Sans oublier les habitués : Marianne, Lincé, David, Franck et je dois en oublier plein que je ne connais pas encore. Je rappelle aussi l’adresse de Sensations Lointaines : www.sensationslointaines.comLes aventuriers des temps modernes ! De véritables conquistadors ces Euro-trotters !
Sympathique invitation à la lettone, c'est à dire au pied levé ! Kristine, ma ravissante professeur de letton, qui est avant tout prof de Français à Madona, me téléphone à 13 h: "Jean, pourrais-tu venir à 15 h assister au cours de français, je veux faire une surprise à mes élèves." "pas de problème je serais là, mais j'attends Arturs avec son bulldozer et j'espère qu'il arrivera avant pour lui montrer le chantier, sinon..." Et le miracle eut lieu ! Arturs arriva à 14h30 ! après dix jours d'attente...et de reports perpétuels. Tout se synchronisa donc à merveille et je passais à 200 à l'heure à mon appartement pour mettre le jean et la chemise tout propre, un coup de sent-bon et hop, en route pour Madona.
A 15 heures pétantes j'entrais dans la classe de français du Gimnazi, le must des musts des lycées en Lettonie ! Un des meilleurs lycées de Lettonie avec qui j'ai déjà plein de projet, dont celui urgent de trouver un lycée en France qui voudrait bien faire un projet d'échange dans le cadre d'un programme européen. Ceci pour des classes de 2, 1 et terminale. Tous ces projets permettront en plus au village d'enfants de Grasi de s'intégrer un peu plus dans le local, et aussi de loger les hôtes de ces échanges: deux soucis permanents.
Là il s'agissait aujourd'hui de rencontrer les élèves de 1ere soit la 11eme en Lettonie. Quel enthousiasme ! Ils sont en deuxième année de français et déjà capable de se débrouiller bien mieux que moi dans leur langue ! Improvisation complète, mais j'ai ma technique et j'adore ce contact avec les jeunes ! j'adore et Kristine le sait et c'est pourquoi elle se doutait bien que j'allais accepter son invitation de dernière minute. Après les présentations des uns et des autres, les questions fusèrent. Des questions du genre :"Comment depuis la France, avez vous pu venir vous perdre ici ? à Riga d'accord, mais à Madona ? qui connait Madona en France ? Et comment avez-vous connu Grasi ? Et j'expliquais tout depuis le début. Je les ai invité à venir à Grasi. Mais j'expliquais surtout ma vision optimiste de l'avenir que je vois florissant pour la Lettonie. Qu'il fallait que les jeunes lettons arrêtent de fantasmer sur les pays riches, que l'avenir était ici et pas dans les pays qui ont eu une forte croissance et qui sont entrain de redescendre. Tandis qu'ici tous les espoirs sont permis. qu'il fallait que leur pays améliore la qualité en tout: production, gastronomie, accueil (le fameux sourire manquant, on en a parlé aussi) etc...etc...Deux heures de délice non stop pour moi et pour eux aussi car ils n'en finissaient pas de questionner ! Bon, je vais finir par le caser mon concept de diagnostic-prospective pour lequel j'étais venu ici à l'origine !
Kristine à trois classes équivalentes à celle-ci. j'irais à la rencontre des deux autres, plus les cours du soir pour adulte. Mine de rien, à part le lycée français de Riga, le Gimnazi de Madona est le lycée où il y a les plus d'éléves qui apprennent le français: plus de 80 ! et cela grâce à l'enthousiasme communicatif de leur professeur Kristine ! Bravo ! Continue !
C'était en Mai à Grasi: la rencontre de mes étudiants du Gers avec les élèves du cours de français de Madona. Guntars Paeglis les avait accompagné. Il est directeur de la formation universitaire pour la région de Madona et aussi le mari de Kristine !
Hier fut un jour « avec ». Plein de petites choses ont fait que la journée fut agréable. Cette participation au cours de Français, puis le bull qui est enfin arrivé, il commence le chantier ce matin à 8 h. Il faut à tout prix finir les 800 mètres de traversée de la forêt de l’Ours, celle où se trouve le chêne de la Dame Blanche. Sur la piste qu’il va créer nous construirons la fin du périmètre de la clôture de la ferme. Pourquoi m’inquiétais-je tellement que le bull arrive avant la pluie ? A cette saison il est déjà bien étonnant qu’il fasse encore aussi beau et dès que la pluie arrivera, ce sera fini. Le bull ne pourra plus entrer sur des terrains qui vont rester trempés jusqu’au mois de mai, au mieux. Et troisième satisfaction enfin: ça bouge autour de mon journal ! Une équipe de supporters débarquant avec une sensation lointaine de la côte d’Azur est venue s’impliquer, commenter, agrémenter les pages du journal et j’aime ça. Que chacun de mes lecteurs fasse un petit coucou de temps à autre me stimule bien. Même si je sais qu’il y a des inconditionnels qui sont toujours là, fidèles et qui ne se manifeste pas ou bien simplement s’il y a un ralentissement.
Un ralentissement, il va-y en avoir un…je quitte Grasi à 14h 30 pour Riga où je passerais la nuit, puis la matinée à l’ambassade de France et si je peux au musée de la résistance. Puis vers 15 h je m’envole pour la Pologne. Et je ne serais de retour en Lettonie que dimanche très tard et à Grasi lundi après-midi…mais si je peux, depuis chez mes amis Jolanta i Marian, la prof de français de Sichow et son mari, sur leur ordinateur, je viendrai consulter ma messagerie et j’espère pouvoir mettre un petit mot sur mon journal.
Je recommence à lire. J’ai passé des années, vivant à 100 à l’heure, sans ouvrir un seul bouquin si ce n’est ceux qui me servaient à préparer mes cours ou ceux qui accompagnèrent mes angoisses de paysans : les maladies du mouton. Le faisan, son élevage, ses maladies. Les maladies des volailles. L’élevage du gibier, la révolution fourragère. L’agriculture biologique. La ferme bio-dynamique. La chasse aux paysans. La fin de l’agriculture. La prospective au service du développement rural. La terre malade des Hommes….etc. Mais des romans, Niet, Ne, Nie, Not…depuis des années. La solitude m’a obligé à rechercher des occupations. Mon moteur, tu t’en rends compte, c’est quand même l’écriture plus que la lecture. J’avais besoin de faire le point avec moi-même, me libérer de choses qui me pesaient et dont je n’avais jamais trouvé le contexte pour en parler librement. L’âge peut-être, mais aussi l’opportunité inattendue d’avoir du temps pour soi, m’ont libéré de toute contrainte et donné la force de dire ce que j’avais envie de dire. J’ai hésité à m’engager dans l’écriture d’un roman. J’y pense toujours, mais pas le courage de m’y lancer par crainte de me laisser trop envahir. Car lorsqu’on écrit une histoire, il faut la vivre jour et nuit et en fait l’écriture n’est que résonance de la pensée, de l’imagination. Je le vois bien lorsque j’écris des petits trucs comme "la Dame Blanche de Grasi" par exemple. Pendant trois jours, j’ai complètement vécu dans cette ambiance que me racontait mémé Vineta : comme elle existait vraiment, comme si j’y étais vraiment. Idem lorsque j’ai écrit les pièces de théâtre pour la Pologne ou les petits contes de mon bouquin. Je crois que je ne pourrai écrire un roman que lorsque je serais libéré de mes obligations professionnelles…
Lire ce qu’ont rêvé les autres ne m’avait jamais bien emballé, je suis un créatif et donc je préfère inventer plutôt que regarder les inventions des autres. Et puis j’ai un autre problème, je ne sais pas choisir les livres. J’ai acheté plusieurs fois des bouquins dont on parlait, mais au bout de 20 pages, j’abandonnais. Ça n’accrochait pas, je n’étais pas captivé sauf par un tout petit que m'offrit mon cousin Etienne: « Jonathan Livingstone, le goéland » de Richard Bach au édition « j’ai lu ».
Mais très récemment, c’est à dire depuis que j’écris mon journal, des amis lecteurs m’ont conseillé ou offert des livres qui correspondaient bien à ce que j’essaie de faire partager. « As-tu lu untel ? je suis certain que ça te plaira, je te l’envoie ! ». J’en ai lu plusieurs et là, je viens de commencer la lecture du bouquin d’Alexandre Jardin : "Les Coloriés". Au bout de quelques pages, j’ai été captivé. Je lirai la suite dans le bus cet après midi, puis dans les avions de cette semaine. L’idée me semble géniale. A savoir comment il va la développer. Un groupe de 60 enfants se retrouve seul sur une île. Age moyen 13 ans. Comment va s’organiser cette société sans repère d’adultes qui savent tout, qui ont tous les droits ? Ils se sont nommés le peuple des Coloriés. Je n’ai fait que lire les 10 premières pages…mais déjà l’idée que l’on sous-estime l’enfant qui sommeille en nous, m’intéresse. Je trouve que notre côté adulte voudrait nous empêcher de nous remettre en cause, alors que la vie, c’est au contraire, se remettre en cause en permanence pour aller de l’avant et surtout de continuer à la regarder avec des yeux d’enfants étonnés, interrogatifs, éblouis, émerveillés, curieux. Ce livre répondra-t-il au désir, à l’attente, qu’il a suscité en moi ?
Et comme en Lettonie, tout se dit avec des fleurs, je voudrai moi-aussi, offrir des fleurs, une fleur de lys bien choisie. Je t’ai déjà dit que la vie, ma vie, ta vie, était un petit sentier dans une grande forêt, un petit sentier que l’on suit, confiant, sans trop savoir où il nous mènera, mais avec la certitude qu’un sentier grand ou petit, va toujours quelque part. Il n’est pas là par hasard. Le sentier que je suis depuis des années, c’est "le sentier de la Passion". Je ne le quitte pas, je n'en vois pas le bout, mais il est si agréable. Alors aujourd’hui je voudrai faire une fleur à la Vie en lui offrant une fleur : celle de la Passion, celle de ma Passion !
- donner les numéros de téléphone où je serais joignable en Pologne à mon sain patron, à ma non moins saine directrice adjointe, à ma saine famille en France...
- regarder si je n'oublie pas mes billets d'avions et mon passeport
- bien plier le costume vert et la cravate dans le sac.
- Ne pas oublier mon bouquin: "les Coloriés"
- prendre dans le tiroir du bureau l'enveloppe contenant la monnaie polonaise, les Zlotis, qui me restent du dernier voyage en février.
- et aussi donner des idées à mes lecteurs qui seraient en manque. On ne sait jamais...4 jours c'est long ! Imagine que quelqu'un serait intéressé par lire ou relire toutes les conneries que j'ai écrit depuis le 24 mars. Faut pas rêver ! Mais comme je suis là pour défier l'esprit fataliste, je rêve que quelqu'un aura envie de lire ou relire tout. Alors pour l'aider, je vais lui filer un tuyau pour trouver la première page de cet épineux journal que je trainerai peut-être toute la vie comme un boulet, en me disant: "Si j'avais su me taire !", mais encore une fois, je suis rêveur et je le proclame haut et fort ! Donc, je tente le pari de croire qu'il y a aura "peut-être" un ou une qui aime ce que j'écris. Alors voici le moyen d'accéder à la première page du 24 mars. www.u-blog.net/jam/note/1
Merci à toi ! ça me rassure ! déjà à deux on se sent plus fort pour se jeter à l'eau !
Je ne dois pas être mort ? je ne crois pas ? d'ailleurs comment savoir si on est mort ? peut-être le suis-je sans m'en rendre compte car j'ai rejoint à l'instant le paradis de Grasi après un super séjour en Pologne ! je te raconterai, mais là je dois manger avec une délégation française qui vient d'arriver. ça changera des sandwichs d'hier !
Oui, je viens de vivre trois jours de bonheur ! J’ai retrouvé mes amis de SichÓw en Pologne. D’ailleurs, au moment où je t’écris, c’est dimanche après-midi et je suis dans le hall de lotnisko (l’aéroport) w KrakÓw qui en fait se dit Krakouf et qui veut dire Cracovie w Polska qui se dit Pologne en français et Poland en anglais ! Je rentre à Riga ce soir et j’attends mon avion. Et même s’il ne faisait pas si chaud que ça à SichÓw, la chaleur de l’amitié compensa très agréablement la température inférieure à celle de Riga que je quittais jeudi à 14h35. Mais ne croie pas que je fasse des jeux de mots chauds entre SichÓw et l’accueil si chaud de SichÓw. Car en réalité en Polonais, SichÓw ne se prononce pas ‘si chaud’, mais Chirouf ! Ce qui te permet en préalable et gratuitement de découvrir les joies de la langue polonaise si chaude ! J’y ai retrouvé mon amie Jolka ! qui en fait se nomme Jolanta ou Jola, prof de français Hyper-Pro et Hyper dynamite…non je veux dire dynamique de ZespÓl SzkÓl w Sichowie Duźim. Là, tu lis ‘Si chaud oui’ mais en réalité on dit Chirou-oui. En cela je préfère la langue lettone qui semble plus simple bien qu’elle soit compliquée aussi pour moi. T’inquiète pas Kristine, mardi à 17 h je serais au cours de letton ! J’étais passé à SichÓw en février dernier avec Lucie et son AX, lorsque je suis venu en Łotwa qui en polonais signifie Latvija en letton, Latvia en anglais, Lettland en allemand.
Donc, après un voyage de 3h45 en bus de Cesvaine à Riga, mercredi soir, je m’installais pour la nuit dans notre appartement de Klostera iela non sans avoir dégusté quelques frites grasses accompagnées d’un sošlik (orthographe non garantie) de poulet et d’une bonne Alus (bière qui se dit Piwo en Pologne et Pivo en Tchèquie). Comme d’habitude je vais dans ces cas-là au Lido le plus proche : je veux parler du Lido de Riga et non celui de Paris. Car à Riga, les filles sont belles aussi, mais vêtues de costumes folkloriques un peu différents de celles de Paris…quand même ! Normal avec l’hiver rude de cette contrée…Bon, je m’éparpille et redeviens l’homme sérieux que je n’ai cessé d’être !
Jeudi matin visite rapide au Centre Culturel Français pour déposer des dossiers. Ensuite direction le Lidosta (aéroport) d’où je m’envolais avec Lolote, la compagnie aérienne polonaise. Je la surnomme Lolote, mais elle se nome en réalité Lot comme le département d’où ne vient pas son nom, mais d’avion en polonais qui se dit samolot et aéroport Lotnisko. Tandis qu’en letton avion se dit Lidmašīna et aéroport Lidosta, mais la compagnie lettone est Air Baltic…
Bref, le commandant en personne accueillit chaleureusement chacun des passagers. Je n’ai rien compris, mais il devait certainement nous dire : « Rassurez-vous mon Canadair est fiable ! la preuve, il n’est encore jamais tombé ! » Puis 1h10 après, comme promis, il nous déposa à Warszawa qui est Varsovie. Là, le temps du transfert, je me retrouvais dans un Boeing 737, toujours de Lolote, qui 1 h après nous déposait à KrakÓw qui en fait se dit Krakouf et qui veut dire Cracovie future capitale de la Pologne –Varsovie est le cœur de la Pologne, Cracovie en est le cerveau, disent les crakoviens-- . Dans le hall, je retrouvais avec joie plusieurs amis qui m’attendaient : Jolka i Marian, son mari, notre chauffeur, que dis-je, notre pilote ! Et aussi mes amis français Stéphane, sous-directeur de St Christophe, patron des voyageurs et David le polyglotte toulousain mondialement connu ! David est prof de langues à St Christophe, mais aussi un grand globe-trotter estival. Il doit connaître la moitié de la planète avec les langues qui vont avec…un vrai régal de vivre 3 jours en sa compagnie ! Et après deux heures de route, voici SichÓw qui ne se prononce pas ‘si chaud’, mais Chirouf.
Le but de ce voyage était de répondre à l’invitation d’Anna, la directrice de ZSR (zespol…) car il s’agissait de fêter en grande pompe les 40 ans de l’école. Et dès cette invitation qui date d’au moins deux mois, sans hésitation, j’ai dit OUI ! j’y serai…et j’y fus…et je ne regrette pas car je suis revenu plein d’énergie et plein de projets !!! Encore ? Diront certains. Mais non ! je n’ai qu’un projet et tous ces projets dont je parle, ne sont que les éléments d’un grand projet européen ! Le mien ! Celui de se dire que « plus on est de fou, plus on rit ». Pour mes amis qui ne cernent pas bien la langue française, je pourrai m’exprimer plus simplement en disant que l’Europe se fera avec ou sans nous. Alors autant la faire nous même et tous ensemble ! Dis-moi que j’ai raison, ça me rassurera.
Je continue le journal depuis Cesvaine ce lundi soir…
Je commenterai la suite de ce séjour avec des photos, mais là, je vais te donner le programme de la semaine qui s’annonce douloureuse pour ceux qui espèrent un journal journalier :
- demain mardi : je repars à Riga pour chercher Annick Audiot de l’INRA de Toulouse qui vient jusqu’à dimanche à Grasi, Riga et Jelgava pour soutenir mon projet de création du Conservatoire National du Patrimoine Biologique de Lettonie. Elle participera aux différents travaux de la semaine en ma compagnie.
- Mercredi, ici à Grasi : Journée de visite d’une délégation du ministère de l’agriculture de Lettonie : présentation du projet, visite du site, présentation par Annick des actions similaires menées en France. Et à la fin, on les retient en otage et on demande une subvention ! même pas la peine car c’est eux qui nous en ont proposé une ! alors tu vois, ils sont sympa ces lettons ! ils aident ceux qui ont des idées…
- Jeudi après midi, avec Annick, nous repartons pour Riga. Et à 18h45 c’est Jocelyne, Nicole et Yves qui débarquent jusqu’au 19. Nous dormirons tous à Riga et y logerons jusqu’à dimanche matin…
- Vendredi : journée à l’Université d’agronomie de Jelgava avec Annck où nous seront reçu par les associations de protection des races animales locales et où nous présenteront les actions de développement menées en Midi-Pyrénées. Nous ferons plusieurs rencontres avec des étudiants pour les sensibiliser à l’intérêt de protéger la biodiversité animale et végétale, support d’un nouveau développement d’une vrai agriculture durable.
- Samedi : avec Jocelyne , les Beyria et Annick, visite de Riga.
- Dimanche à 7h Annick prendra son envol et nous viendrons nous installer dans mon appartement jusqu’au 19. Yves, ira mettre son nez dans les casseroles de la cuisine de Grasi pour réaliser des recettes gasconnes avec nos cuisinières, histoire de me soutenir dans ma démarche anti patate à l’aneth !
Donc…pas trop de journaux d’ici le 20…c’est la vie ! mais si je vois que j’ai un petit creux, je viendrai faire un tour avec toi. Ce journal est important pour moi et je tiens à le faire vivre !
Ceux qui connaissent Stéphane aussi bien que moi, pourront constater qu'il est toujours égal à lui-même et qu'il empêche Jola de poser pour la photo. Donc, mon ami Stéphane est sous-directeur de St Christophe, Jola i Maria les profs de françis de Sichow et David prof d'anglais et globe-trotter de St Chrsitophe tambien.
Puis la première journée fut agrémentée d'une visite chez Martin Popiel, un de mes amis polonais, qui nous présenta l'évolution de son domaine agrotouristique. www.bizony.com
le seul troupeau de bison d'amérique en Pologne ! 82 bêtes
Martin est entrain de reconstruire le Palais de ces ancêtres. Un travail de titan ! Quelle évolution depuis 4 ans que je le connais !
Exposée dans le palais de Kurozweki, une oeuvre traditionnelle en Pologne et réalisée chaque année pour la fête des moissons. Tout a été fait avec des épis de blés ! et pour cette fête, une procession voit défiler et concourir ces magnifiques réalisations.
Mais c'est vendredi à 14 h que les choses devinrent sérieuses avec le début de la fête de l'école
En Pologne, tout le monde s'entend bien ! il n'y a pas eu séparation de l'Eglise et de l'état et donc, tout commença par une messe en attendant la grand messe des élus, qui elle, fut la plus lassante
Lassante, mais pas pour tous ! Pour nous, les français qui ne comprenions rien aux éloges somnifères des élus, nous observions la salle avec plus d'attention
Puis vint la remise des médailles. Presque tout le monde y eut droit et particulièrement Anna, la directrice. En Pologne le baise-main est une civilité fort agréable. Je m'entraine, moi- aussi.
Je reviens juste quelques minutes avec toi dans une journée très animée par la préparation de la visite ministérielle de demain. Grasi prend des airs d'Elyséens, tout à coup ! Déjà Annick Audiot de l'INRA de Toulouse est là. Les dossiers prêts à imprimer, donc, je peux continuer de te parler quelques minutes de mon séjour en Pologne.
Après les remises de médailles, la visite du musée de l'école où je revoyais avec plaisir toutes ces photos du travail effectué avec mes étudiants en 2002.
J'y retrouvais aussi mon copain le Staroste Pargiela qui m'embrassa comme son frère au milieu de la foule. Ce qui m'introduisit directement et officiellement dans le milieu politique local !
Puis vint enfin le temps des festivitées dignes du film "La grande bouffe !" car sans rire...le repas commença à 17h pour se terminer à 2h du matin. je crois que c'est la première fois de ma vie que j'assistais à de telles festivités. Et quand un dessert était passé, on recommençait avec la soupe et ainsi desuite...comme les Romains, sauf que nous on gardait tout ! alors le coup du régime....dur, dur. Mais ce fut une soirée des plus agréables !
Tout d'abord, des nouvelles de la journée. Nous avons donc reçu une délégation du ministère de l'agriculture et aussi une autre de l'université d'agronomie de Lettonie, Jelgava. Cette rencontre avait été proposée par le ministère de l'agriculture pour montrer son intérêt à notre projet de ferme pédagogique et conservatoire des races locales du pays. Annick Audiot, chercheur à l'INRA de Toulouse était là pour donner plus de poids à notre démarche et concrétiser ces relations Lettonie-Midi Pyrénées dont je rêvais depuis le début.
Demain nous repartons encore à Riga avec Annick pour répêter, avec Baiba, notre interprète, notre intervention à l'Université de Jelgava devant deux auditoires bien distincts: les profs, puis les étudiants.
Mais demain soir c'est aussi l'arrivée de ma femme Jocelyne qui est déjà venue en Lettonie, mais avant que je découvre Grasi. Donc, c'est un évènement pour Grasi et aussi...pour moi ! enfin elle vient !. Elle est accompagnée de nos amis et voisins, Yves et Nicole. Et nous resterons à Riga jusqu'à dimanche. Donc, c'est le dernier journal avant lundi ! Désolé...
ce matin, pésentation du projet avant une visite sur site et un repas de charcuteries de porcs gascons BIO !!! et les lettons se sont régalé ! et ils ont aussi beaucoup apprécié le Floc de Gascogne. Bon, Monsieur Philippe Martin, notre cher Président du Conseil Général du Gers: je vous l'amène quand ce dossier ? avec toute la pub que je fais pour le Gers ici !!!! Je travaille à l'étranger mais je fais quand même de la pub pour ma région !
Bon, revenons à Sichow en Pologne le week end dernier ! Mais lors de la soirée festive, nous n'avons pas fait que manger ! il fallait aussi digérer entre chaque plat ! Stéphane, lui, s'est éclaté avec Janina, la sympathique prof de biologie qui est aussi l'unique éleveuse de Poules Gasconnes en Pologne !!! Si Si, même en Pologne ! et elles y pondent bien, en plus !
Allez Jolanta !!! encore un petit effort ! Il faut finir tous les plats car les prochains ne vont pas tarder !
Et la soirée se termina à 3 h du matin, mais nous avions abandonné une heure avant...Car le lendemain, le programme était chargé: 200 km avant d'arriver au camp d'Auschwitz. Mais là, il s'agit d'une autre Histoire...Une visite qui mérite à elle seule un journal sans parole, fait de photo que j'ai réalisé selon ma sensibilité...J'y travaillerai la semaine prochaine. Oui, cette période de notre Histoire est et restera bien la HONTE de notre civilisation : L'HORREUR EST HUMAINE !!! mais ça continue....sans que personne ne bouge...dans plusieurs pays d'Afrique par exemple...personne ne dit rien...
Nous en reparlerons plus tard....Et le soir avec Stéphane et David, nous avons logé dans un petit hôtel de Krakow (Cracovie) après une balade nocturne. Et le lendemain matin, sous la bruine, nous avons visité le coeur de la ville qui est une des plus belle d'Europe ! N'est-ce pas Izabela de Krakow qui aussi une de mes lectrices ?
Ici la halle aux draps, le coeur de la ville
Mais comme tout ce qui est bon à une fin...et bien, j'attendis une partie de l'après-midi à l'aéroport "Jean Paul II" en priant que les avions me ramènenet à Riga à bon port ! Et ça a marché ! à 1heure du matin je me couchais à Riga pour reprendre le bus à 8h30 qui me ramenait vers la table de Grasi où m'attendait une délégation française du jumelage Madona-Coulaines (près du Mans)
C'est avec un clavier letton ou je ne trouve pas nos accents que je viens te donner quelques nouvelles fraiches. Si fraiche qu'il faut maintenant mettre anorak, bonnet et echarpe. mais on est bien quand meme. Donc hier je suis alle cueillir ma femme Jocelyne au lidosta (aeroport) accompagnee de Nicole et Yves, nos amis de Sabaillan qui seront la jusqu'a samedi prochain. Jocelyne connait deja la Lettonie mais les Beyria la decouvrent.
J'ai commence la journee en les abandonnant dans la ville de Riga car avec Annick Audiot, chercheur a l'INRA de Toulouse, nous avions RDV a L'universite d'agriculture de Jelgava a 40km de Riga. GENIAL !!! je te raconterai plus tard car je ne suis pas a l'aise avec ce clavier et puis j'aurais aussi des photos. En ce moment tous mes elements du puzzle s'emboitent les uns dans les autres comme par enchantement. Il est vrai que la Lettonie a preserve une culture si proche de la nature qu'il existe encore des druides comme du temps d' Asterix et peut etre meme des fees... il faudra que je t'en parle plus tard, car je suis intrigue par ces cultes de la nature et j'ai envie d'en savoir plus. Mes recherches portent leur fruits: ca y est je connais deja un druide... Donc facile d'avoir des enchantements ici ! Bon, ce n'etait pas le sujet mais tampis.
Demain matin, visite du musee ethnographique, puis du marche et ensuite direction la plage de Jurmala en train. Jurmala est le Nice, le Canne de la Lettonie. Les nouveau riches y etalent leur fric au soleil. mais la ville est agreable et la plage aussi, bien qu'avec un anorak...
Dimanche nous partirons en direction de Grasi, mais en faisant une viree chez mes amis Ina un (et) Austris. voila le plan de vol pour ce WE.
Jocelyne, ma femme, est enfin venue à Grasi. Depuis 2 ans et demi qu'elle entendait parler de "cette vie parallèle" que je mène en Lettonie, elle pourra désormais y mettre des images dessus(positives j'espère !). Il ne manquera donc que la visite de mon fils Xavier pour que toute la famille soit venue en Lettonie. Mais Xavier, avec son métier de musicien est toujours par monts et par vaux, tantôt en Suisse ou en Belgique ou encore à Hong-Kong. Il a failli venir, mais chaque fois un contrat de dernière minute annule le projet. Mais je ne désespère pas...
Mes voisins et amis Nicole et Yves qui sont plus que des Euro-trotters, mais des vrais globe-trotters, en ont profité eux aussi, pour venir découvrir la Baltique. Ils la connaissaient "vue d'en haut", des pays plus nordiques, mais pas vue depuis notre continent. Voici la photo désormais mythique de l'arrivée à l'aéroport jeudi soir:
Mais avant leur arrivée, avec Annick, j'avais passé la journée à l'Université d'agronomie et vétérinaire de Jelgava
Annick est chercheur à l'INRA de Toulouse. Elle est la fondatrice du Conservatoire du Patrimoine Biologique de la région Midi-Pyrénées et il y a une quinzaine d'années, elle, cherchant en tant que chercheur et moi cherchant en tant que paysan...nous nous sommes trouvés ! Je crois que nous avons la même philosophie en ce qui concerne l'avenir de l'agriculture et particulièrement de l'élevage. Alors ces jours-ci, nous avons réfléchi sur l'idée d'écrire un bouquin ensemble: 1 chercheur+ 1 paysan = un équilibre. Mais ce n'était pas le but de la rencontre à Jelgava. Annick était venue pour soutenir le projet que j'avais lancé il y a plus d'un an en Lettonie: Créer un conservatoire biologique. L'Idée évolue maintenant vers la création d'un BRG: Bureau des Ressources Génétiques. Mais qu'importe l'appelation, l'objectif étant de fédérer les énergies lettones en faveur de la conservation de la biodiversité: Ouf ! le projet avance !
Ici Annick au premier plan, la très professionnelle interprète Baiba et au fond Ziedonis Grislis, maître de la chaire de la génétique animale à l'Université de Jelgava. Il fut aussi maître de stage pour Lucie qui fit un mémoire sur la vache bleue lettone avec les conseils avisés d'Annick Audiot. Tout un enchevêtrement d'éléments d'un même puzzle !
Puis, devant un public d'étudiants (on pourrait dire, d'étudiantes !) vétérinaires, j'exposais ma façon d'envisager un avenir optimiste de la ruralité lettone basée sur la valorisation du patrimoine et de l'identité locale. Une façon "appliquée" d'appuyer les propos d'Annick. Et pour que tout soit bien concret, je citais l'exemple de mon passé gersois et de notre projet de ferme pédagogique de Grasi qui venait finir d'assembler le puzzle. Donc, puisque tout est en accord, l'Université de Jelgava comme le ministère de l'agriculture de Lettonie, comme l'INRA français, comme l'Ambassade de France de Riga, comme la Chambre d'Agriculture de Madona, tous sont désormais les partenaires de notre projet !
Et le soir nous retournions à Riga...
Et pour commencer, je faisais découvrir le Lido de Riga (pas le même que celui de Paris !) à mes hôtes réunis, puisqu'Annick restait avec nous jusqu'à dimanche matin
Puis après une visite de Riga by night, nous allions rejoindre notre appartement de Klostera iela. Le lendemain matin, visite du musée ethnographique qui s'étend sur une vingtaine d'hectare.
Et hier dimanche, après avoir amené Annick à l'aéroport, nous prenions la direction de Grasi, mais en faisant une halte chez mes amis de Straupe: Inta un Austris (désolé, la photo est trop grosse pour le blog...). Ensuite nous arrivions à Grasi et je commençais à faire visiter mon lieu de vie. ici au bureau: Jocelyne aurait-elle l'intention de venir mettre de l'ordre ici aussi ? AH NON !
Fiction qui n’engage que moi: je suis obligé de dire fiction car je ne sais pas, personne ne sait. Mais j’imagine et j’espère que mon imagination ne me trompe pas et que la vérité se vérifiera par la suite. Il est toujours délicat de s’aventurer dans ces « brèves de comptoirs », mais quand même…faisons le point sur le passé récent et surtout…Européen, car chez mon oncle Sam…pas de problème !!!
N’as-tu pas remarqué que ces dernières années, notre société est manipulée par des mouvements de panique perpétuels. Qui en est l’auteur, qui en sont les commanditaires, à qui profite…etc. ? Ce que je veux montrer du doigt, ce n’est pas l’info elle-même qui peut aider à la prise de conscience et à la prévention, mais la démesure par rapport à d’autres fléaux dont on ne parle pas et pourtant qui font des millions de morts…le tabac, l’alcool, l’intensivité de l’agriculture et les pesticides agricoles, les pollutions chimiques industrielles. Certains de ces fléaux sont directement liés à l’avenir de l’Homme et de la planète : la qualité de l’eau et de l’air, la stérilisation des sols due à la disparition de l’humus, la déforestation massive, le drainage des sols et les digues, la disparition des haies…etc…etc. et tout cela ne se passe pas forcément en Amazonie qui est suffisamment loin pour nous déculpabiliser…
Quelques exemples :
- Il y a eu la salmonellose qui existe depuis des millions d’années, mais tout à coup, il y a une vingtaine d’années, on se rend compte qu’il y a eu 42 morts…panique à bord, tous les journaux télévisés ne parlèrent que de ça. Cela profita à faire avancer les normes d’hygiène…d’accord
- Il y a eu la brucellose, la peste aviaire…il fallait abattre tout…
- Il y a eu la vache folle qui déstabilisa la production européenne de viande bovine…fit diparaître de nombreux producteurs, créa des faillites en cascades…et maintenant, « heureusement », l’Amérique de Sud vient à notre secours pour alimenter notre marché européen…ils sont sympas !
- Il y a eu la fière aphteuse….qui détruisit une partie du cheptel français. Il fallait abattre tout !
- Et voici enfin la grippe aviaire, une maladie sans doute développée par l’intensification des élevages industriels, mais qui est pénalisé ? les Européens qui font de l’élevage de plein air, donc ceux qui essaient d’améliorer la qualité de l’alimentation de notre société…Difficile sans avoir du recul, de dire qu’il y a danger. Alors par principe de précaution, on panique la population mondiale avec des feuilletons paniquants soutenus et intensifiés par l’audimat.
A quoi est due cette panique ? réponse : notre société c’est inventé une mode vie complètement artificiel, loin de la nature que l’on ne connaît plus, qu’on ne comprend plus. Nous sommes devenus des pions d’une société économique, dite de consommation où le rôle de l’Homme est de consommer. Tous les moyens sont bons, tous les coups sont permis, même celui d’angoisser ces êtres devenus dépendants et fragiles, simplement parce qu’ils ne comprennent plus rien à la vie…
Alors, mon raisonnement n’engageant que moi, me fait dire : « Mon oncle Sam a dit ouvertement : Nous allons nourrir le Monde ! ». Pour appliquer cette idée, il faut du temps et beaucoup d’investissements. Mais après, il faut caser sa marchandise ! Depuis quelques années, des capitaux des USA développent des unités de production agricole gigantesques en Amérique du Sud. Il y a quelques années, notre pays a refusé d’importer de la viande provenant de ce Continent. Il y eut rapidement boycott des produits français en Amérique. Et arriva la vache folle qui nous interdit de consommer de la viande européenne. « Heureusement », celle d’Amérique, aux hormones, était saine. Soyons attentifs, mais je suis certains que les poulets américains aux hormones seront sains pour remplacer ceux de la production européenne qui se sera écroulée….
Bien sur, en disant cela, j’espère avoir raison, ce serait moins grave (et ‘rattrapable’) que si la rumeur dont on nous panique s’avérait juste …restons donc encore vigilants, mais avec quand même cette petite idée derrière la tête. Car en entendant ça, tu ne veux plus manger de poulet, et c’est bien normal, c’est voulu. Alors tu préfère manger de la vache à la place (de la vache folle ?)…
"Ils sont des noootres, ils ont la grippe comme les oootres !". Valérie et Sébastien, nos globe-trotters tarnais, sont de retour à Grasi, revenant de Mongolie. Ils sont fatigués...Sébastien à la grippe: tarnaise, mongole, russe ???
La photo ci-dessus pourrait à elle seule faire le blog du jour ! C'était hier soir à 10h30 et nous revenions du festin gascon au manoir de Grasi ! Et la neige qui colle était là: pas vrai Nicole ? Hi ! Hi ! Hi ! Nicole qui commençait à s'inquièter: "samedi nous avons 180 km à faire pour prendre notre avion !!!" Hi ! Hi ! Hi !, ces gascons sont vite paniqués ! Ce matin, je ne l'ai pas encore vue, mais elle doit être rassurée: il pleut...
Donc la journée d'hier commença par un petit - 5°c, histoire de nous faire rougir le bout du nez, ce qui aurait pu nous permettre de ressembler aux autochtones, Hi ! Hi ! Hi !, mais il fait si bon dans les murs de Grasi, que la comparaison n'eut pas lieu. La journée fut ensoleillée, ce qui permit à Sébastien le Tarnais-Mongol de sortir de sa yourte, la grippe envolée, pour réviser son char: grand lavage, permutation des roues, vidanges, réglage des culbuteurs et changement des têtes d'injecteurs. Bien entendu, Valerijs était là pour donner un coup de main et aussi...apprendre un peu quand même. Car Valerijs est un vrai letton, il sait déjà tout ! Il n'a même pas besoin d'aller à l'école, c'est du temps perdu et on n'y est même pas payé !
Mais pendant ce temps Christophe, mon sain patron, se léchait les babines: "ce soir, repas gascon au manoir !". Car sous son minois de pénitent, c'est un vrai gourmand...chut...En cuisine, Jocelyne et Yves, mais aussi Nicole et Valérie la mongole. Notre cuisinière de Grasi prenait des notes ! Il y a de l'espoir...
Mais le point d'orgue fut le soir à 19h. J'avais pris soin d'inviter mes amis Guntars un Kristine (ma prof de letton). Nous étions 9: la fête gasconne pouvait commencer alors que la neige tombait...
Le temps change vite...de la neige, nous passons à la pluie, puis au soleil. Ce matin est couvert et doux: sans doute la pluie va revenir.
Hier, pendant que mes touristes se baladaient, j'ai travaillé au bureau et dans la soirée nous sommes allés dans la famille de Zane. Nous avons été accueillis "à bras ouverts". Ce sont des gens vraiment très agréables. Pour le repas du soir nous étions invités à Klavas, la maison des grandes filles. Aujourd'hui, je prends ma journée pour aller visiter la région avec Jocelyne et les Beyria. C'est leur avant dernier jour ici. samedi matin de bonne heure, ils reprendront la route pour Riga et après avoir rendu leur voiture de location, ils s'envoleront vers 12h30 pour Paris.
Comme tous ceux qui sont déjà venus me voir, il me semble qu'ils repartiront avec une bonne impression de l'environnement dans lequel je fais progressivement ma place. Je m'entoure peu à peu d'amis très sympathiques. Mais c'est vrai que depuis mon arrivée ici, j'ai décidé de m'intégrer et je suis très attentif à cela. C'est important pour moi mais je crois que c'est aussi important pour Grasi et pour les enfants. Lors d'un récent repas, Christophe a dit à mes hôtes qu'en quelques mois, j'avais déjà fait plus de cheminement pour m'intégrer, que lui en 12 ans et qu'en même temps, j'intègre Grasi dans son environement local comme national (Il est sans doute un peu trop modeste.) Je suis très heureux que ça marche. Je continue.
Hier, avec Jocelyne, Nicole et Yves, nous avions décidé de nous balader ensemble dans la région. Tant que nous roulions, nous étions bien. Nous fûmes à Aglona, à 150 km d'ici, le Lourdes de la Lettonie où il n'y avait pas un chat...seulement nous et toutes les portes closes. Nous nous retrouvions donc en plein désert et prenions aussi conscience que le froid glacial, le vent glacial et les petits flocons qui commençaient à voler de ci de là, auraient vite fait d'avoir raison de nous. Un petit resto du coin nous réchauffa.
Ceux qui connaissent Nicole savent bien qu'elle est impreturbable lorsqu'elle a sa caméra, puis son appereil photo en main. Mais là, elle résista quelques minutes, mais céda comme ceux qui l'attendaient dans la voiture... le froid était bien plus fort que son courage ! Mais je ne la critique pas, loin de là...car lorsque nous serons vieillards, nous aurons des milliers de photos et des km de film pour se rappeler le bon temps...en Lettonie...Hé oui...
Le froid était trop vif pour des gascons ! on se les gelait ! les oreilles !
Comme "la place rouge", l'esplanade d'Aglona était vide. C'est ici que se bousculaient des milliers de personnes la nuit du 14 au 15 août dernier. J'y étais.
Ce matin à 6h30 Jocelyne et les Beyria’s ont repris la route pour rejoindre Riga, puis avec Air Baltic, direction Paris où les attend leur voiture et plus que 9 h de route pour être à Sabaillan vers 1 ou 2 h du matin…Je les reverrai pour Noël.
Hier j’ai reçu un peu de soleil virtuel de la côte d’Azur. J’en connais qui se baignent encore à la plage !!! Faut pas croire que les Lettons soient jaloux des méditerranéens. Ici aussi il est possible de se baigner, en cassant la glace qui n’est pas encore bien épaisse ! En plus, nous avons un avantage…En plein hiver, nous pouvons nous promener sur la mer ! Ah ça ! C’est un truc impossible en Méditerranée ! La Baltique gèle car elle est très peu salée. Ici on n’est pas riche, on économise même le sel dans la mer !
La Lettonie est le pays du sauna…Comme dans tous les pays nordiques, le sauna existe depuis toujours. Ils servaient de salle de bain et non pas à frimer. En général, le sauna traditionnel est un cabanon en bois à quelques dizaines de mètres de la maison rurale qui, elle aussi, est en bois. Il est souvent proche d’un lac, d’une rivière, d’une marre. Les vieux saunas, les vrais, sont chauffés une demi-journée avant l’utilisation. Un foyer ouvert, sans cheminée, brûle au centre de la pièce, chauffant des gros galets disposés tout autour. Une fois le brasier bien incandescent, la porte est fermée et la température monte à plus de 200 °c. Au bout de quelques heures, la porte est ouverte, les braises et la cendre ôtées, le sauna est prêt à l’utilisation. Tout est très noir, coloré par la fumée. Une petite lampe ou des bougies créent une ambiance feutrée. Une bassine d’eau chaude ou plutôt de tisane de diverses plantes, des petits fagots de branches fines de bouleau qui ont été soigneusement récoltées au printemps et séchées avec leurs feuilles, vont servir à s’humidifier. Une louche d’eau parfumée lancée de temps en temps sur les galets brûlants, va humidifier l’atmosphère étouffant.
Le sauna est un lieu convivial. On y invite parents et amis, en petite tenue. Des sièges de bois tout le tour de la pièce permettent d’y recevoir plusieurs personnes, assises ou allongées. Traditionnellement, ce sont les femmes et les enfants qui vont passer les premiers. Cette tradition n’est pas forcément respectée. Les hommes suivront et les séances peuvent durer de nombreuses heures. On y papote en buvant de la sève de bouleau ou d’érable qui a été recueillie au printemps, en pratiquant une incision dans l’arbre choisi. Certains y dégustent de la bière, d’autre de l'eau ferrugineuse aromatisée avec des jus de fruits. Il faut boire beaucoup, c’est important. La température de la pièce oscille alors entre 70 et 120 ° ! Le but est de suer un maximum pour chasser les impuretés de la peau et du corps. De temps en temps, il faut sortir et on plonge dans l’eau du lac qui peut être gelé…ou bien on se roule dans la neige. Le choc thermique peut-être de 100 ° et quelques fois plus ! Les petits fagots de bouleau trempés dans la tisane, sont utilisés souvent en se tapotant sur le corps, pas au point de se flageller quand même ! La tisane a des effets curatifs contre tous les maux. On peut aussi en boire. La chaleur du corps tue les microbes (comme la fièvre) et donc, le sauna est une vrai thérapie.
Personnellement, chaque fois que j’ai participé à une séance de sauna, je ne me suis pas senti détendu. J’ai un peu peur. Cette chaleur est suffocante, me semble insupportable et je crains pour ma santé. Mais il paraît que c’est bon pour la santé, disent les lettons en souriant… L’effet agréable sera après. On en ressort tout neuf, allégé, la peau douce comme une caresse de bébé, la fatigue envolée, la bronchite et les stresses aussi. Pourtant les cardiologues sont plus réservés quant à l’effet bénéfique…
Dimanche matin ensoleillé. Il a encore gelé dur, la glace s’épaissie, mais le soleil est toujours là. Il ne nous lâche pas. Il y a encore espoir de ne pas s’enliser dans la neige. Je n’ai plus les oreilles gelée parce que mes amis tarnais m’ont offert un super bonnet. Je suis maintenant paré pour attaquer l’hiver.
En Lettonie, le printemps et l’automne durent 15 jours ! Il y a 15 jours, tous les arbres avaient leurs feuilles. Un coup de froid sec a donné des couleurs fantastiques à la nature. Mais deux jours après, les frênes étaient tout nus, les beaux érables aux nuances rouges et jaunes se retrouvaient dépouillés. Puis vint le temps des bouleaux qui sont les feuillus majoritaires. Seul les chênes ont encore leur feuillage tout brun. Voilà donc un nouveau travail pour les enfants qui souhaitent s’occuper : ratisser le parc du manoir.
Je sais pertinemment que beaucoup d’aventuriers des temps modernes ne sont pas des idéalistes comme www.sensationslointaines.comou comme nos amis tarnais qui reviennent de Mongolie ou comme Christophe et son village d’enfants. Ils existe une autre espèce d'aventuriers se déplaçant dans les pays pauvres dans un esprit colonialiste, spéculateur, à l’affût d’un bon coup, cherchant à profiter de la misère des autres. J’en connais, j’en ai rencontré dans d’autres pays, j’en rencontre ici aussi. Quelle bassesse que de vouloir s’enrichir dans de pareilles circonstances !
Il est vrai aussi que ceux qui ne me connaissent pas peuvent imaginer que je suis en Lettonie avec ce même esprit….les pauvres !!! S’ils savaient !!! Mes proches, eux, savent combien de temps et d’argent j’ai dépensé en projets, en voyages, sans d’autres récompenses que d’avoir réussi, comme en Pologne, a stimuler l’esprit d’initiative des jeunes, à les aider à imaginer leur avenir avec enthousiasme. Un avenir qu’ils pourraient bâtir chez eux, en harmonie avec leur identité, sans avoir besoin d’idéaliser le fric des autres pays….Projet que j’essaie aussi de faire avancer ici en Lettonie, après l’avoir proposé en Roumanie, Bulgarie, Moldavie, République Tchèque…
« Mais quel est ton but économique derrière tes idées, car tu as bien le but de faire du fric ! Ce n’est pas vrai que tu es là, que tu reviens plusieurs fois ici juste pour jouer à l’humaniste ??? Tu as bien une idée derrière la tête ???» Insistait Ioan de Cluj Napoca qui ne voulait pas croire que j’étais venu en Roumanie juste pour proposer aux jeunes des écoles rurales d’essayer d’imaginer un futur optimiste pour leur région ? Il voulait que je m’associe avec lui pour monter des élevages industriels dans un ancien kolkhoze qu’il avait récupéré pour une bouchée de pain… « le pauvre…il n’a rien compris » pensai-je…« le pauvre…il n’a rien compris » a-t-il du penser… ? Moi, je comprenais bien ce qu’il attendait de moi, mais cela ne m’intéressait vraiment pas du tout ! Et il insista pendant des heures : « tu as toutes les compétences pour cela, pourquoi ne veux-tu pas les exploiter avec moi ? ici, tout est à reconstruire, il a du fric à gagner ! ». Il avait réussi à retrouver ma trace et m’avait rencontré après m’avoir aperçu à la télé roumaine qui avait fait un reportage sur ma visite à l’école Barcianu de Sibiu. Il devait bien penser que j'étais là avec cet esprit colonialiste ! En me quittant, il a juga que j’étais un…con…Il me l’a presque dit. Peut-être avait-il raison ? Je n’en suis pas convaincu encore et je garde ma philosophie.
Je connais aussi des français du milieu agricole qui sont allés faire « des bons coups » dans ces pays en rachetant des milliers d’hectares de terres fertiles pour une misère (moins de 100 € l’hectare ! Alors qu’en France elles valent presque 100 fois plus !) Mais ces colons n’étaient pas sortis de l’auberge ! Ce n’est pas tout d’avoir de terres, il faut les travailler. On embauche alors de la main d’œuvre locale, sans faire l’effort de les payer un peu mieux que le salaire minimum du pays, histoire de profiter au maximum de l’aubaine. En créant cette ambiance d’exploiteur, ils commençèrent aussi à craindre pour leur sécurité, donc espaçaient leur séjour. Ils laissèrent la responsabilité de l'exploitation à un autochtone qui, de mèche avec les ouvriers, vendirent toute la récolte et se partagèrent le revenu !!! Et les néo-propriétaires à leur retour, retrouvèrent leurs champs moissonnés et les silos vides. Bravo !!! Cette nouvelle me réjouit !!! Bien joué !!! Et j’espère que cette démarche donnera des idées à d’autres pauvres gens exploités par ces néo-colons.
Mais rassure-toi, tous les gens qui s’installent dans les pays pauvres, ne sont pas comme « ces cas ». Je connais aussi des familles qui avaient été expatriées par le système soviétique et qui, trois générations après, ont décidé de quitter leur confort des pays occidentaux ou anglo-saxons pour revenir là où sont leurs racines…Pas facile, dur de se réintégrer, mais leur courage mérite d’être souligné.
Hier après midi, avec Elina comme guide, Valérie, Sébastien et moi décidions de visiter les musées d'Ergli, à 60 km d'ici. Tu ne m'en voudras pas trop d'avoir oublié les noms de ces musées, mais il s'agisait de la maison d'une famille de musiciens-compositeurs et celle d'un des plus grands écrivains lettons. Les lettons, encore plus que nous, vénèrent ceux qui par leur prestige, ont défendu et mis en valeur l'identité de leur pays.
Dans le premier musée nous avons pu marquer notre passage en tissant quelques centimètres du tapis de tradition lettone, confectionné à partir de lambeaux de tissus de différentes couleurs: C bo ! Elina, une vrai lettone, pas d'importation puisqu'elle est née à Ergli même, ouvrit la marche.
Puis elle initia Valérie et Sébastien qui à leur tour, rajoutèrent quelques cm...
Pour qu'enfin, je marque moi aussi mon territoire.
La visite continua dans la première maison. Comme Sandra, Elina parle un français parfait ! Bravo ! C'est bien utile pour...nous ! Merci !
Elle nous raconta aussi les grands rassemblements folkloriques lettons
Ensuite, visite des autres bâtiments, en admirant le paysage letton au coucher du soleil à ....16 heures....
On ne pouvait mieux tomber !!! Il y a deux ou trois jours, je te parlais de sauna traditionnel, en voici un, avec son lac tout à côté.
A l'intérieur, encore tout chaud, le foyer bâti de gros galets qui vont conserver la chaleur pendant de très longues heures.
Et aussi les bassines de "tisanes" qui vont humidifier l'atmosphère surchauffé et aussi le corps. Le long du mur, les petits fagots de feuillages séchés de bouleau qui vont servir d'asperseurs.
La Lettonie est aussi le pays des balançoires. Ces immenses balançoires qui vous entrainent jusqu'au ciel ! Beaucoup de légendes y sont liées. mais la plus plausible semble être le fait que les moustiques ne peuvent pas te piquer lorsque tu es en plein élan.
Et une petite dernière tous ensemble avant que la nuit et le froid ne nous envahissent trop, à 17 h. Nous terminions la soirée bien au chaud dans un restaurant de Madona. Belle journée...
Valérie et Sébastien logent en ce moment dans mon appartement. Je les ai invité à rester le plus longtemps possible !!! Ils reviennent d'un long, très long périple qui les amena en Mongolie en traversant 7000 km de cette Russie si différente de celle dont nous bassinent les médias. Au retour de Mongolie, ce n'est pas 7000 mais 9000 km de souvenirs russes qu'ils ont ramené dans leurs bagages. Ils m'en font part, je t'en fais part !
Avertissement pour les gros ‘fleimards’ qui-n‘en-ont-ras-la-casquette de se taper nos longs, longs mails : à la relecture de la note à suivre, je m’aperçois qu’elle ressemble pas mal à celles déjà envoyées et racontant notre voyage aller en Russie. Désolée, ce pays est si troublant qu’au retour, certaines impressions n’ont pu qu’êtres renforcées. Et ce bout du monde est si proche du nôtre, géographiquement, qu’il trouble plus encore. Voire inquiète plus encore. Si la Mongolie reste « le » pays de notre périple, la Russie aura été une vraie découverte. Ce n’était pour nous, au départ, qu’un pays de transit, attirant car énigmatique mais sans plus. Au final, il représente bien plus que cela pour ce que l’on y a reçu, appris et surtout pris en pleine goule. Il y a d’ailleurs eu des moments un peu raides où on avait qu’une envie : se barrer de là tant ça pouvait être pesant, oppressant. Même que moi (valé, oui, c’est moi qui tapote..) je peux vous dire qu’il y a eu quelques pataquès dans ma petite tête, du genre : « mais p..., qu’est-ce que je fais ici ? ? ? ! ! ! » tant ce pays a fait voler en éclats quelques douillets coussinets de ma paisible vie.
Et, puis indirectement, cette traversée nous permet aujourd’hui de mieux comprendre la Mongolie, si longtemps attachée au destin du grand frère soviétique. Et mieux aussi ces quelques pays d’Europe de l’Est découverts au printemps et inscrits cet automne sur le chemin du retour. Actuellement, pause en Lettonie dans l’orphelinat découvert à l’aller. Chouette de retrouver les enfants, les educ’ et toute l’équipe.
On vous espère tous en pleine forme (1),
Valérie et Seb.
(1) : nous, de ce côté-là, ça pète la forme. Pas mécontents de retrouver un peu de confort après les nuits glaciales sur les routes. Le gel dans la voiture au p‘tit matin, c’est pas toujours si exotique que ça ! Et, ce soir, c’est la fête car un gersois installé ici nous concocte un repas made in sud-ouest. Sacré décalage avec nos dernières semaines mais on ne dit pas non ! !
ps : pour ceux qui la recevront, photo : Moscou, juin 2005, place du Kremlin, nostalgiques du temps d’avant...
Le 25 octobre 2005
Transparence en régression. Corruption en progression. Les conclusions d’un récent rapport sont sans appel pour la Russie. La vie politique et économique sont gangrenées de toute part par cette opacité sur le monde des affaires et ce manque de clarté sur la chose publique. Honnêtement, qui pourrait aujourd’hui s’en étonner ? Le plus grand pays du monde évolue en eaux troubles depuis des lustres, c’est un fait. La véritable question serait de savoir quand cela va t’il s’estomper. Ou, plus raisonnablement, quand les signes d’une évolution vers moins de corruption et plus de transparence seront palpables. Et surtout, quand ils le seront pour les observateurs extérieurs mais avant tout pour les Russes eux-mêmes.
Parce que pour des millions de Russes ce que l’on dénonce chez leurs dirigeants n’est ni plus, ni moins, que leur propre façon de survivre. Pourquoi s’en offusqueraient-ils ? Certes, pour beaucoup, on corrompt, on cache avec moins de stratégie, moins d’ampleur et moins... de gros sous évidemment. Quand il faut manger, se trouver un toit, le temps des affaires est quasi de l’instantané. Mais, au fond, l’art de la débrouille dans la rue ou dans les hautes sphères du pouvoir demande tout autant de s’asseoir sur bien des principes moraux.
Traverser la Russie pose bien des questions. Et celles de la corruption et de la transparence ne sont pas vraiment celles qui viennent en premier. Enfin pour nous. Car on en vient très facilement à comprendre pourquoi ces maux affectent si durablement le pays. On n’est presque pas choqué parce que l’on se demande bien vite : « Mais nous, que ferions-nous à leur place ? » Que ferions-nous à la place de ces milliers de babouchkas qui font la manche sur le trottoir faute de retraites décentes ou qui se massent sur le bord des routes pour tenter de vendre quelques fruits et légumes du jardin tout en brûlant quelques bouts de bois pour ne pas succomber au froid ? Que ferions-nous à la place des ces centaines de jeunes voyous qui, pour avoir un semblant de vie moderne comme une voiture, un portable, quelques roubles pour sortir le soir, se transforment en petits mafieux arrogants ? Que ferions-nous à la place de ces nombreux policiers qui inventent fausse infraction ou papiers manquants pour allonger des fins de mois difficiles ? Que ferions-nous à la place de ces millions de salariés qui triment du matin au soir pour n’assurer que le minimum vital, et encore, quand ils touchent leur salaire ? Ne serions-nous pas, nous non plus, tentés par tout moyen de gagner mieux notre vie dans un pays offrant si peu de perspectives à la majorité de sa population ? Ou bien ne serions-nous pas tentés nous aussi, faute ‘d’ingéniosité économique’, de sombrer dans l’alcool pour oublier notre triste sort de perdant ?
Car, en Russie, il ne semble pas y avoir beaucoup d’alternative entre la réussite qui est synonyme d’argent et l’échec qui est synonyme d’indigence. On est dans un camp ou dans l’autre. Et pour espérer le premier, où les places sont chères, il faut batailler, louvoyer, bidouiller. D’ailleurs, l’histoire même du pays n’est-elle pas la belle illustration de ce mode de fonctionnement ? Trahison, mensonge, illusions sont des mots qui reviennent souvent quand les Russes parlent de leur pays. Quand ils en parlent au passé et... au présent. Ceux avec qui nous avons pu en discuter avouent, sans détours, que Poutine ne vaut pas mieux que «tous les autres ». Et quand leur président apparaît sur le petit écran, il n’est pas rare de voir les gens rire, ou pire, ignorer complètement ce qu’il est en train de dire. L’attitude est déconcertante mais si révélatrice.
Nous ne sommes pas historiens, pas économistes, pas sociologues, pas politiciens. Il nous manque des tas d’éléments, des tas de faits, bref des tas de connaissances pour avoir une vision sérieuse et objective de la situation de ce pays si complexe. Nous ne pouvons réagir que de manière très spontanée et, intellectuellement, très primaire face à ce que nous avons vu, entendu, vécu. Alors, forcément, quand nous lisons dans la presse les enseignements de ce rapport, on ne se dit qu’une chose : « Normal ! » Normal que tant de gens soient déboussolés, normal que tant de choses se passent sous le manteau, normal que le monde occidental s’en effraie tant tout cela est loin de nous. Nous avons traversé des villages comme on en imagine même plus en France. L’eau quotidienne à prendre au puits commun dans la rue, une électricité hasardeuse, des rues, pardon des pistes boueuses en guise de rue, des magasins ravitaillés une fois par semaine et où il peut donc très vite manquer de denrées courantes, des maisons qui tiennent dieu sait comment, des bâtiments, vestiges d’anciens kolkhoses ou d’usines jadis florissants, qui tombent en ruine après avoir été pillés de tout ce pouvait l’être... Sans parler des effroyables pollutions ambiantes.
Et puis des endroits où les hommes et les femmes portent, physiquement, le poids de leur vie. Dur labeur, restrictions, ravages de l’alcool et déprimes ont terni bien des visages. Combien en avons-nous ainsi croisé, assis devant chez eux, fixant, hagards, le passage des rares voitures ? Vous vous direz peut-être : « Ah, comme chez nous, les vieux dans nos villages qui passent leurs journées d’été le cul sur une chaise à regarder les passants... » Oui, c’est la même posture mais vraiment pas la même atmosphère.
On sent dans les campagnes quelque chose de lourd, de profondément désespéré, une désolation manifeste. C’est difficile à expliquer. Je comprends maintenant un peu mieux ce que me racontait Jérôme à son retour de Bosnie. A savoir cette sensation permanente de détresse humaine, d’abandon, d’ambiance vide d’espoir et de vie. Même les femmes, souvent porteuses de bien des changements, sont ici comme figées dans leur vie dont le mode ne semble pas avoir évolué depuis des siècles. Elles ont perdu toute féminité, sourient peu. Leur fichu sur la tête, elles sont toutes habillées de jupes ternes sous lesquelles elles enfilent un collant noir pour se protéger du froid et sont chaussées de bottes en plastique voire de sabots. A quoi bon se pomponner pour s’occuper de la rare chèvre ou vache que l’on a à la maison, aller chercher de l’eau, acheter du pain ou même pour séduire ? La vie s’écoule, point.
Difficile de trouver une seule raison de penser que cela va changer pour eux. Pour leurs enfants peut-être. Mais ceux-là sont déjà sûrement partis en ville. Qui voudrait d’une vie comme celle-là ? Résultat, des villages fantômes apparaissent de plus en plus sur les cartes de Russie. Nous en avons vu quelques-uns sur notre route. C’est glaçant de les traverser. Au final, des régions entières risquent ainsi de se vider. Les villes vont grossir mais pas les emplois qui vont avec, sans les logements adéquats... La suite est facilement imaginable.
Alors quelle issue pour ce pays qui fut quand même un des plus puissants du monde ou du moins qui a fait trembler les plus puissants ? Je n’ai pas de réponse évidemment. Juste une grosse inquiétude pour l’équilibre de cette partie du monde. Existe t-il une nation qui a autant dépéri dans ce dernier siècle ? Certains analystes disent de la Russie qu’elle est aujourd’hui l’un des premiers pays... sous-développés. Peut-être. Mais j’avoue que ma toute petite expérience de voyageuse m’a mis sous les yeux des pays clairement étiquetés « sous-développés » qui semblaient montrer bien plus de promesses vers un avenir meilleur que la Russie. Ça pose question.
A la lecture de cette note, vous devez vous dire : « quel sale voyage pour eux en Russie ! » Si je dirai quelle sale découverte de ce monde pas joli-joli (on est si protégé dans nos contrées !), je dirai, en revanche, quelle sacrée expérience d’avoir vagabondé dans ce pays. Et à quiconque qui me dirait être attiré par la Russie, je lui conseillerai d’y FILER. Il suffit juste de ne pas s’attendre au Club Med’, il n’y a en effet pas grand-chose d’exotique. D’accepter de sortir des villes modelées sur les nôtres. De voir bien sûr tout ce qui vaut touristiquement la peine (1) mais surtout d’aller se perdre dans les profondeurs du pays. Là où la vie semble s’y être arrêtée. De ne jamais oublier que la grande majorité de cette population a vécu dans un système politique dont nous ne pourrons jamais ressentir, très intimement, les effets. C’est toujours facile de s’apitoyer sur ces « pauvres gens qui manquent de dynamisme » quand on vit dans un pays aux nombreuses et évidentes libertés individuelles.
D’accepter, enfin, d’être bousculé par un tempérament qui est si différent du nôtre, si froid en apparence mais parfois si chaleureux, si généreux.
Sur mes notes, je me suis amusée à croquer un portrait de tous les personnages rencontrés sur le chemin du retour. Il y a eu des moments mémorables, le temps d’un éclair, d’une journée, d’une soirée. Impossible, encore une fois, de tous les décrire. Il y eut, par exemple, cette femme kurde, cuisinière dans un routier, m’avouant les larmes eux yeux toute la nostalgie qu’elle avait de son beau pays. Et qu’à le refaire, jamais elle ne requitterait ses terres natales. Elle est là parce qu’il y a un peu plus d’opportunités que chez elle mais au prix de quelle souffrance dans cette Russie qu’elle n’aime pas ?
Il y eut Vassïa, type d’une gentillesse sans égal, mécano dans le garage kazakh que nous avions découvert lors de l’aller. On les a tous retrouvés au retour, c‘était sur notre route, point idéal pour une soirée d’étape. Lui ne nous a pas lâchés. Si fier de nous montrer sa Lada rouge de 1971, de nous présenter sa femme, son fils, si heureux de nous conseiller sur la suite de notre itinéraire, si fanfaron à nous répéter les quelques mots de français appris jadis à l’école. Si drôle enfin quand, à notre départ, il a offert à Seb un pendentif parfumé tout juste acheté à mettre dans le Land. Côté face, une jolie brune en décolté, côté pile, elle se retrouve tous seins dehors. Pas du meilleur goût mais de la meilleure intention.
Il y eut Vassilia qui a nous arrêté sur une petite route de campagne pour nous acheter tout simplement le Land car cette bagnole lui rappelait un véhicule de son grand-père. Soudeur à la mine, on doute qu’il avait l’argent pour mais il a tenté. Il voulait même nous payer les billets d’avion pour revenir en France. Un sourire éclatant de malice, de jovialité. Un bonhomme quoi ! Quand Seb a lui a donné une paire de gants de soudeur, il a filé dans sa voiture pour chercher lui aussi un cadeau. On l’a vu mettre tout sans dessous-dessus. Il est revenu avec un tournevis et un paquet de cigarettes. Tout simplement mais si fièrement.
Il y eut Sergueï qui, dans un petit village des bords de la Mer Noire, nous a invités chez lui. Tout a été déballé sur la table. Il fallait que l’on mange tout en répondant à ces multiples interrogations sur notre bien étonnante expédition dans son pays.
Il y eut cette tenancière de café qui, pour tout bonnement nous remercier de nous être arrêtés dans sa gargotte, nous a offert une bouteille de vodka !
Il y eut ces rares policiers ravis de nous rencontrer dans leur morne quotidien et enclins à bavarder (j’insiste sur « rares » car avec beaucoup, il y a encore eu bien des démêlés de paperasses et tout le toutim. On s’est une nouvelle fois retrouvés au poste avec des types qui se la jouaient à fond dont deux qui nous ont même barré la route, style starsky et hutch mais en moins fun ! !)
Il y eut ce type étrange dans une cafet’ de station service qui nous a conviés à partager sa vodka et qui, à un moment, en se resserant le pantalon, m’a montré volontairement ou pas, son flingue accroché à la ceinture.
Et puis, il y eu tous ces hommes et femmes sympas qui, profitant d’une demande de direction, nous ont tenu la jambe, en russe évidemment. Forcément, on n’a pas tout saisi mais souvent l’essentiel. Et ce peu de mots en commun, ces quelques regards, ces sourires francs ou timides, suffisent à exprimer beaucoup, beaucoup de choses.
Alors oui, rien que pour les rencontrer eux comme tant d’autres, je dirais à quiconque qui me dirait être attiré par la Russie d’y FILER, sans perdre une seconde.
(1) : ce pays offre des paysages sublimes. Exemple, on est allé dans la république Touva, non loin du Baïkal. Là nous y attendait un décor grandiose de vallées, de forêts, de rivières... Des kilomètres sans ne voir âme qui vive, ouah ! En plus, nous avons eu de la neige à cette période donc c’était encore plus saisissant. L’itinéraire au Sud était judicieux car il nous a montré, géographiquement, une autre Russie. Pareil pour les abords de la Mer Noire, c’était plutôt très chouette. Maintenant, je sens à quel point il nous faudrait encore découvrir d’autres régions, d’autres cultures de cet immense territoire. J’ose rêver de cette terre de feu et de glace qu’est la presqu’île du Kamtchatka, dans la mer de Bering. Et aussi de Iakoutsk et du grand nord sibérien. Enfin quoi, il faut toujours avoir des rêves, non ? Déjà, dès janvier, on va aller se coller au grand froid mongol. Et là on verra si on rêve toujours autant avec du - 40° sur le bout du nez ! Sûr que l’on fera moins les marioles comme dirait l’autre... C’est sûr mais qu’est-ce qu’on crève d’envie d’y aller...
Bienvenue sur mon blog qui dura du 25 mars 2005 au 30 mai 2015, dix ans de ma vie en Lettonie. Pour tout comprendre, reprendre ci-dessous les archives depuis le début : https://jeanlv.typepad.fr/mon_weblog/2005/03/index.html
« Un jour, j'avais les pieds nus et aucun moyen d'obtenir des chaussures. J'allais trouver le chef de Kufah, dans un état de grande misère. Et là, je vis un homme qui n'avait pas de pieds. Je me tournais vers Dieu pour lui rendre grâce, repartis, et supportais désormais mes pieds nus avec patience.»
Golistan de Saadi (poète persan du XIIIe siècle)
Relevé sur le site asin du Gers "Anebeauté": "Quand on a un PDG (Paysan du Gers) dans ses relations, il faut le faire savoir. Jean a laissé ses poules gasconnes des coteaux de Sabaillan pour le village d'enfants de Graši en Lettonie. Jour après jour, il relate avec gourmandise (souvent intellectuelle, parce que la bouffe lettone...) les grandes heures et les petites minutes de cette belle aventure. Des relations internationales à hauteur des gens, avec des vraies relations et des vrais gens, comme disent nos hommes politiques.
Et la plume/clavier de notre gascon s'envole quand le sujet ou l'actualité s'y prêtent (j'ai dit "hommes politiques", moi ?)."